NOTES sur NOTES sur VAUVILLE LA HAUTE
-Vauvilla
1 – Bibliographie.
2 – Pièces Justificatives.
3 – Archives ShL.
1 – Bibliographie:
CAUMONT Arcisse de : Statistique monumentale du Calvados réédition Floch, tome IV, page 53.
Editions FLOHIC : Le Patrimoine des communes du Calvados page 1314.
PANNIER Arthème : voir Archives SHL, NE12, 2e carton.
Congrès archéologique 1848 p.36 et 39 Ste Historique 123 Formeville I D’Hozier 355 (voir Pont l’Evêque)
STATISTIQUE MONUMENTALE DU CALVADOS PAR ARCISSE DE CAUMONT
Vauville, Vauvilla, Vallis villa.
Vauville n’a pas toujours été ce qu’on la voit aujourd’hui: pauvre commune de 250 habitants. Elle en comptait autrefois
500, et ses marchés, abondamment fournis de grains et de bestiaux, attiraient les chalands des communes voisines. En plusieurs endroits de son territoire, il suffit de creuser la terre pour reconnaître que de gras pâturages se sont formés là où se voyaient, dans un autre temps, de nombreuses habitations.
En perdant sa population, la riche commune a aussi perdu sa splendeur : son église délabrée ne voit célébrer l’office divin qu’à de rares intervalles; les lichens verdissent ses murailles
et les oiseaux de nuit font leur nid sur ses autels abandonnés.
Les modillons de la corniche qui règne au pourtour, l’appareil en arête que l’on retrouve dans ses murailles, peuvent en faire remonter la date vers le XIIe. siècle; mais le style grossier de sa construction et les transformations mal entendues qu’elle a subies en font un édifice peu intéressant. Son clocher, cependant, ne manque pas d’une certaine originalité : une masse rectangulaire de maçonnerie en pierre est couronnée à sa partie supérieure, par des consoles qui supportent des poutres formant encorbellement sur le pourtour et servant de base à une sorte de pyramide couverte en bardeau.
A l’intérieur, dans l’épaisseur de la muraille du choeur, du côté de l’évangile et immédiatement au bas des degrés du sanctuaire,
s’apercevait à peine un arc en tiers-point dont la baie, remplie de mortier et de blocage, fut débouchée, en 1840, par M. de Glanville, membre distingué de la Société française d’archéologie : il y trouva quelques peintures murales qui eussent offert un véritable intérêt si la conservation en eût été plus parfaite. Sur le fond, était représentée la Mère de Dieu, tenant son Fils dans ses bras, et sur l’intrados de la voussure, des saints et des apôtres nimbés ; quelques parties laissaient voir des traces de dorures. La forme de l’arcade et ses nervures profondément fouillées paraissaient annoncer la fin du XIIIe. siècle ou le commencement du XIVe. L’Autorité municipale d’alors crut devoir reboucher cet arc ogival.
Un fragment de pierre tombale, présentant un personnage armé de toutes pièces et la visière de son casque levée, forme la marche supérieure du sanctuaire. Le chevalier est vu de profil, disposition peu ordinaire. Aucune inscription, aucun écusson n’accompagnent ce personnage mystérieux, dont le souvenir est perdu. Seulement, sur un fragment de verrière
peinte, on retrouve l’écusson du sire de Grente, ancien seigneur d’une partie du pays d’alentour. Peut-être est-ce lui ou quelqu’un des siens qui fut inhumé dans cette église ?
On voit encore à l’intérieur, comme à l’extérieur, un écusson peint sur les murs avec la litre seigneuriale; il porte : d’azur à trois aigles d’argent les vols étendus, posés 2 et 1, au chef d’or chargé de 3 molettes de sable. Ce sont les armes des Boistard de Prémagny, derniers seigneurs de Glanville, Vauville et Beuzeval.
Au XIVe. siècle, le duc de Normandie nommait à la cure de Vauville; au XVIe. siècle, le patronage appartenait au seigneur de Cléry; il passa, dans la suite au Chapitre de cette ville.
Château.
— Le château de Vauville, appelé aussi château du Quesnay, a perdu en grande partie son ancien caractère.
Ses pont-levis ont disparu ; ses douves ont été comblées ; les meneaux en pierre de ses fenêtres ont été supprimas, ainsi que les frontons et les volutes qui décoraient celles de l’étage supérieur. Cependant les pavillons dont il est flanqué, ses toits pointus, la teinte grise de ses pierres, lui laissent encore un reste d’aspect féodal. A l’intérieur, on voit aux plafonds quelques poutres peintes, ornées de rinceaux et d’arabesques, qui accusent la seconde moitié du XVIe. siècle. C’est la date que l’on peut assigner au château.
A quelques pas plus loin s’élève une petite chapelle construite en bois et en briques vernissées. On lit encore l’inscription suivante sur un fragment des vitraux :
NOBLE HOMME GUILLAUME DE GRENTE CHEVALIER SEIGNEUR DU QUESNAY,
DU MESNIL, BRUCOURT, PERIEZ ET NOBLE DAME FRANSOISE DE VIPAR SON
ÉPOUSE ONT FAIT ÉDIFFIER, CESTE CHAPELLE, LAQUELLE FUT BENITIE Par
MONSEIGNEUR L’ÉVESQUE D’AVRANCHES EN 1605.
A côté sont placés les écussons du noble sire de Grente et celui de son épouse.
De Grente portait: d’argent et la fasce d’azur et une croix encrée de gueules brochant sur le tout ;
De Vipart : d’argent au lion de sable armé et lampassé de gueules.
M. Boistard de Prémagny de Glanville, membre de t’Institut des provinces, aujourd’hui propriétaire du château et de la chapelle, se propose de restituer à l’un et à l’autre l’aspect qu’ils avaient autrefois. Notre savant ami, homme de beaucoup de goût, a fait dessiner un beau parc autour de cette habitation seigneuriale.
2 – Pièces Justificatives:
Labbey de La Roque, Pierre Élie Marie
Recherche faite en 1540, par les élus de Lisieux des nobles de leur élection…
VAUVILLE.
225. Richard du Pont-Audemer, Sr. de Blonville, a dit descendre de Jean du Pont-Audemer, vivant noblement , l’an 1 400, lequel épousa damoiselle Robine Mauduit , dame du fief d’Esguillon, assis au dit lieu de Blonville, joûte un acte ou mandement du 3 décembre 1515, faisant de ce mention, desquels il a dit fournir sa descente jusqu’au 5e. dégré par lui représenté , suivant les lettres et écritures par lui produites, dont la copie est demeurée au greffe. Les dites lettres veues par le procureur du Roi, il a requis qu’il vérifie être fils légitime de Guillaume du Pont-Audemer, qu’il a dit être son pere , ou qu’il soit assis.
Robinet du Pont-Audemer, dénommé comme noble, a dit être noble bâtard de la dite maison de Blonville, dont il est serviteur, et que, à present, il ne se sert d’aucun privilége. Girot de Grussey, pour justification de sa noblesse , a produit les lettres de février 1502, par lesquelles Jean, son pere, fils naturel de Mre. Pierre de Grussey, cher., Sgr. de Champeaux, avoit été légitimé tant par le Pape que par le Roi Louis. Mais comme par les dites lettres de légitimation, il n’étoit permis au dit Jean jouir du titre et privilège de noblesse, le procureur du Roi a requis le dit Girot de Grussey être assis. Guillaume de Reauval a dit être issu de noblesse ancienne, et, pour le justifier, a produit un arrêt de la cour de nos sieurs les généraux, donné à son entente , en l’an 1519, dont la copie est demeurée au – —
Annuaire des cinq départements de la Normandie- publié par l’Association normande. 1887.
Fief dU QUESNEY-VAUVILLEet sur ses anciens Seigneurs – L. Boistard De Glanville.
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Annuaire des cinq départements de la Normandie- publié par l’Association normande. 1887.
Fief du QUESNEY-VAUVILLE et sur ses anciens Seigneurs – L. Boistard De Glanville.
C’est à tort, croyons-nous, que sur les cartes modernes on donne à la commune de Vauville la désignation de Vauville-La-Haute, qui ne peut lui convenir à aucun point de vue. L’étymologie de son nom, que l’on pourrait faire dériver de vallis villa, la position peu élevée de son église, située près d’un ruisseau, au pied d’une colline, ne peuvent l’autoriser et, de plus, nous ne l’avons trouvée employée dans aucun des titres que nous avons consultés.
L’erreur provient sans doute de ce que, tout à côté de l’église paroissiale, se trouve le siège d’un ancien fief connu sous le nom de la Haulle, qui, lui-même, en vieux langage, veut dire : dépression de terrain, port de mer ou de rivière (Dictionnaire de la Langue romane. A moins que l’on ne préfère la signification, attribuée à ce mot, dans le Glossaire français de Ducange, par L. Favre, qui le traduit par halle, marché couvert; ce qui indiquerait qu’un marché se tenait autrefois aux abords de l’église.)Plus tard on écrivit la Haute, et dès- lors il devint facile, pour les copistes peu soigneux, de faire de ce mot la Haute. La paroisse de Vauville possédait autrefois plusieurs fiefs plus ou moins importants, c’étaient : La Haulle-Mallet, ainsi désignée du nom d’un sieur Mallet qui autrefois en avait été propriétaire. Cette terre, mouvante de la baronnie de Roncheville, releva plus tard des fiefs de St-Cloud, séparés depuis ce temps de la baronnie de Roncheville. Le premier acte, qui nous est signalé par un inventaire, ou il soit question du fief de la Haulle, est une charte sans date, par laquelle le roi (?) remet à Colin Le Pelletier et à Jacqueline de Mausigny, sa fiancée, les terres qui leur appartenaient au duché de Normandie, comme ayant toujours été fidèles à sa Majesté. En 4453, Richard Le Pelletier possédait la franche vavassorie à Lépec, ainsi appelée d’un certain Richard Lépec, qui l’avait occupée anciennement. Cette vavassorie dépendait du fief de la Haulle, assis en la paroisse de Vauville. Plus tard, en 4476, nous trouvons ce même Richard Le Pelletier avec le titre de seigneur du fief de la Haulle. Mais, en 1546, une transaction fut faite entre les cohéritiers, au sujet du fief, terre et seigneurie de la Haulle, appelée le fief Mallet, et de la franche vavassorie à Lépec. A cette époque, c’est damoiselle Jeanne Lepeltier qui est dite dame de la Haulle ; et en 1550 nous trouvons un aveu de Jacques Le Cordier, à Jean d’Héronval, sieur de Crèvecoeur, représentant le droit de la demoiselle Jeanne Le Pellier.
Enfin en 1557, Jacques Faucon ou Faulcon, chevalier, sieur de Glatigny et de la Haulle, au lieu de damoiselle Jeanne Le Pellier, veuve de Jean Guyon de Grasse, est appelé au rôle du ban et arrière ban, pour le fief Mallel et sa vavassorie à Lépec, nommée depuis au Pelletier, assise en la paroisse de Vauville (On voyait autrefois dans la chapelle du château de Glatigny, réduite aujourd’hui à l’usage de laiterie, l’écusson des Faucon : d’azur à la tête d’éléphant d’argent, ou soleil d’or en franc quartier, allié à celui de Jeanne Le Pelletier : d’azur à la fasce d’argent, thargèe d’un croulant de gueules, accompagné de trois étoiles, deux en chef et une en pointe.)
Il y avait aussi la fiefferme de La Londe, terre importante, aujourd’hui divisée en plusieurs héritages. Le sieur d’Héronval, écuyer, est dit seigneur de la fiefferme de La Londe dans un acte de 1577. Il était neveu de monsieur Thouroude, seigneur d’Aptot.
Les Aulnées, terre non seigneuriale, appartenait en 1554 à honnête homme Michel Faucon, parent de noble homme Jacques Faulcon, seigneur de Glatigny, grainetier au grenier à sel de Caen, puis receveur des tailles, anobli en 1551.
Le fief aux lîsnois, contenant 18 acres; le fief Saffrey, contenant quatre acres ; le fief Hareng, composé de trois acres seulement et tenu par monsieur de La Faye ( de La Foy T), sieur des Aulnées en 1676.
Les Bureaux, vavassorie à basse justice, consistant en douze acres de terre du domaine non fieffé.
Enfin Le Foyer ou Fouyer, dont nous aurons occasion de parler plus tard.
Nous avons cru devoir entrer dans ces détails pour préparer le lecteur aux événements qui vont suivre.
Mais de tous les fiefs de la paroisse, le plus important, sans contredit, était celui du Quesney-Vauville ; c’est le seul dont nous aurons à nous occuper ici.
Cette abondance de manoirs devait produire entre les propriétaires une sorte de rivalité qui amena différents procès, dont les dossiers nous ont fourni la plupart des documents réunis dans cette notice (Nous avons aussi trouvé d’utiles renseignements aux archives nationales et dans les précieuses notes que MM. le vicomte Louis de Neuville et Henri Le Court, notaire a Deauvilie, infatigables travailleurs, ont bien voulu nous communiquer.)
Lorsque, par suite de la conquête de Guillaume, la Normandie fut annexée à l’Angleterre, un assez grand nombre de familles anglaises vinrent s’y établir et reçurent des concessions de terrains à titre de fieffé, c’est-à-dire moyennant une rente payable au trésor royal, et dont la validité était confirmée, à certaines époques, par des aveux. Telle fut l’origine des fiefs aux XIe et XII° siècles.
Le fief du Quesney-Vauville était un fief noble, tenu du roi par un huitième de haubert, à titre de fiefferme, et connu anciennement sous le nom de Quesney-Espec, à cause de la famille anglaise Espec qui le possédait au XII° siècle.
L’un de ses membres, Gautier Espec, se couvrit de gloire à la bataille de Northallerton, gagnée, en 1138, par un faible corps d’anglo-normands, sur une nombreuse armée écossaise. Gautier Espec, chargé de porter la bannière, prit la plus grande part dans cette victoire qui fut nommée la bataille de l’Etendard (Note de monsieur le vicomte de Neuville).
Mais lorsque plus tard, dans le commencement du XIIIe siècle, vers 1204, Philippe Auguste eut reconquis la Normandie, le fief du Quesney fut confisqué sur Guillaume Espec, pour cause de félonie, et réuni à la couronne, jusqu’au moment où Philippe le. Hardi, par une charte dont nous avons retrouvé la copie dans les archives du château, le concéda, en 1282, à Guillaume Harenc et Hugues Heudier, à titre de fieffé perpétuelle, et parla somme de soixante-dix livres tournois de rente, payable par chacun an à la fête de Saint-Michel. Pour assurer le paiement de cette somme, Guillaume engageait plus particulièrement trois acres de terre qu’il tenait du roi et qui étaient situées entre le manoir de Vauville et la bruyère du Quesney: très aéras terre scitas interdomitum de Vauvilla et brueriamâe Queneslo. Hugues,
lui, prenait l’obligation de payer cinquante sols de rente à prendre sur tout son héritage situé en la paroisse de Glanville ( P. Jus, n° 1).
Le fief se composait alors, suivant la charte, de cent dix-sept acres et soixante-une perches de terre, quatre acres de bois, exempt de tiers et danger, c’est-à-dire du droit qu’avait le roi de prélever un tiers sur les ventes de bois, faites par les vassaux ; cinq acres de pré, un moulin avec la mouture seiche, huit livres six sols et dix deniers de revenu annuel et différentes rentes en deniers, dîmes, oeufs, grains, oiseaux, avec les services qui pouvaient y être attachés, ainsi que les prières publiques, honneurs, pieds et droits accordés à simple
justice, comme droit de patronage, se réservant seulement pour lui le droit de nommer à la cure, droit que plus tard le roi Louis XI concéda à la maison de Cléry.
Nous ne pouvons savoir combien de temps Guillaume Harenc et Hugues Heudier restèrent propriétaires du fief du Quesney, ni à quelle époque cette terre passa aux mains de la famille de Grente. Nous voyons figurer le nom de ces nouveaux possesseurs seulement en 1384, dans une instruction adressée par Blanche, duchesse d’Orléans, et fille de Charles VI, roi de France, à son receveur au baillage de Caen, en la vicomte d’Auge, pour l’autoriser à admettre la réclamation d’un certain Jehan Grente, qui lui avait adressé une requête pour demander à ne plus payer la rente de soixante-dix livres, à laquelle il était tenu, à cause de son fief du Quesney, et que cette somme fût réduite à quarante livres par an, faveur qui lui avait déjà été accordée antérieurement, pour un certain temps, finissant à St-Michel 1383; attendu, suivant les expressions de la duchesse, que icelle fieu- ferme fust encore decheue et tournée en mendre valleur que elle n’estait pour le temps de notre dicte grâce (P. J. II.).
Par suite d’échange avec la couronne, le domaine d’Auge était devenu l’apanage de la famille d’Orléans.
Ce fut donc à elle que Jean Grente dut s’adresser pour obtenir sa demande. Dans sa réponse, la duchesse Blanche consent à cette remise encore pour trois ans, d’où nous pouvons conclure que la première concession avait été accordée également pour la même période de trois années, ce qui reporterait l’entrée en possession de Jean de Grente au moins en 1380.
La décadence de l’agriculture commença vers le milieu du XIV° siècle ; elle s’annonça par le relachement général des moeurs, par la révolution dans l’ordre civil, parle schisme dans l’ordre religieux. La peste, en 1349, et la guerre entraînèrent nécessairement la dépopulation des campagnes et l’avilissement de la terre. A l’aspect des gens de guerre, les habitants épouvantés prenaient la fuite. Quand vinrent les Anglais, le mal ne fit que s’accroître. Les aveux rendus au roi à cette époque montrent la société sous un jour lugubre. Il n’y est question que de châteaux détruits, de moulins en ruines, de terres en non valeur; tout, dans ces temps malheureux, constate un état de prospérité matérielle brusquement interrompu
et dont on ne devait voir le retour que vers le règne de Louis XII (Charles de Beaurepaire, Etat des campagnes dans ta Haute-Normandie, pag. 294.).
Pour affirmer l’exactitude de ce tableau sombre, mais plein de vérité, dans le pays qui nous occupe, il nous suffira de donner quelques extraits d’une pièce intéressante des archives nationales. Elle est datée de 1403 et commence ainsi : Supplie humblement Jehan Grente,
demeurant en ladite sieurie en la vicomte d’Auge, comme il tient une fieufferme ditte le Quesney qui fut de Jehan et Guillaume de Espeq à la charge de LXX liv. de rente par an et pour ce que par le fait des guerres et mortalités qui auront esté sur le pais ladicte fieufferme est moult diminuée et tenue en très petite valcileur, mon dict sieur le duc et madame la duchesse que de la ditte rente de LXX liv. il fust tenu quitte et paisible pour leur faire et paier pour ce XXX liv. seulement, et sur telle condition que dedans icellui terme il sera tenu rediffîer et mettre en estai deu et convenable le moulin de la Planque appartenant à la dicte fieufferme, etc. (Archives nationales, p. 190922 n 18933.).
En terminant sa supplique, Jean Grente demandait qu’une enquête fût ordonnée pour faire reconnaître la justice de sa réclamation. Cette enquête nous a paru révéler des faits assez curieux pour être analysés ici.
Six témoins furent entendus et tous répondirent, à peu près dans les mêmes termes, aux questions qui leur furent posées :
Pierre Le Tellier deppose que en la dicte fieufferme a grans domaines a une porcion de mort bois comme trembles, aunes, petit bois à l’usage de ardre qui de présent sont de très petitte valleur, ce qui le meut à ce dire ce que en pais à grant foison de terres et de bois et le peuple si appetie (diminué) pour les guerres et mortalités qui y ont esté en temps passe que il ny a que peu de gens qui des dis domaines vieulle nuls prendre et encore est-ce pour bestes herbagier dont l’on ne paie pour une beste lan que trois sonls, requis combien les dis domaines et bois peuvent bien valler dit que il lui semble que ils seraient baillies chascun an l’acre à deux soûls et que on ne trouverait que peu de gens qui a tel prix les voulsist prendre ; requis combien toute la dicte fieufferme vault pour le temps de présent dit que de certain parler nen saucerait mes il a oy tenir es gens du pais que elle peut bien valler de vint cinq à trente livres paran et ainsi le tient; requis en quelle valleur elle revient, dit que il y a trois acres oy elles sont de si petitte valleur, dit pour ce que ils sont assis près de la mer et que le flo y vient moult souvent (Dans un aveu rendu par le marquis de Noailles en 1676, il n’est
plus question de ces terres situées sur le bord delà mer et qui devaient être sur la paroisse de Bénerville, mais à la suite il est dit : Le domaine fieffé dudit fief du Quesney contient cent vingt-quatre acres de terre ou environ la teneure duquel en tant que ce qu’il y en a de
situé en la paroisse de Bénerville a esté aliéné en faveur de monsieur Louis de Madaillan, chevallier, marquis de Montataire, pour estre réuni au fief de Bénerville Montcanisy par contrat passé devant Dauge et Postel, tabellions royaux à Pont-l’Evêque, le dix novembre 1666. (Archives nationales, R 1166, fol. A6).
les domaines et bois de quoi mencion est devant faicte quatre livres, un moulin a eau huit
livres par dessus ce qu’il cousterait à devenir comprins en ce les seques moultes de deux ou trois resséants qui sont en la dicte fieufferme vaniers du dit moulin, etc.
Nous ne connaissons pas le résultat de l’enquête, mais on peut supposer qu’en présence de l’unanimité des dépositions la demande fut accordée.
Nous trouvons encore des détails intéressants, mais d’une autre nature, sur le fief de Vauville, dans une pièce extraite des aveux de la baronnie de Roncheville, rendus
au roi par Guy, sire de La Roche Guion et de Roncheville, en 1411, étant en la page 128 des registres de la chambre des comptes de Paris.
Rem Jehan Grente lient demy fief apelle le fief du Quesney-Epec qui est de forfaitures anciennes et doit par chacun an trente sols pour laides d’avril et pour la trencb.ee et viconte quinze sols en aoust et fait aides de reliefs les aydes coulumiers et est tenu de
faire et tenir en estât sa portion de trois perques de la cauchee de Roncheville et sa portion d’une perque du mosage et autant du bérichon de Fauguernon et s’extend es parroisses de Vauville Glanville et de Fauguernon.
On voit par ce qui précède que les seigneurs de Vauville étaient tenus à certaines redevances envers leur suzerain, en plus de la rente qui leur avait été imposée par le roi pour la constitution du fief. Cette réparation de la chaussée de Roncheville et l’entretien du hérisson du moulin de Fauguernon sont des obligations purement locales. On voit aussi que le fief s’étendait sur la paroisse de Fauguernon, près de Lisieux, ce que nous n’avons
trouvé nulle part ailleurs.
La suite des pièces de nos archives nous transporte maintenant en l’année 1549. Jean Grente n’existe plus c’est Robert sieur de Villerville qui lui a succédé, comme seigneur de Vauville, et la situation agricole paraît être plus favorable, puisque le nouveau propriétaire du
fief reconnaît dans un aveu devoir la somme entière de soixante dix livres de rente. Cependant la crise sociale a exercé ses ravages à Vauville comme partout ailleurs et laissé des traces visibles de son passage. Le domaine non fieffé contenant trente acres ou environ sur quoy soulloit avoir anciennement ung manoir deslong temps desmoly est de présent en buissons et herbages.
C’est sans doute à cette époque, où le château n’existait plus, que l’on vit les Grente quitter Vauville pour habiter St-Pierre-Azif.
Jusqu’ici Jean et Robert Grente avaient pu jouir librement des honneurs et privilèges attachés à leur fief de Vauville, ainsi que l’avaient toujours fait, depuis 1282, ceux qu’ils représentaient, lorsque, le 15 août 1569, Jacques leur successeur fut troublé par un sieur d’Héronval, seigneur de la Londe, lequel s’apercevant que le sieur de Grente fréquentait peu l’église de Vauville à cause de son éloignement, tandis qu’il était très rapproché de celle de Glanville, dont il suivait régulièrement les offices, entreprit d’usurper les droits honorifiques
qui appartenaient légalement au seigneur seul (Les droits honoriques en Normandie étaient: les recommandations nominales aux prières publiques, la présidence dans les assemblées
de fabrique, la préséance dans les bancs et les processions, l’offrande,
l’encens, la sépulture dans le choeur, les litres et les ceintures
funèbres autour des églises. L’église ayant été dans le principe bâtie sur le fonds du seigneur, celui-ci, par reconnaissance, jouissait du privilège exclusif d’un banc particulier dans l’église au côté droit du choeur (côté de l’Évangile), de le faire fermer et d’y mettre des accoudoirs pour le distinguer des autres.
Il imagina de faire placer an banc dans le choeur de l’église et, à l’une des fenêtres, une verrière, sur laquelle étaient peintes ses armoiries, avec quelques autres actes aussi préjudiciables aux libertés et dignités appartenant au vrai patron, et, pour mieux réussir dans son dessein, il s’associa deux autres habitants du pays, le sieur Faucon, seigneur de Glatigny, et le sieur du Foyer, cohéritiers de la terre et seigueurie de la Haulle-Mallet.
Jacques Grente ayant adressé en cette circonstance une supplique à Henri III pour être autorisé à défendre ses droits, le roi lui répondit par une charte dont la conclusion se terminait ainsi : Pourquoi ce considéré mandons et commandons par ces présentes que le dict suppliant soit admis à soutenir par tous les moyens en son pouvoir les droits et dignités qui lui appartiennent dans l’église de Vauville.
L’affaire fut portée devant les tribunaux compétents et disputée avec opiniâtreté. Jacques Grente produisit toutes les chartes et autres pièces qui prouvaient la dénomination et les qualités de son fief. Elles sont référées dans une sentence du 15juillet 1577, qui confirme tous les droits attachés au fief du Quesney et maintient son propriétaire dans la possession desdits droits.
Dans le même temps, les sieurs du Foyer et Jean Faucon intervenaient dans la cause et revendiquaient pour eux-mêmes les mêmes droits ; deux sentences, prononcées en faveur du sieur Grente et deux arrêts qui les confirmèrent leur imposèrent silence. Enfin, en 1580, la cour, par un arrêt contradictoire, se prononça d’une manière claire et définitive sur tous les points en contestation. Jacques Grente y est qualifié de sieur du Quesney, autrement Vauville, et l’arrêt porte que ce faisant le dict Grente demeurera et est maintenu en la possession du droict de préséance et dignité qu’il a en l’église de Vauville, à cause de son dict fief, comme estant le bénéfice d’icelle paroisse, dépendant d’iceluy fief, ayant à ce moyen mis le banc par luy faicl construire en la dicte église ou ses prédécesseurs, seigneurs du dict lieu, avaient accoustumé prendre place pour assister et ouir le service divin,
demeurera ainsi qu’il est et le dit d’Héronval condamné aux dépens.
Cet arrêt décidait bien clairement que la seigneurie, le patronage et les droits honorifiques de la paroisse de Vauville étaient inséparablement attachés au fief du Quesney-Vauville. Aussi les Grente purent en jouir paisiblement pendant quelque temps.
Sur ces entrefaites, Jacques Grente était mort, sans doute, et le château du Quesney Vauville avait été reconstruit.
Nous voyons, en effet, que, par contrat passé devant Thomas Héroult et Mathieu Guilmette, tabellions royaux en la vicomte d’Auge, le 7 août 1587, noble homme Jehan Filleul, sieur de la Hellinière (Haylignière), demeurant à Bonnebos,et damoiselle Jehanne fiioult, sa femme, héritière de défunt Jean Bioult, son frère, de son vivant écuyer, sieur de Valdore et de la
sieurie de Grangues, et damoiselle Isabeau de Mézières, veuve du défunt Jean Rioult, écuyer, et mère de ladite Jeanne Rioult, avaient vendu à noble homme Guillaume Grente,
sieur du Quesney-Espec, demeurant au manoir du dit lieu, le fief, terre et sieurie de Grangues, assis à Glanville, St-Étienne-la-Thillaye et aux environs, par le prix de cent trente-trois écus et vingt sols tournois.
L’acte fut fait et passé, après midi, au manoir sieural du Quesney, paroisse de Vanville, le 18 novembre 1588.
L’acceptation et la ratification par les dames Jeanne Rioult et Isabeau de Mézières, ainsi que le paiement de la somme convenue eurent lieu au manoir de Valdore, paroisse de Bonnebos, le vingtième jour de novembre de la même année.
Cette pièce offre un intérêt tout particulier puisqu’elle indique approximativement l’époque où fut rebâti le château de Vauville. Nous avons vu, en effet, dans l’aveu rendu par Robert Grente, en 1349, qu’à celte époque ce château était depuis longtemps démoli, tandis que,
dans l’acte d’acquisition du fief de Grangues, il est dit que Guillaume Grente demeurait au manoir du Quesney.
C’est donc entre les années 1549 et 1587 que Guillaume Grente dut le faire construire.
Son père était mort ou bien occupait encore à St-Pierre-Azif un fief, dont l’aveu qu’il avait rendu en 1477 nous fait connaître l’importance et la situation : Jacques Grente, escuyer, sieur de St-Pierre-Agis, reconnaît tenir noblement de son altesse royale Mademoiselle,
en la baronnie de Roncheville, c’est assavoir un fief de Haulbert appelé le fief de St-Pierre-
Azis, qui se relève de plain relief par quinze livres, dont le chef est assis en la paroisse du dit lieu de St-Pierre-Azis et s’eitend es paroisses de Branville, Heuland, Vauville et aux environs dans la vicomté d’Auge.
Le domaine non fieffé contenait cent huit acres et demie de terre ou environ en huit pièces, situées dans la paroisse dudit lieu de St-Pierre-Azis.
La première en cour, plant et jardins dessus la quelle le manoir seigneurial, le colombier et les maisons de ménage sont basties, contenant cinq acres, bornées d’un costé l’herbage du Cofinage, d’un bout la pièce de la Manguernie et d’autre bout le pray du bieu (bief) (il avait la un moulin dont les trace subsistent encore aujourd’hui).
La Manguernie était bornée d’un côté par le chemin tendant au bois de Longuelinne, de l’autre par le chemin tendant dudit manoir à l’héritage de Pierre Jourdain, d’un bout parla cour du manoir et d’autre bout par la brière des ettalans. Ce qui indiquerait que, suivant
la tradition, St-Pierre-Azif avait eu autrefois un marché où l’on étalait (Archives nationales: R 1166, fol. 56).
Jacques Grente, sieur de St-Pierre-Azif, portait fascé d’argent et d’azur à une croix ancrée de gueules, à l’étoile d’or brochant sur le tout (D’autres blasonnent ses armes ainsi : D’argent à tafatet d’azur à une croix ancrée de gueules brochant sur le tout. Demagny, Nobiliaire
de Normandie.).
C’est ainsi que l’on voyait ses armes peintes à l’église de Vauville et qu’on les retrouve encore dans l’église de St-Pierre-Azif, à l’une des fenêtres du côté du midi, avec cette inscription sur la verrière : donnée par Grante 1531.
La charte de Philippe-le-Hardi parle d’une pièce de terre appelée la Bruyère du Quesney, brueriam de guenesto.
C’était un terrain vague et de peu de valeur, dépendant du domaine non fieffé des ducs d’Orléans, qui se trouvait enclavé dans la terre du Quesney et attirait à cause de sa position, de nombreux désagréments aux propriétaires du fief. Jacques Grente, qui prétendait en
avoir déjà une partie, adressa une requête pour en obtenir la concession tout entière. Madame de Montpensier venait de mettre en vente toutes les terres vaines et vagues
de son domaine d’Auge et, tout en accordant la propriété du tiers de la dite pièce au fief du Quesney, elle exigea pour le reste deux sols de rente féodale par an et par chaque acre de terre, et en plus huit escus sol de deniers d’entrée. L’affaire ayant traîné en longueur, ce fut Guillaume Grente, fils et héritier de Jacques, qui entra en possession de ladite bruyère, en
1593.( P. Jus, n°VI)
Ces diverses acquisitions successives et la construction du château furent sans doute entreprises en prévision d’une union que méditait Guillaume Grente, avec
une des plus riches héritières de la contrée, la demoiselle de Vippart, fille de Gilles de Vippart, sieur de Silly.
En effet, les archives du château de Vauville nous fournissent l’acte de mariage contracté entre Guillaume Grente, sieur du Quesney-Vanville, Daupmesnil, Brucourt, Brevedent, Grengues et Periez, fils de feu Jacques Grente, en son vivant sieur du Quesney et de
damoiselle Laurette de Luevigne, avec damoiselle Françoise Vippart, fille de haut et puissant seigneur messire Guillaume Vippart, en son vivant chevalier de l’ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, seigneur de Silly, Geriots, Lafontaine-Toulaville, le moulin Troussel
et de la chapelle Ainfray, et de noble dame Françoise de St-Pierre, en son vivant baronne de La Ferté-Fresnel. (VII)
Le contrat fut fait et signé au manoir de Silly le dix-huitième jour de novembre mil cinq cent quatre-vingt seize, en présence d’un grand nombre de parents et d’amis du voisinage.
Ce furent ces nouveaux époux qui firent bâtir la chapelle que l’on voit encore dans le parc de Vauville, et à l’une des verrières de laquelle on lisait, il y a cinquante ans à peine, au-dessous des écussons des Grente et des Vipart réunis : Noble homme, Guillaume de Grente, chevalier seigneur du Quesney, du Mesnil, Periers, Brucourt et noble dame Françoise de Vipart, son espouse, ont faict édifier ceste chapelle, laquelle fut bénite par monseigneur l’évêque d’Avranches, en M.DC.VI.
Cette chapelle, construite en bois et briques vernissées, disposées en remplissage, était pavée en carreaux émaillés et surmontée d’épis en faïence du Pré d’Auge.
Les membres de ces deux familles de Grente et de Vipart étaient nombreux et puissants dans la vicomte d’Auge ; ils s’allièrent plusieurs fois entre eux (Jean Grente, seigneur de Villerville, avait épousé Philippine de Vipart en 1484. Jacques Grente avait épousé une demoiselle du Bouillonney. Etienne Grente, frère de Jacques, épousa une demoiselle
de L’Epée. Robert et Jacques Grente furent successivement seigneurs de St-Pierre-Azif y demeurèrent.
Guillaume Grente avait-il oublié de rendre les aveux dus à son suzerain, ou de payer exactement la rente à Iaquelle il était obligé pour sa terre et seigneurie du Quesney-Vauville? On pourrait le croire en lisant un aveu qu’il délivra, en 1611, à mademoiselle de Montpensier et qui se termine ainsi : A laquelle fin cette déclaration et reconnaissance a été par moy présentée sur les poursuites vers moy faictes parle procureur du roy et de ma ditte damoiselle en la ditte viconté d’Auge, en foy de quoy j’ay signé le présent.
L’an mil six cent onze, le quinzième jour de novembre.
Signé GRENTE, avec paraphe.
La famille de Vipart n’était pas moins illustre. On trouve Jacques Vipart sieur de Beaumont, demeurant à St-Laurent-en-Caux; messire Guillaume Vipart le jeune de Beaumont en 1463; Jean Vipart de Lisieux.
Guillaume Vipart, chevalier, seigneur de Bru court, sergenterie de Dives, avait épousé en 1573 une demoiselle Françoise de Saint-Pierre, fille de Gilles Grente et de Charlotte de Hellenvillers. Jacques Vipart, marquis de Silly, seigneur de Dozulé et de Saint- Léger-du-Bosc. Guillaume Vipart, seigneur du Montcanisy, avait épousé Jacqueline de Giverville en 1640. On trouve encore un Guillaume Vipart demeurant en sa terre de la Viparderie en Auge, en 1649. La fille unique de Gilles de Vipart avait épousé, vers 1650, le baron de Montataire, marquis de Lastay, etc.
En 1653, Guillaume Grente était mort, Gilles, son fils rendit à son tour à Mademoiselle de Montpensier un aveu dans lequel il mentionne tous les droits attachés à sa terre et que nous croyons devoir rapporter ici en entier, d’après une copie authentique, à cause des détails
qu’il renferme.
De très haute et très illustre princesse Mademoiselle Anne-Marie-Louise de Bourbon, fille unique de monseigneur le duc d’Orléans, son père, héritière de
a Mademoiselle Marie de Bourbon, sa mère, souveraine de Dombes Dauphiné et Auvergne, princesse de la Roche-sur-Yon et du Luth, duchesse de Montpensier, de St-Fargeau et de Chatellerault, marquise de Mésière, comtesse de Mortain et de Bries-sur-Seine, vicontesse d’Auge, de Bresse et Roncheville, dame des pays de Beaujolais, Combrailles et Montaigu, ville et baronnies de Thiars, Argenton, Ste.Sévère, Champigny, Honfleur et autres terres, pays et seigneuries, j’ay Gilles Grente, escuier, sieur du Quesney-Vauville et Grengues, confesse et advoue tenir de ma ditte damoiselle en sa ditte viconté et baronnie de Roncheville, par foy, hommage et resséantise la ditte terre et sieurie du Quesney qui est un
demy fief noble de haubert lequel me compete et apartient au droit de la succession de defunct Guillaume Grente, escuier vivant mon père, sieur de la dilte terre du Quesney et autres, contenant la ditte terre et sieurie du Quesney en domaine non fieffé le nombre de sept vingt acres ou environ en circonstances et dépendances en plusieurs pièces tant en court, plant, herbages, terres labourables, prays, pâturages, plusieurs chemins par Mypassants situés aux paroisses de Glanville, Vauville, Benerville, Sainct-Cloud et autres, ayant la susditte terre et sieurie du Quesney court et usage en basse justice et jurisdiction ressortisant aux pieds et jurisdiction du dict Roncheville avec hommes, hommages, reliefs, traiziemes et aides de reliefs, regard de mariage quand ils echent, pieds et gage plaiges,
droiture de manoir, colombier et de moulin a bled, droiture de motes avec le hérisson et par semblables de parc, droiture de campart (Campi pars – Partie du champ ou fruit du champ.). qui est la tierce gerbe de dixme sur la dilte terre et sieurie du Quesney avec plusieurs autres droitures jouste et suivant l’usance noblement tenu et de tout ce qui luy peut competer et apartenir tant en domaine fieffé a que non fieffé, duquel domaine fieffé cy après la déclaration ensuict, etc.
Signé GRENTE, avec paraphe.
Le présent aveu a été présenté, signé, baillé, advoué et affirmé véritable par le dict Gilles Grente, escuier, sieur du Quesney, Vauville et Grengues, présent en personne aux pieds domaniaux de la viconté et baronnie de Roncheville, tenus sur les fiefs au dict lieu sur une pièce de terre appartenant à maître Jean-Jacques Bicherel, apotiquaire, le jeudy cinqiesme jour de juillet mil six cens cinquante-trois.
Malgré cette apparente prospérité et peut-être à cause des dépenses exagérées qu’il avait faites en construisant son château et par des acquisitions successives, Guillaume
de Grente, en mourant, avait laissé une fortune obérée, et son fils Gilles fut le dernier du nom qui put conserver le fief de Vauville. La terre fut saisie sur lui, par décret forcé, en 1666, et achetée par René de Maillé, marquis de Bénehart, originaire de Touraine, au nom et comme porteur de pouvoir de sa femme, Jacqueline-Françoise de Billes
(Celte famille eut pour auteur Sylvestre de Billes, capitaine de vaisseau, demeurant au Havre, anobli par François premier en 1540.
D’une alliance restée inconnue il eut Jacques de Billes, écuyer, sieur du Foyer, demeurant à Tourgeville, marié en 1571 à Charlotte Cliéron. Leur fils Antoine, sieur du Foyer et de l’Eguillon, épousa en 1620 Françoise de Vipart. Il était mort en 1669, laissant une fille unique, Françoise de Billes, da*me du Foyer, mariée en 1657 à Pierre de Home, sieur de Bretteville, et en secondes noces à René de Maillé, marquis de Bénehart (Note de M. Le Court).
fille unique de Antoine de Billes, sieur du Foyer, et de la dame Françoise de Vipart, laquelle Jacqueline de Billes avait épousé en premières noces, 6n 1637, Pierre Raumé ou Rome,
sieur de Bretteville et André, avec lequel elle avait eu un fils, mort sans postérité.
Le marquis de Bénehart se fit représenter à l’adjudication, par un sieur Boistard de Prémagny, avocat à la Cour des Aides de Normandie, demeurant à Pont-l’Evêque, fils et héritier en partie d’un certain Boistard, sieur de la Coulonce, officier dans la maréchaussée de France, à Trun, dont nous aurons bientôt l’occasion de parler plus longuement.
La dame de Bénehart eut recours à des emprunts pour payer son acquisition. Elle reçut notamment une somme de 1,940 livres de Louis de Madaillan, marquis de son château de Lassay en six mois pour y recevoir Mademoiselle de Montpensier, et par acte, du dix novembre 1666, passé a Pont-l’Évêque, devant les notaires Dauge et Postel, lie lui constitua en échange une rente de 140 livres, hypothéquée sur la terre du Quesney.
Par un second acte du onze juillet 1670, la dame de Bénebart hypothéqua de nouveau sa terre en faveur d’un sieur Robert Brière qui lui prêtait une somme de 9,550 livres.
Les rentes constituées par ces emprunts successifs étaient mal servies et, dès l’année 1671, des poursuites sont exercées pour en réclamer le payement. C’est du moins ce qui parait ressortir du passage suivant d’une requête de la dame de Billes pour s’opposer à ce que
la saisie, exercée sur ses biens, s’étendît sur les héritages et maisons qu’elle possédait à Glanville : Es pies de la sieurye du Quesney tenus sur le fief d’icelle en la court du manoir sieural du dict lieu parroisse de Vauville, par nous Nicollas Marais le mercredy septième jour de février l’an mil vie soixante et onze viron deux heures après midy, à la requeste de noble dame Jacqueline Françoise de Billes, veufve de feu messire Pierre de Raumey, vivant seigneur de Breteville, dame de la dicte sieurye du Quesney, Grangues, Vauville, le Fouyer et autres terres et sieuries, comparant par noble dame Françoise de Viparl, veufve du feu sieur du Foyer, sa mère, par procuration requérant de la saisie prinse es fins de réunion de plusieurs héritages et maisons assis en la parroisse de Glanville en vertu du mandement de
justice a cette fin devant obtenir le mercredy huictiesme jour d’octobre dernier passé contenant la permission de faire la saisie prinse par arrêts dessus des dits héritages et maisons, etc.
Cette saisie n’eut pas sans doute de résultat; nous avons, en effet, trouvé aux archives nationales un aveu daté de 1676 et rendu par le marquis de Bénehart, au
nom de noble dame Françoise-Jacqueline de Billes, son épouse, dans lequel il déclare que ladite dame s’était rendue adjudicataire du fief noble terre et seigneurie du Quesney-Espec, assis eu la vicomte d’Auge, le vingtiesme jour de décembre mil six cent soixante six et donne d’intéressants détails sur cette propriété. (P. Jus, n°VIII)
Cependant le marquis et la marquise de Bénehart étant morts peu d’années après, leur fils René-François de Maillé, marquis de Bénehart, recueillit la terre du Quesney dans leur succession et dans celle de son frère utérin, mort avant eux, succession qu’il n’accepta,
toutefois, que sous bénéfice d’inventaire. François de Maillé ne put conserver longtemps sa
terre du Quesney; il la revendit en 1704 a Guillaume-François Boistard de Prémagny, conseiller du roi, en son conseil à Pont-1’Évêque et procureur aux affaires ordinaires de son altesse royale Monseigneur le duc d’Orléans. Il était fils de l’avocat à la Cour des aides de
Normandie, que nous avons vu remplacer les acquéreurs du Quesney à l’adjudication de 1666, et de Jacqueline Roumi, fille et unique héritière de feu Pierre Roumi, tabellion en la vicomte d’Auge, et de dame Françoise Labbey, demeurant en son vivant en la
paroisse de Tourgéville.
Nous ne savons si cette dame Labbey était de la famille d’un Jacques Labbey, sieur du Moutier, qui, au XVIIIe siècle, occupait le fief de Beaumouchel mouvant de la seigneurie de Glatigny, et qui en rendit aveu au marquis de Cany, le 28 août 4755, mais nous avons des raisons pour croire que ce fut elle qui apporta le fief du Val, dans la maison Boistard de Prémagny.
Nous trouvons en effet dans l’acte de partage des biens du sieur François Boistard, sieur de Prémagny, mari de la dame Labbey, qui eut lieu en 1701, après sa mort, que le plus jeune de ses deux fils, celui qui nous occupe en ce moment, prit dans son lot la terre de Tourgéville, y compris, etc.,— à la réserve du fief du Val, lequel appartient de droit au dit sieur aisné, qui a cependant bien voulu le céder au dit sieur Cadet sur le pied du denier vingt du prix du revenu, qui lui sera payé sitôt que l’on en aura connu la valeur.
Or, dans la succession du père Boistard, sieur de la Coulonce, il n’avait été nullement question ni de ce fief du Val, ni de la terre de Tourgéville.
Nous pensons également que ce fut le sieur Boistard de Prémagny qui donna son nom à celte terre de Tourgéville, désignée encore aujourd’hui sous le nom de Lieu Prémagny qu’elle ne portait pas avant lui. ( Le Gef du Val était un fief noble, situé en la paroisse de Tourgéville, et tenu du roi par un quart de haubert, à cause de sa chatellenie de Monlfort. Le manoir démoli, dès le XIV° siècle, était placé anciennement sur le mont Canisy, à la tète du vallon qui s’ouvre sur les marais de Deauville, dans un grand herbage qui se nomme encore
aujourd’hui l’Herbage du Val. Ce fief avait appartenu, de 1370 jusqu’à 1600, à la famille Le Bouteiller, qui possédait le fief de la Bouteillerie à St-Cloud-sur-Touques. Damoiselle Marguerite Le Bouteiller, dame du Val, épousa Robert d’Auge, écuyer, et vivait le 7 mars 1599.
Le fief du Val appartenait encore à la famille d’Auge vers 1650.
La terre de Tourgéville, dite le lieu Prémagny, est située vers l’extrémité de la paroisse du côté de St-Cloud et de St-Etienne-de-la-Thillaye, sur le chemin de la forge du Breuil à l’église de St-Cloud.
( Notes de M. le vicomte Louis de Neuville. )
La vente du Quesney-Vauville fut consentie le cinq mai de l’an 1704. L’acte passé devant maîtres Marchand et Pèlerin, notaires à Paris, porte que haut et puissant seigneur René-François de Maillé, chevalier, seigneur de La Jaille, Ruillé. Le Lauroy et autres lieux, reconnaît avoir vendu à Monsieur Guillaume-François Boistard, sieur de Prémagny, conseiller et procureur du roi et de Son Altesse Royale Monseigneur le duc d’Orléans, demeurant à Pont-1’Évêque en Normandie, le fief noble, terre et seigneurie du Quesney-Espec, sise en la paroisse de Vauville, avec ses circonstances et dépendances, pour autant que ledit seigneur vendeur en possède, consistant en maison seigneuriale dudit Quesney, en clos et bâtiments, deux métairies, l’une affermée à raison de neuf cent vingt-cinq livres et l’autre sur le pied de quatre cent cinquante livres, avec les rentes censives, droitures et droits seigneuriaux, dus audit sieur et les bois de Longueline, dont ledit seigneur vente les meubles, qui peuvent être en la maison seigneuriale, se réservant seulement ledit vendeur, les fermages qui lui sont dus par les fermiers semences et ayrures qu’il leur a fournies, les rentes seigneuriales eschues jusques au jour de Noël dernier, comme Anssy se réserve la saline qui luy appartient à prendre dans les marais de Touques et ailleurs, ladite terre et
choses cy dessus vendues appartenait au dit seigneur vendeur comme héritier, par bénéfice d’inventaire, de deffunte dame Françoise-Jacqueline de Billes, sa mère, an jour de son décès, épouse en secondes noces de messire René de Maillé, chevalier, marquis de Bénehart, et de messire Pierre de Rome, chevalier, seigneur de Bretteville, fils du premier lit de la ditte dame et de messire René de Rome, seigneur de Bretteville, laquelle dame en étoit adjudicataire, entre autres biens, suivant le décret forcé sur messire Gilles de Grente, seigneur du Quesney, au baillage de Pont-l’Evêque. La ditte terre seigneuriale et bois mouvant et relevant de son Altesse Royale Monseigneur le duc d’Orléans, à cause de sa baronnie de Roncheville et chargées envers son domaine, de rentes que le dit sieur acquéreur a dit bien savoir et outre charge de dix livres de rente de la nature quelles
y peuvent estre deues en la fabrique de la paroisse de Vauville, cette vente faite moyennant la somme de trente un mil livres de prix principal revenant francs deniers au dit seigneur vendeur.
Pour la garantie de l’acquéreur du Quesney et pour éviter qu’il ne puisse être inquiété comme détenteur de la ditte terre pour raison do mariage advenant, de damoiselle Victoire de Rome, soeur utérine du seigneur vendeur, si elle venait à se marier, le dit vendeur prend l’engagement de ne pas vendre, ni de mettre hors sa main la terre du Foyer, à lui apparia
tenant, sise en la paroisse de Vauville.
Dans l’acte d’acquisition de la terre de Vauville, on avait oublié de stipuler que le fief de Grengues, sis en la paroisse de Glanville, faisait partie de la vente ; Monsieur de Maillé, par une lettre datée du 26 octobre 1704, reconnut qu’il avait eu l’intention de céder les deux
fiefs ensemble et que Monsieur de Prémagny aurait désormais le droit d’en jouir comme il l’avait fait lui-même.
Sur les 31,000 livres, prix d’acquisition de la terre de Vauville, Monsieur de Prémagny avait payé comptant 10,000 livres seulement. Pour solder le surplus, il s’était chargé de rembourser, à diverses échéances, les sommes empruntées par la dame Françoise de Vipart et par dame Jacqueline do Billes, sa fille, tant aux héritiers de Robert Brière qu’à Louis de Madaillan de Lespare, chevalier, marquis de Montataire, comte de
Saint-Maixant, seigneur de Sainte-Croix, présent à la vente.
Le sieur de Prémagny vint donc à Paris l’année suivante, 1705, pour y rembourser le principal de la rente constituée au profit de feu Robert Brière, sieur de Bretteville, qui avait privilège sur la terre et seigneurie du Quesney-Espec, et qui alors était représenté par la
demoiselle Catherine-Angélique Brière, sa fille, laquelle reconnut par acte passé le 11 mars 1705, devant maîtres Hurel et Boscheron, notaires à Paris, avoir reçu la somme de 9,884livres 16 sols 8 deniers, pour l’amortissement de 477 livres 10 sols de rente, faisant moitié restante des 955 livres constituées, par la dame Françoise de Vipart et Jacqueline de Billes, sa fille, au profit de défunt Robert Brière, sieur de Bretteville, somme que la dite demoiselle partagea avec son frère Robert.
En faisant ce versement de 9,550 livres, Monsieur de Prémagny déclarait que, sur cette
provenaient d’un paiement que lui avait fait messire Armand de Madaillan de Lespare pour des causes portées en la quittance passée devant Boscheron et son collègue, le jour précédent. Ces causes étaient sans doute la vente que fit Monsieur de Prémagny de sa ferme de Tourgéville et du fief du Val, que le marquis de Montataire acheta et réunit à ses propriétés du Mont-Canisy.
(La vérité est que Monsieur de Prémagny, par contrat passé devant Hélie Le Jugeur et Louis Gansel, tabellions pour les sièges et sergenteries de Pont-1’Evêque et Touques, le 12 janvier 1705, vendit, par 14,700 livres, sa terre de Tourgéville et le fief du Val à un certain
Pierre Le Jumel, frère de monsieur Philippe Le Jumel, seigneur d’Ecquemauville, mais le paiement fut fait par messire Armand de Magdaillon et Lespare, marquis de Lessay, comme remplacement pour la terre de Lisore, sise à Saint-Arnould, qu’il venait d’acheter du sieur
Le Jumel. Le contrat de vente porte : Veu le présent remplacement donné audit seigneur marquis de Lassay et par luy volontairement accepté pour les deniers en provenant être employés par ledit sieur Boistard à l’acquit de ce qu’il doit ur la terre du Quesney et en
faire mention dans le contrat.
Il est dit encore dans l’acte de vente: Ledit fief relevant du domaine a foy et hommage seulement et le reste des dits héritages relevé de la dite seigneurie de saint Clou, de la seigneurie de la polterie, de la bouteillerie, de celle de Saint-Arnoult, de celle
d’Estimauville et le jardin Sossier, du prieuré de Beaumont ; franc et quite de rentes seigneurialles à l’esgard des seigneurs de Saint-Cloud et d’Estimauville en charge de soixante-sept sols tournois à la sieurie de la polterie et de six sols a la sieurie de Saint-Arnoult. Le sieur Le Jumel dut céder, peu de temps après son acquisition, le fiel Duval à monsieur le marquis de Lassay, qui en était propriétaire avant 1711.
Quant à la rente constituée sur la terre du Quesney, au profit du marquis de Montataire
(Monsieur de Madaillan, marquis de Montataire, était héritier des familles de Récusson et de Vipart.)
elle fut remboursée en octobre 1708 au fils de celui-ci, Armand de Madaillan de Lespare, chevalier, marquis de Lassey, seigneur du Mont-Canisy, Deauville, Bénerville, seigneur
et patron de Tourgéville, St-Arnould et Bénerville, demeurant en son château de la Brière, à côté duquel a été construit le château de Lassey. L’acte fut passé en présence de Mathieu du Tertre, procureur du roi au marquisat de Lassey et président au grenier à sel, et de Claude
dont le descendant maria sa fille à Guillaume-François Boistard de Prémagny de Glanville, arrière-petit-fils de l’acquéreur de Vauville.
Une des prérogatives réservées aux patrons suivant l’usage en Normandie, et une de celles qui flattaient le plus l’amour propre des familles était la sépulture dans les églises. Aussi, les seigneurs du Quesney eurent-ils plus d’une fois occasion de s’opposer à cette usurpation.
La dame du Foyer étant morte en 1707, le sieur de Prémagny dut accorder son consentement pour quel corps put être placé dans le choeur de Vauville.
Déjà, en 1603, une autre dame du Foyer s’étant avisée de faire inhumer son mari dans le choeur de l’église, le sieur de Grente en avait porté plainte devant le juge du lieu et demanda que le corps fût exhumé.
Cependant ladite dame ayant déclaré par écrit qu’elle n’avait pas agi avec intention d’empiéter sur les prérogatives du sieur de Grente, qu’elle reconnaissait dans
toute leur étendue, elle fut mise hors de cause et Monsieur
de Grente maintenu dans tous ses droits.
Semblablement, en 1702, une demoiselle de Soqueuse, étant venue mourir dans le pays, un gentilhomme des environs, le sieur d’Auge, fut obligé de donner une reconnaissance du même genre pour que le corps fût inhumé dans le choeur, avec le consentement du marquis de fiénehart, alors possesseur du fief de Vauville.
Le fils de Monsieur de Prémagny était encore au collège au moment de l’acquisition de la terre du Quesney; il portait les mêmes prénoms que son père, qui, pour le distinguer, lui fit ajouter à son nom celui de Vauville, ainsi que l’usage le permettait alors.
Cet acte d’autorité ne convint pas au nouveau propriétaire du fief de la Haulle, Charles Thonroude, seigneur d’Aptot, descendant d’un Faucon, sieur du Foyer, que nous avons déjà vu réclamer pour lui-même, mais en vain, le litre de seigneur de Vauville. Il pensa que M. de
Prémagny, bien qu’il eût représenté l’adjudicataire, lors de la vente du Quesney, en 1666, n’avait plus sans doute entre ses mains les titres et arrêts qui avaient servi à faire échouer l’entreprise de son ancêtre.
De plus, comme Monsieur de Prémagny, nommé correcteur à la chambre des comptes, à Rouen, en 1710, avait profité de cette circonstance pour résigner ses fonctions de procureur domanial de Monseigneur le duc d’Orléans et n’habitait plus Pont-l’Évêque, il crut l’occasion
favorable pour renouveler avec succès une contestation qui jusques alors n’avait pu réussir.
Il remit en ordre les papiers du sieur Faucon, son aïeul, et commença la lutte, au mois d’août 1713, en envoyant un huissier signifier à discrète personne Messire Dumont, prestre, curé de la dite paroisse de Vauville, que le dit sieur d’Aptot s’oppose formellement et empesche, à peine de tous despens, dommages et inthérests, que le dit sieur, curé de Vauville, fasse aucune prière nominale et souffre aucuns a droits honorifiques à nul particulier dans la dite
église de Vauville, attendu que le dit sieur requérant est le seul qui puisse les prétendre en vertu de ses dits fiefs dominants, etc.
(Il était d’usage alors, au prône des paroisses, de recommander aux prières des fidèles le Pape, l’Evêque du diocèse, le Roi, la Reine et la famille royale, ainsi que les patrons ecclésiastiques ou laïques).
Tout le raisonnement du requérant consistait à dire que le roi, en fietfant la terre de Vauville, s’était réservé le patronage; qu’il avait plus tard concédé ce patronage aux chanoines de Cléry; que, par conséquent, le roi seul avait droit aux honneurs, suivant la coutume de Normandie; que si M. de Prémagny était seigneur du Quesney, il ne Tétait pas du fief de Vauville et ne pouvait pas réclamer les honneurs plus que lui même, qui possédait le fief de la Haulle et la vavassorie à Lépec, qu’il disait avoir porté autrefois le nom de fiefs de Vauville et être dominants dans la paroisse.
En terminant, il demandait l’annulation de l’arrêt de 1580.
M. de Prémagny répondait que celui qui accordait le droit de patronage à une communauté religieuse, n’en conservait pus moins au fief, auquel était antérieurement attaché ce privilège, les droits honorifiques ; que d’ailleurs lorsque Louis XI avait concédé le droit
de patronage à MM. de Cléry, il ne possédait pas le fief qui était déjà en la main des auteurs du sieur de Grente et que les droits honorifiques y étaient demeurés attachés comme une chose inhérente au fief; que l’église était bâtie sur le territoire du fief par une concession des anciens propriétaires, auxquels par reconnaissance avaient été accordés des honneurs et des privilèges dus à des bienfaiteurs ; que d’ailleurs la charte de Philippe-le-Hardipar ces mots precarias, homagia, relevagia, simplicem justiciam, exprimait clairement ses intentions de ne réserver du fief que le droit de patronage et que par conséquent la seigneurie, n’en ayant pas été détachée, y était toujours restée unie. Il objectait encore que le prétendu fief à Lépec n’était pas un fief dominant, ainsi qu’on voulait bien le dire, mais une simple vavassorie, c’est-à-dire un membre détaché d’un fief noble et que lui, M. d’Aptot, n’était que
le vassal du Quesney, puisqu’ils était obligé de payer à son propriétaire une redevance pour une pièce de terre qui en était mouvante. On disait enfin que la question avait déjà été jugée par différents arrêts contre lesquels on ne pouvait revenir
(Comme il s’agissait de prouver que le fief du Quesney et la seigneurie de Vauville étaient la même chose, M. de Prémagny fit constater par huissier que les armes des Grente se trouvaient en même temps au château comme à l’église de Vauville. Nous donnons aux
pièces justificatives, le curieux procès-verbal de celte expertise).
Ce système prévalut; l’affaire fut évoquée aux requêtes du palais et le résultat fut le même qu’en 1580. M. de Prémagny, par un nouvel arrêt, daté de 1717, fut maintenu en possession des droits honorifiques dans la paroisse de Vauville et M. d’Aplot, débouté de sa demande, fut condamné aux dépens.
Après celte décision, M. de Prémagny recommença à jouir paisiblement de ses droits et s’occupa à décorer l’église de Vauville. Il fit élever, derrière le grand autel, un vaste rétable en menuiserie, que l’on y voit encore; il fit construire une sacristie, placer ses armoiries dans
le choeur
(D’azur a trois aigles d’argent, les ailes déployées, au chef d’or, chargé de trois molettes de table). et réparer ses bancs.
De son côté, M. d’Aplot, désabusé par le dernier arrêt, eul recours à un certain M. Hubert, conseiller de grand chambre, pour arrêter les bases d’un accord qui pût éviter toute cause de contestation dans l’avenir.
Quelques mois après, M. d’Aplot étant revenu dans le pays, on rédigea par écrit l’accommodement préparé par M. Hubert et dont il est à propos de rapporter ici les
termes :
Pour finir toutes contestations entre M. d’Aptot et M. de Prémagny, il a été convenu, devant M. Hubert, conseiller de grand chambre au parlement de Normandie, que M. d’Aptot rendra aveu, toutes fois et quantes, à M. de Prémagny d’une acre de terre qu’il possède, mouvante de la seigneurie du Quesney a Vauville , etc.
Cet acte, par lequel M. d’Aptot se reconnaissait le vassal de M. de Prémagny propriétaire de la seigneurie du Quesney-Vauville, était un acquiescement en règle au contenu des titres et des arrêts dont M. de Prémagny était porteur et devait lui servir de garantie contre toute tentative de renouveler des prétentions annulées
par l’arrêt de 1717.
Cependant, après la mort de M. d’Aptot, son fils, Guillaume Thouroude, sieur de la Haulle-Mallet, jeune homme sans expérience et peu considéré dans le pays, ayant appris que la qualité de seigneur de la paroisse donnait le privilège de la mouvance sur les terres qui
n’étaient pas réclamées par d’autres seigneurs, murmura contre les arrêts de la cour et contre l’acquiescement de son père. Il commença par s’approprier la totalité du treizième qui était dû au seigneur pour une rente à prendre sur des héritages, dont une partie
seulement était mouvante de la Haulle.
Sur ces entrefaites, M. de Prémagny, l’acquéreur du Quesney, était mort, ce fut son fils Boistard de Vauville qui dut intervenir. Ni les plaintes de M. de Vauville, ni les reproches de leurs amis, rien ne fut capable de faire rentrer en lui-même et revenir à de meilleurs sentiments le jeune Thouroude; on fut obligé de le faire assigner pour le contraindre à restituer honteusement ce qu’il avait usurpé. Puis en rendant foi et hommage à sa Majesté comme possesseur du fief de la Haulle, en 1733, il s’était permis de prendre la qualité de propriétaire du fief, terre et seigneurie de Vauville, autrement à Lépec, sous prétexte qu’il possédait la vavassorie à Lépec, sise dans ladite paroisse.
M. de Vauville, dans une requête du 43 juin de cette même année 1733, se porta opposant, devant la cour des comptes, aides et finances de Normandie, à l’emploi de la qualité usurpée par Guillaume Thouroude, demandant que cette qualité fût rayée de son nom et que la lettre de foi et hommage lui fût expédiée conformément à ce qui avait été fait pour ses prédécesseurs, et qu’il lui fût défendu de prendre à l’avenir, dans aucun acte, le titre de seigneur de Vauville.
Le bailliage de Pont-l’Évêqne, à qui la connaissance de cette affaire appartenait, en fut saisi par arrêt de la chambre des comptes et, dans une sentence contradictoirement rendue, le 16 Guillaume Thouroude de prendre la qualité de propriétaire du fief et seigneurie de Vauville. Il ne se tint pas pour battu et appela du jugement devant le parlement, lequel, par un arrêt du 20 mars 1735, confirma la sentence sans y rien changer.
M. de Prémagny avait cessé de s’occuper des affaires du duc d’Orléans, vers 1710, époque à laquelle il fut nommé correcteur à la cour des comptes de Rouen. Il avait épousé Marie-Marguerite Bunou, fille de Pierre Bunou, avocat à la cour des aides de Normandie, qui dut mourir vers 1728. En effet, son gendre, sus-nommé, rendit aveu, le 9 juillet 1729, an nom de Marguerite Bunou, sa femme, pour un tènement, dit le jardin Liotte, situé en la paroisse de Launey.
Par cet aveu rendu à Guillaume Lechevalier, seigneur de Bosherout et de Launey-sur-Calonne, avocat-général au parlement de Normandie, M. de Prémagny s’obligeait à payer audit seigneur, par chacun an, au terme de St-Michel, quatre sols cinq deniers, avec foi et hommage, reliefs et treizièmes quand ils échéent.
On voit encore figurer ce Guillaume-François Boistard de Prémagny, le 24 juillet 1732, pour remplacer Monseigneur le duc Louis d’Orléans, au baptême de l’une des cloches de l’église de Pont-1’Évêque et qui fut nommée Louise; il dut mourir en 1752, et son fils, qui avait épousé, le 7 mai 1737, demoiselle Marie-Geneviève Le Couteulx, fille de Barthélémy Le Conteulx, ancien prieur des consuls de Rouen, fut nommé comme successeur de son père, conseiller-maître à la cour des comptes, aides et financiers de Rouen, le 22 février 1747.
Il prend ce titre dans un aveu qu’il rendit le 16 novembre 1752, comme fils et héritier de Guillaume-François Boistard de Prémagny, au seigneur de Launey, pour un fief ou aînesse de vingt-quatre acres, nommée La Vavassorie Chauffer, assise en la paroisse de Launey, et acquise en 1736. Les redevances auxquelles il se reconnaît obligé dans cet aveu, sont au terme de Pâques 20 oeufs et 2 deniers ; au terme de St-Michel vingt sols, deux ouayes (oies) et huit deniers pour saulce. Au terme de Noël quatre chapons, une gueline (poule), et cinq deniers. Au terme de St-Jean-Baptiste, quatre deniers pour buage; une journée de
fanage, une journée de pillage, avec reliefs, aides de a relief, aides de relief treizième, regard de mariage et aides coutumiers quand ils échoient ; prières de charue deux fois l’an des bêtes des dits aisnés et puisnés, regisantes sur le dit fief; obéissance de cour et usage à simple gage plege et autres droits et devoirs seigneuriaux.
Le titre de seigneur de Vauville fut contesté une dernière fois aux Prémagny. Dans le mois d’août 1758, messire Henri de Roquette, abbé commendataire du prieuré de St-Himer, dépendant de la célèbre abbaye du Bec, vint encore réclamer pour lui-même ces droits honorifiques tant de fois disputés. C’était à lui, prétendait-il, que la charte de Philippe le Hardi avait accordé le droit de présenter à la cure; c’était lui qui, par conséquent, était le seigneur du lieu. La seigneurie de Vauville n’avait été concédée à la famille de Prémagny que par une libéralité du duc d’Orléans, en récompense de services rendus, ce qui n’avait pu se faire que contrairement à la coutume et aux dépens des intérêts de son bénéfice qu’il était chargé de défendre. Il prétendait, d’ailleurs, avoir découvert, dans le chartrier de sa maison, des titres qu’il pouvait produire et qui prouvaient qu’elle possédait dans la paroisse de Vauville des fiefs importants et suffisants pour établir ses droits.
C’étaient, entre autres choses, les déclarations de propriété faites aux rois par les abbés du Bec, le 18 octobre 1487 et 13 mars 1521, dans lesquelles se trouvaient les articles suivants :
Item en la paroisse de Vauville, une vavassorie à cour et usage, à basse justice, et y a hommes, hommages et rentes.
Les mémos déclarations, faites au roi en 1678, 4694 et 1719: Item en la paroisse de Vauville, vicomte d’Auge, possédons un fief nommé La Vavassorie-aux-Hureaux, à basse justice, contenant douze acres de terre du domaine fieffé et divisées en plusieurs portions de terre de toute sorte de nature, à cause de laquelle vavassorie les hommes et vassaux tenants iceux héritages, nous font par chacun an de rentes seigneuriales vingt-deux sols quatre deniers d’argent, deux chapons et trente oeufs, avec foy, hommages, reliefs, treizièmes et autres droits seigneuriaux et féodaux à nos prédécesseurs prieurs, suivant la coutume de Normandie. Item possédons dans la dite paroisse de Vauville, à cause de notre dit fief ou vavassorie, le porc sieural que nous faisons bannîer a par chacun an à notre profit.
Enfin, plusieurs aveux dans lesquels les vassaux reconnaissaient tenir un fief ou aînesse nommée La Vavassorie-aux-Hureaux.
Tous ces titres étaient authentiques, mais on ne pouvait cependant y trouver autre chose, sinon que les prieurs de St-Hymer possédaient à Vauville une vavassorie de douze acres, pour tout domaine, ce qui ne suffisait pas pour autoriser le titre de seigneurs de Vauville.
(Le demi-fief de hautbert de Vauville contenait près de quatre cents acres).
Nous l’avons déjà dit, toute vavassorie est démembrée d’un fief, par conséquent le propriétaire de cette vavassorie est vassal de celui qui possède le fief dont elle tire son origine. Il eût donc été utile que M. leprieur eût au moins fait connaître de quelle seigneurie la sienne était mouvante, pour que l’on pût en apprécier l’importance.
Quant au parc sieural dont le sieur prieur semblait faire un de ses principaux arguments d’attaque, il était reconnu qu’une simple vavassorie n’eut jamais par elle-même droit de parc. Or la possession du parc sieural, dont il est ici question, qui consistait simplement à recevoir forcément sur son territoire les animaux d’autrui, égarés ou pris en dommage dans l’étendue de la seigneurie, avec obligation de les garder jusqu’à ce qu’ils soient réclamés, et de se faire payer de leur hébergement, il devait être regardé comme une servitude qui méritait à la vavassorie le nom de vilain fief cl non pas de fief noble, il n’y avait donc pas lieu de s’en prévaloir et ce ne pouvait être à ce titre que le prieur de St-Himer venait revendiquer les droits honorifiques dus au seigneur.
M. Boistard de Vauville répétait aussi dans sa réplique pour la troisième fois que, en accordant aux chanoines de Cléry le patronage de l’église, le roi n’avait rien cédé de plus ; le nom et les honneurs étaient restés au fief.
On voit encore par ces expressions de la charte : quinque solidos annui reditus pro décima feodi de quesneio, que les curés de Vauville étaient obligés de payer au seigneur cinq sols de rente pour la dime du fief du Quesney. Le presbytère, en effet, bâti sur le territoire du Quesney, en était mouvant. C’était le fief de la dîme, faisant partie du fief du Quesney et ce fief à la dîme était chargé de cinq sols de rente.
Enfin, suivant M. de Vauville, ce n’était pas à la bienveillance du duc d’Orléans qu’il devait la possession des droits honorifiques dans l’église, mais bien à l’avantage des arrêts nombreux rendus en faveur de sa famille, arrêts dont le duc d’Orléans lui-même, duquel relevait la paroisse de Vauville, avait déjà reconnu et confirmé
la valeur.
Messire Henri de Roquette, après avoir tenté de faire soutenir ses prétentions dans plusieurs plaidoyers successifs, finit par comprendre lui-même qu’elles ne pouvaient se défendre et fut tout heureux de terminer ce différend en signant la reconnaissance suivante :
Nous, Henri de Roquette, prieur, commandataire de St-Hymer, reconnaissons que c’est par considération personnelle pour nous que M. Boistard de Prémagny, seigneur de Vauville, conseiller du roi, maître ordinaire en la cour des comptes, aides et finances de Normandie, a bien voulu se départir de la demande incidente en intérêts et en affiche par lui formée dans l’instance que nous avons ensemble aux requêtes du palais à Rouen etc.
Signé : H. DE ROQUETTE. P.C. de St-Himer, 13 mai 1787.
C’est ainsi que se termina pour toujours une contestation qui durait entre seigneurs depuis 1569.
Une des pièces des archives du château nous apprend qu’en l’année 1774, les aveux pour le fief de Grangues, situé à Glanville, furent rendus à messire Guillaume-François Boistard de Prémagny, écuyer, seigneur du Quesney, Vauville, Beuzeval, conseiller du roy, ancien maître ordinaire en sa cour des comptes, aides et finances de Normandie, au gage piège tenu sur ledit fief dans la cour nommée le Vaudore, lieu ordinaire des pieds et gages pièges de ladite seigneurie.
En 1779, la seigneurie de Glanville Hulline fut mise en vente; elle touchait à la terre du Quesney, M. Guillaume-François Boistard de Prémagny, conseiller au parlement de Normandie et fils de M. Boistard de Vauville, s’empressa de l’acquérir.
La paroisse de Glanville donna son nom à une illustre famille anglo-normande, qui en possédait la seigneurie aux XIe et XIIe siècles. A l’époque de la conquête de Philippe Auguste, le principal fief du lieu fut confisqué sur Richard de Glanville et réuni au domaine royal. Un autre membre de la même famille, Roger de Glanville, conserva son fief de La Motte Glanville, dont le siège était situé à Villers-sur-Mer, et le patronage de la paroisse de Glanville une dépendance. Ce fief fut transmis par femmes à la famille de Maussigny, et de celle-ci à celle d’Hémery de Villers, par le mariage de Jean d’Hémery, avec marie de maussigny, en 1394. M. d’hémery d’orcher possédait encore la motte et glanville, 1665. En 1699, des terres, situées à Glanville sont dites tenues de la Motte sieurie glanville appartenantes à M. de Barré?
Il est probable que le huitième de fief de Glanville Hulline a reçu son nom d’une famille Hulline dont je n’ai trouvé de traces que dans une généalogie de la famille d’Espiney des Hayes. Au XIVe siècle, celte terre était possédée par la famille de Bourgeauville.
Le quatre septembre 1382, Huet de Bourgeauville, écuyer, rend aveu au roy du fief Hulline-la-Mare, sis a Glanville et St-Pierre-Azifs. Ce fief, vendu plus tard à Étienne Labbey, écuyer, sieur d’Héroussard, fut cédé par Jacques Labbey, son fils, par transaction du six octobre 1455, a Jean de Vaudoré Rioult, qui avait épousé Jeanne Labbey. Dans le cours du même siècle, les Rioult de Vaudoré le revendirent aux d’Hémery, seigneurs de La Motte Glanville, qui réunirent en leurs mains ces deux fiefs.
Il résulte d’un aveu rendu en 1747 au duc d’Orléans par Jean Paris de Montmartel, conseiller du roi en ses conseils, seigneur de Brunoy, comte de Sampigny, seigneur de Villers, la Motte, Glanville, Hulline et autres terres et seigneuries, que les fiefs de Glanville et Hulline sont un demi-fief de Haubert qui se relève de plein relief par sept livres dix sols, situé en la dite paroisse de Glanville et s’étendant en icelle paroisse et eu celles de Saint Pierre-Azif, Tourgéville et environs en la ditte vicomte d’Auge, aux quels fiefs il y avait antiennement domaine non fieffé, juridiction en basse justice, hommes, hommages, rentes, service de prévosté tournoyante, droittures de colombier et de moulin qui était antiennement à bled et depuis à fouler drap avec droit denomer et présenter au bénéfice de la cure de la ditte paroisse de Glanville contenant cinq cent vingt-six acres et demie ou environ ; savoir pour le fief de Glanville trois cent trente-sept acres et demie et pour le fief d’Hulline cent quatre-vingt-neuf.
Nous trouvons dans un acte, passé au château de Brunoy, devant maître Collet, notaire à Paris, le 8 août 1775, que haut et puissant seigneur messire Armand Louis Joseph Paris de Montmartel, chevalier, marquis de Brunoy » (si connu pour ses excentricités) vendit à messire Guillaume Jacques Germain Durel, écuyer, conseiller honoraire à la cour des monnaies de Paris, seigneur châtelain et patron de Vidouville, contrôleur en la maison du roi, telles fermes et métairies que le sieur de Vidouville voudrait choisir dans l’étendue de la terre et seigneurie de Villers, située en Normandie, sur la côte de Dives, près la Touque, en telle des paroisses qui dépendaient de la dite terre qu’il voudrait, excepté dans celle de Villers, et ce jusqu’à concurrence du produit anuel de trois mille deux cent cinquante livres sur le prix des baux.
Ces biens appartenaient au marquis de Brunoy comme héritier de Jean Paris de Montmartel, son père.
M. de Vidouville, après cette autorisation, s’étant transporté en ladite terre de Villers pour faire son choix, déclara acquérir, entre autres immeubles, les seigneuries de Glanville et Hulline par le prix dérisoire de quinze mille livres.
Mais un acte daté de 1778 nous apprend que ledit sieur de Vidouville fut contraint de rendre à M. Marie Paris d’Yllius, chevalier, capitaine de dragons, tous les héritages qu’il avait acquis du marquis de Brunoy, pour satisfaire au retrait de lignage, que M. Paris avait exercé et qui lui avait été accordé par arrêt du parlement contre le dit sieur de Vidouville, sans doute pour cause d’abus de confiance.
M. Paris d’Yllins revendit la même année la seigneurie de Glanville-Hulline, qui passa successivement entre les mains de messire Geoffroy de Limon, chevalier, conseiller du roi en ses conseils, ensuite de haut et puissant seigneur, Jean-Baptiste de Falcas, marquis d’Haraucourt, maître de camp de cavalerie, auquel M. de Prémagny, conseiller au parlement de Normandie, versait, le 19 avril 1780, le premier paiement de la somme de quarante-huit mille livres, prix convenu pour l’achat de la seigneurie de Glanville-Hulline, avec tous les droits dus à un fief noble, utiles et honorifiques, ainsi que les honneurs, prérogatives, droit de patronage et de nomination à la cure de Glanville, lesdites seigneuries relevant de monseigneur le duc d’Orléans à cause de la vicomte d’Auge.
De celte acquisition, il ne resta à la famille de Prémagny que le nom de Glanville qui, fut honorablement porté, pendant soixante-dix-huit ans, par M. Guillaume-François Boistard de Prémagny de Glanville, savant helléniste, mort en 1855 et père du propriétaire actuel de la terre du Quesney-Vauville.
Le marquis de Maillé dut habiter fort peu Vauville ; il préférait son château de Bénehart, situé en Sologne, et sa résidence la plus habituelle était Paris. Après lui la dame de Vipart, sa veuve, se retira dans le manoir du Foyer, qui lui appartenait, et le château du Quesney fut négligé pendant quelque temps.
M. de Prémagny lui-même, que ses occupations de correcteur à la chambre des comptes avaient éloigné de Pont-1’Évêque, son fils, qui lui succéda dans sa charge, et son petit-fils, conseiller au parlement de Normandie, furent aussi retenus à Rouen par leurs fonctions, et par suite le château dut souffrir de cet abandon.
Cependant un jeton de présence à la chambre des comptes et un petit marteau, trouvés ensemble dans la maçonnerie de l’un des pieds droits de la principale porte d’entrée, sembleraient indiquer que des réparations importantes avaient été entreprises par l’un des membres de la famille attaché aux fonctions de correcteur aux finances. Mais ces travaux, mal dirigés ou abandonnés à des mains inhabiles, tout en conservant au château ses dispositions principales, lui avaient fait perdre tous les caractères de son style primitif.
Dans le principe, il avait dû avoir un aspect vraiment féodal. C’était une massive construction en pierre de taille, d’une architecture simple et sans ornements, longue de soixante pieds environ, flanquée à ses deux angles postérieurs de pavillons carrés, en saillie sur chacune des faces du corps principal. Un vaste escalier à l’équerre la divisait en deux parties à peu près égales, et donnait accès, pour chaque étage, à deux appartements seulement, éclairés par des fenêtres dont les meneaux crucifères encadraient des verrières à petit plomb, sur lesquelles étaient peints les écussons des anciens propriétaires. Dans le fond, de grandes cheminées en pierre, au manteau très élevé, occupaient la moitié de l’un des côtés de la pièce.
Le château était construit sur une moite étroite et de forme arrondie, entourée de fossés pleins d’eau, à laquelle ou accédait par deux ponts qui, dans un temps, avaient dû pouvoir être levés au besoin par un mécanisme quelconque. Un jardin potager d’un côté ; de l’autre, une cour, dans laquelle se tenaient les pieds ou assemblées des vassaux, avec le colombier seigneurial et les bâtiments d’exploitation, le tout enfermé dans de longues avenues de charmilles et de tilleuls taillés au croissant, complétaient l’ensemble.
Il y a soixante ans, le manoir du Quesney avait encore conservé ces diverses dispositions, mais les principaux détails de son architecture n’existaient plus. Les ouvertures supérieures, jadis en pierre de taille et à frontons triangulaires, avaient été remplacées par de vilaines lucarnes en bois ; les fenêtres avaient été élargies, les meneaux supprimés, et les fossés, par suite de réparations mal entendues, ne pouvaient plus conserver l’eau ; une transformation complète était nécessaire.
Le propriétaire actuel, dernier du nom, l’entreprit avec courage en 1868. Au style de l’époque de Henri III, d’un caractère sévère et peu ornementé, il substitua, à tort ou à raison, celui de Louis XII, plus riche en sculptures, plus agréable à l’oeil ; il ajouta, entre les pavillons, une tourelle ronde pour loger l’escalier, restitua les meneaux aux fenêtres, refit les lucarnes en pierre, boucha les fossés devenus insalubres, créa de vastes pelouses et s’efforça, en abattant les obstacles, de ménager des points de vue de différents côtés, pour rendre l’habitation plus agréable. Les antiquaires le blâmeront sans doute ; les gens du monde et les touristes l’approuveront peut-être ; il est bien difficile de satisfaire tout le monde et soi-même.
I.
Charte de Philippe le Hardi. Philippus dei gratia francorum rex. Noverint universi présentes et futuri quod nos Guielmo dicto harenc et Hugoni Heudei et eorum heredibus ad firinam perpetuam dedimus et concessimusin Urma Guillelme et Johannis especq et Guillelmi de boteniont centum decem et septeni acras, cum sexaginta quinque perticas terre quatuor acras bosci cum fundo et sine tertio et dangerio quinque acras prati, quoddam mollendinum ibidem cum molta sicca. Octo libras sex solidos et decem denarios annui census. Septuaginta capones, trigenta galinas et cum caponibus et galinis octo solidos et duos denarios novies centum et quinque ova et cum ovis septem solidos et quinque denarios, duodecim anseres, undecim septaria et unam minam advene, quinque solidos annui reditus prodecima feodi de Quesneio, servitia débita ex illa décima sicut allii hommes, precarias, homagia, releveia, rusticurum placita et simplicem justiciam, eorumdem pro septuaginta libris turon nobis et beredibus nostris anuatim solvendis ad festum beati Michaelis et de dicta arma ut dictum est solvenda dictus Guillelmus Guillet, très acras terre quas tenet de nobis, scitas inter domitum de Vauvilla et beneriam de Quenesto et dictus Hugo quinquaginta solidosannui redditus super totum hereditagium suum situai in parrochia de Glanvilla in contraplegium obligarunt nobis una cum supradictis ad iirmam traditis perpetuo remensuros.
Si ipsos vel heredes eorumdem a contractu bujus modi contigeret resilire premissa vero eisdem Guillelmo et Hugoni, et eorum heredibus sicut dictum est concessimus salvo in aliis jure nostro et jure spate in omnibus alieno et retentis nobis spate placito cum pertinentibus ad placitum spate forisfacture, patronatus, garde, homagium fedeorum lorice antiquorum vel particoriim et fourcarum, sydefeodo quos dicto Guillelmo et Hugoni tradimus teneantur. Sy
autem occasiônes premissarum vel alicujus de premissis ad firmam traditis, querelam volumusquod ad primam assisiam vel placita nostra flde quod ut ratum et stabile permaneat in futurum présentes litteras sigilli nostri anno domini millesimo CCmo, octogesimo secundo mense jullio.
Cette copie sur papier, malheureusement déchirée vers la fin, est certifiée exacte par Colin Lestourmel, garde du scel de la vicomte d’Auge.
II.
Blanche fille du Roy de France et de Navarre duchesse d’Orléans, comtesse de Valois et de Beaumont à notre Receveur au baillage de Caen et en la vicomte d’Auge salut.
Jehan Grente nous a humblement supplié que comme pour considération de la petite valleur en quoy la fieuferme du Quesney espec que il tient chargée de LXX livres de rente par an et icelle rente lui eust par nous pieca este quictie et remise pour la somme de XL livres par an jucques a certaintemps feny à la Saint-Michel CCCIIIIxx et trois devant passé. Et icelle fieuferme feust encore depuis decheue et tournée en mendre valleur que elle n’estoit pour le temps de notre dicte grâce et octroy par nous a lui denciu sur ce fait. Nous de la dicte iieuferme le voulsissons descharger eticelle avec son contreplege reprendre en notre main ou encore faire telle grâce et remission de la dicte rente comme bon nous semblerait. Pourquoi nous oie la relacion de nos gens et officiers sur Testât et petite valleur d’icelle fieuferme au dit suppliant par la délibération de notre conseil avons encore quictié et remis et par ces présentes quictons et remectons de grâce especiale la dicte rente pour XL livres chacun an jucques a trois ans ensivans la fin de la derraine grâce par nous ali sur ce faicte, au devant du iour duy ainsique au cas que il faudra de paiement ceste présente grâce lui sera réputée pour nulle et sera exécuté pour le tout. Et vous mandons que de notre présente grâce et remission vous le souffrez faites paisiblement joir et user sans le molester aucontraire. Et a nos âmes et feaulx conseilles ordenes ou a ordener sur le fait de nos comptes que le seurplus de la dicte rente par nous ainsi quictie au dit suppliant, comme dit est.
Ils allouent en vos comptes et rabatent en votre recepte sans aucun débat ou contredit. En rapportant par devers eulx ces présentes lettres tant seullement car ainsi le voulons nous estre fait. Et au dit suppliant pour consideracion des choses dessus dictes l’avons octroie et octroions si comme devant est dit par ces présentes. Donné à Asnières, le VIIIe jour d’octobre, l’an de grâce mil CCCIIIlxx et quatre.
Par Madame la duchesse à la relacion
du Conseil,
MEORD.
Copié sur l’original en parchemin.
III.
Pierre Dumoustier demeurant en la parroisse de Saint-Pierre-Asys aagie de L ans homme du dit Grente dit et deppose par son serment que toute la dicte fieufferme a bien cuillir recepvoir et mettre a profflt toute la revenue d’icelle serait a trop baillie au prix de XXX livres par an et que quant à lui point ne lui vouldroit avoir ; requis qui a ce le meut dit pour ce que en icelle fieufferme a grant nombre de domaines et autres terres ou il a bois qui n’est seulement que a usage dardre et que iceulx domaines et bois sont de peu de valleur car iceulx domaines ne sont pas bons a laboureux et sont plains ou du moins la grigneure partie de jons genests et ronches et ne vallent sinon a herbagier bestes et encore y en vient-il peu pour ce faire et auxi que en pais a petit peuple pour les guerres et mortalités qui en temps passé y ont esté et que il y a grant foison d’autres terres et bois qui mieulx vallent et sont plus près et en laisement des gens demeurans en la dicte parroisse de Saint-Pierre-Asys et autres parroisses dillecques environ que ne sont celles de la dicte neufferme et tient en sa confience que tous les dis domaines ne seraient pas baillies a plus de quatre livrespar an ; requis en quoy le surplus d’icelle fieufferme revient dit que il y a trois acres de pré ou environ assis près la meren quoy le flo vient si souvent que il ny croit que bien peu derbe ce nest ros et vallent vint cinq soûls par an ; item un moulin a eau avecqnes les seques moultes deues par deux ou trois nommes vaniers d’icellui moulin qu’il estime valler en ce comprins les dictes seques moultes six ou sept livres oullre d’icellui qui le garde, item la court et usage dicelle tieufferme reliefs et dismes cinquante soulz ou environ et le surplus en rentes de blés deniers oeux oyseaux ; requis qui sont les gens qui font icelles rentes dit que dire ne le sauroit de certain, mais il a oy tenir a plusieurs gens du pais que. Attendu la valleur des dis domaines bois prés moulin seques moultes reliefs dimes court et usage et les dictes rentes tout pourrait bien valloir XXX livres ou environ et pour cele croit ; requis quel contreplege il a en la dicte fieufferme et de quel valleur dit il y a cinquante soulz en une partie a prendre sur les héritages de Jehan Eudier et tient fermement que soufflsants sont assez considère que il a bons héritagestant de son conquest que de Feseheance a lui venue d’unnommé Eudier qui fieufferme et si y a trois acres de terre situées auprès de la dicte paroisse Saint-Pierre-Asys qui vallent par an à son advis XV livres ; requis pour quoy la dicte fieufferme est au temps de présent de si petitte valleur dit que il croit que cest pour guerre et mortalité qui ont esté en temps passé au pais et que il y a trop peu de gens. Ne plus ne autre chose ne saurait depposer.
(Copié sur l’original aux Archives nationales.)
IV.
Noble homme Robert Grente sieur de Villerville pour luy établissant pour nobles hommes Helye Jehan et Jacques dicts Grente ses frères, confesse que a cause de la terre et sieurie du Quesney espec tenu en foy et hommaige de lavicomte de Roncheville est deu au roy notre sire, soixantedix livres au terme Sainct-Michel pour et à cause d’icelle terre du Quesney laquelle terre est ung lief noble à court et usaige en basse justice ou il y a hommes hommages rentesgrains oeufs oyseaulx domaine fieffé et non fieffé a noble fief appartenant. Le quel domaine non fieffé consiste en deux pièces de présent estant a une le tout contenant trente acres ou environ sur quoy Soulloit avoir anciennement ung manoirdeslong temps desmoly et de présent en buissons et herbage(P.J IV) et loutre plus en terre labourable. Le toult jouxte d’un costé le chemin tendent de Roncheville et les héritiers Nicollas Chrestien d’un costé Robert lienze d’un boult le chemin tendent a Touque d’autre boult les dits sieurs. Et a este la présente déclaration rendue par le dit sieur de Villerville a monssieur le vicomte Dauge commissaire du roy notre sire pour faire papier terrier suivant le voulloir et intention dudit sieur Baille et advoue sauf le blesme du procureur du Roy, devant nous Jehan Dennoliault chevalier sieur d’Hardanville vicomte Dauge le XIXe jour daoust mil Ve XLIX.
DENNEBAUT.
(Copié sur l’original en parchemin.)
V.
A tous ceulx qui ces lettres verront ou orront Jehan Lamoureux escuyer sieur de la Fontaine secrétaire de monseigneur le duc de Monpensier, pair de France et visconte hérédital dauge garde des sceaulx de la dicte vicomte pour le roy nostre sire et mon dict seigneur salut. Comme ainsy soyt que par contract passé devant Thomas Héroult et Mathieu Guillemette tabellions royaulx en la viconté dauge au siège de Dozulley le sept iesme jour daoust mil cinq cents quattrevingts et sept noble homme Jehan Filleul sieur de la Hellinyère demeurant à Bonnebos et damoiselle Jehanne Ryoult sa femme et espouse, héritière de deffunct Jehan Ryoult son frère de son vyvant escuyer sieur du Valdoré et de la syeurie de Grengues et damoiselle Ysabeau de Meszieres veuve de defunct Jehan Ryoult escuyer et mère de la dicte Jehanne Ryoult aient vendu à noble homme Guillaume Grente sieur du Quesnay Espec, demeurant au manoir du dit lieu, le fief terre et sieurye de Grangues assis à Glanville saint EstienneLathillaye et illect aux envyrons par le prix, charges et moyens contenus audict contract, lequel contract contient entre autres choses que le dict sieur du Quesney estait demeuré redevable envers les dicts vendeurs de la somme de cent trentetrois escus vingt sols quelle somme ledict sieur du Quesney leur devait fournir devant la Sainct Miche) en suyvant du dict contract ou toutes foys et quantes pour faire lerachapt de soixante et dix boisseaux de blé froment de rente faisant partie de quatre vingt troys boisseaux de blé froment de rente que deffunt sieur de Valdore père de la dicte demoiselle Rioult avait vendue à condition de réméré à toutes foys et quantes. Pourquoy scavoir faisons que par devant Jehan de Fervacques et Pierre Maurylle tabellions royaux en la dicte vicomte,…. fut présent le dict sieur de la Hellenyère pour luy et faisant fort pour la dicte damoiselle son espouse et la dicte damoiselle de Mezière, a présentement reçu du dict sieur du Quesney présent, la dicte somme de cent trente Iroys escus vingt sols en huit doubles ducats plus huit pistoles et le reste en francz quarts descus, testons pièces de cinq sols de six blancs et monnaye blanche suyvant l’ordonnance Ce fust fait et passé après midy au manoir sieurial du Quesney paroisse de Vauville le dix huictiesme jour de novembre l’an mil cinq cents quattre vingts et huictprésents Charles Dubos demeurant a Sainct Pierre Azifs, etc.
(Copié sur l’original en parchemin.)
VI.
Madame,
Supplie humblement Jacques Grente escuier sieur du Quesney. Maintenant que au nombre des pièces du domaine non fieffé de la dicte seigneurie luy appartenant, une pièce de terre nommée la Brière du Quesney de laquelle il seroiten bonne et paisible possession toutteffoys il auroit este adverty que auriez faict emploier la dicte pièce dans ladéclarationdes terres vaynes et vagues de ceste ditte viconte pour estre baillées par vous a fieffé et deniers d’entrée qui seroit au préjudice du dict supliant pour le regard de la dicte pièce.
A ces causes il vous plaise Madame luy ordonner délivrance ou distraction de la dicte pièce pour en jouir par luy au droict et tittre de son dict fief et sieurie ou bien pour la rescompense aulcunement denses droicts et dyminution qu’il en recepveroit accorde soy passe a la moictie de la dicte pièce et qu’il soit par vous dispose de contreplus a vostre vollonte a quoy il se condescend pour le très humble service qu’il vous doict et ne contrevenir a la vollonte de vostre grandeur pour la prospérité de laquelle il sera tenu prier Dieu el vous ferez justice.
Signé GRENTE, avec paraphe.
Réponse à la requête ci-dessus :
Veu le contenu en la présente requeste Madame par ladvis de son conseil a accorde et accorde au supliant luy demeurer la tierce partye de la dicte Briere du Quesney assise en la paroisse de Vauville pour tous droicts qu’il vouldrait prétendre aux brieres et terres vagues de la dicte paroisse la quelle tierce partye demeurera unie et incorporée a son dict fief et neanlmoins en fera et’ paiera par chacun an a ladvenir deux sols de rente pour chacune acre, et payable comme dict est et à la charge des relliefs treijiesmes aydes coustumiers comparance aux pies royaulx de ceste vicomte et aultres deues et debvoirs sieuriaulx ordinaires et au moien quil en payera la somme de huit escus sol d’entrée es mains du recepveur qui sera orJonne a ceste fin par ma dicte dame pour chascune acre et à lequipollent de pied a perche daullant quil en sera fourny par mesure lequel payement il fera devers Pasques prochainement venant. Mandons et recommandons au juge des eaues et forests de ceste dicteviconle que appelle le procureur du roy en icelle et faire
faire bornes et divises du dict fonds et en mettre le supliant en possession, etc.
Faicl au conseil tenu au Pontlevesque le sept jour de décembre mil cinq cents quatrevingts et ung.
Signé CATEBINE DE LORBATNK.
Rapport du lieutenant des eaux et forêts. Suyvant la journée par nous prinse avec les avocat etprocureur du roy et de mon dict seigneur en ceste viconte lundy dernier pissé. A la requeste de noble homme Guillaume Grente sieur du Quesney fils et héritier de deffunct Jacques Grente vivant escuyer sieur du dict lieu adjudicataire d’une pièce de terre nommée la Briere du Quesney assise à Vauville du nombre des terres vaynes vuydes et vagues de ceste viconte au prix de deux sols de rente feodalle,etc.
Nous sommes transportés sur une pièce de terre en herbe assise en la paroisse de Vauville bornée dung coste le dict sieur du Quesnay et le sieur de Saint Pierre Adsifs daultre coste Michel Faulcon etc Sur la quelle pièce de terre sest comparu le dict sieur le quel nous a requis estre mys et installe à la possession et jouissance de la dicte pièce cy dessus après avoir veu et visitte la dicte pièce et de rechef faict mesurer et arpenter icelle par Baltasar le Coq arpenteur de terres juré en cette viconte, et par nous, à ceste fin repette le serment en tel cas requis et accouslume trouvée contenir douze acres et demye quinze perches sellon son reffert et attestation après calcul duement faict dont du tout présence des dicts, etc tons voysins et bordiers da la dicte briere. Avons mys et installe le dict sieur du Quesnay en possession réelle et actuelle, au droict de la dicte requeste et sentence par vous donnée au prix dessus dict veu qu’il ne s’est comparu ny présente aulcun pour sy opposer, etc.
Du jeudy quinze iesme jour d’apvril l’an mil cinq cents quatre vingts traize.
(Copié sur l’original en parchemin.)
VII.
Furent présents noble homme Gilles Vippart sieur de Silly gentilhomme ordinaire de la chambre du roy demeurant au dict lieu de Silly et Guillaume Grente, sieur du Quesney demeurant en la paroisse de Vauville les quels volontairement instance lun de lautre après avoir veu et leu lescript en une feuille de pappier dapte du dix huit yesme jour de novembre mil V cents quatre vingts seize en forme de traicte de mariage exhibey par le dict sieur de Silly ont respectivement recongnu, assavoir le dict sieur de Silly le quatrième saing et paraphe y appose estre son propre faict et saing et le dict sieur du Quesney le premier faict et saing aussy y appose estre de luy et cil dont il a accoustume user et ont aussi recongnu le contenu au dict escript estre véritable du quel escript la teneur ensuict. En traictant le mariage lequel au plaisir de Dieu sera faict et cellebre en face de sainte Egglize catollique appostollique et rommaine entrenoble homme Guillaume Grente seigneur du Quesney Vauville Daupmesnil Brucourt Brevedent Grenges et Periers fils et héritier de feu noble homme Jacques Grente en son vivant sieur du Quesney et de damoiselle Laurette de Luevigne d’une part et de damoiselle Françoise Vippart fille de hault et puissant seigneur messire Guillaume Vippart en son vivant chevallier de l’ordre du roy gentilhomme ordinaire de sa chambre seigneur de Silly Geriots La Fontaine Toulaville Le Moulin Troussel et de la Chapelle-Ainfray etde noble dame Françoise de Saint Pierre en son vivant baronne de la Ferte Fresney dame des Authieux, les Tostes, La Cornière, Nerval, Lachy, St Jouyn et de parts Fontaines daultre part il a este promis et accorde par noble homme Gilles Vippart seigneur de Silly et baron de La Fertey fils et héritier aisney des dicts seigneurs de Silly et dame de La Ferte tant pour luy que comme héritier de Jacques Vippart son frère et cohéritier aux dictes successions et ce suyvant ladvis et délibérations de leurs parents et amys dénommes à la fin de ce présent, donner à la dicte Françoise Vippart leur soeur pour toult et tel droit dheritage quelle auroyt ou pourroyt prétendre ou demander es susdictes successions de ses dicts père et mère la somme de huict mil troys cents trente troys escus un tiers revenant suyvant le dict a vingt cinq mil livres payables etc.
Faict au manoir seigneurial de Silly aujourdhuy dix huit yesme jour de novembre cinq cens quatre vingt et saize en présence de noble homme Nicollas de Clinchant sieur de Launay, Jacques de Clinchant sieur des Mayserez, François de Valloys sieur Descoville, François de Franquetot sieur du lieu, Jacques Grente sieur de Sainct Pierre Azif, Jacques Le Brun sieur de Beuzeval, Robert dAvaynes sieur de Groussy, Pierre Cornet sieur d’Angerville, Charles de Sainct Pierre sieur de Vassy, Jacques de Nollent sieur de Fatouville, François de Sainct Pierre sieur de Sainct Jullian, Jehan de Trihan sieur de Bourgeauville, Guillaume Marguerye sieur de Saiuct Cosme, Charles Davaynes sieur de Sainct Sauveur, Ëslie de Nollan sieur de Hebertot, Pierre du Val sieur du lieu, PierreCornet sieur de Neufville, Robert Cornet sieur de la Brettonniere, Florent de Semilly sieur de Bernières, et Guillaume Cheron sieur Deschamps.
Signé GRENTE, etc.
(Copié sur l’original en parchemin.)
VIII.
Devant les tabellions royaux sous signes, fut présent messire René de Mailley chevallier marquis Benneuart pour etau nom de noble dame Françoise Jacqueline de Billes son épouse lequel de son bon gré pure et franche volonté reconnut tenir noblement de son Altesse royalle Mademoiselle à cause de la baronnie de Roncheville c’est à scavoir le fief noble terre et seigneurie du Quesney Espec par un demifief de hautbert qui se relève de lain relief par sept livres dix sos dont le chef est assis en la paroisse de Sainct Pierrees is et sextent aux paroisses de Vauville Glanville Bourgeauville Tourgeville Benerville et aux environs en la vicomte Oauge qui fut et appartint à feu Gilles Grente Escuier au droit de la fieffé qui en avait anciennement este faite par les Roys prédécesseurs du Roy nostre souverain seigneur aux prédécesseurs du dit Grente et dont la dite dame de Billes se rendit adjudicataire au décret qui en fut faict devant Monsieur le bailly de Rouen aux assises tenues en la vicomte Dauge le vingt iesme jour de décembre mil six cents soixante et dix auquel fief il y a domaine fieffé et nonfieffé manoir, colombier, jurisdiction en basse justice hommes, hommages, rentes en deniers en grains en oeufs et en oiseaux, reliefs treiziesmes aides de reliefs aides coustumières, service de prevosté prières de charue et de herse, et tous les autres devoirs seigneuriaux qui sont deubs a un demy fief de hautbert.
Le domaine nonfieffé consiste en l’enclos dans lequel est basty le manoir seigneurial environné de fosses plains deau avec la bassecour sur laquelle il y a sept corps de logis ou maisons à divers usages et en plusieurs pièces de terre en labour, bois, pray pasturages et plant contenant touttes ensemble six vingt acres ou environ dont l’enclos et la basse-cour joints avec les autres pièces qui les environnent, nommées le pray Candar, le jardin Beuze et le petit pray, la couture Plessis et le jardin de la place du bas touttes en un tenant partagées seullement de bayes contiennent vingt neuf acres ou environ situées en la paroisse de Vauville, bornées toutes ensemble d’un costé le chemin tendant de l’esglise de Vauville à Touques d’autre coste ladvenue qui part du chemin des Aulnees traversant par devant la porte du dit manoir du Quesney pour aller à Longuelinne dun bout la pièce de Longuelinne qui sera cy après bornée et dautre bout Robert Ollive, Gilles Eude, les héritiers, etc., etc.
Parmi les autres aveux rendus à la vicomte de Roucheville ce même jour 19 juillet 1676, on trouve dans la pièce des archives nationales portée sous la cote : R* 1166. fol. 46 :
Les héritiers d’Etienne Grente seigneur de Bénerville tiennent a fieffé la couture Morin sise en la paroisse de Vauville.
Guillaume de Semilly écuyer, ayant épousé la fille héritière de Guillaume Thillaye et Jean Duclos tiennent un tennement de cinq vergées.
Jullien FAUCON, sieur du BOSQUET.
Pierre LE HEBICHBR, sieur du BOURG.
Jean PELLEMN, sieur de LA CHESNÊE.
Au bas est écrit :
A cause du quel fiel, terre et seigneurie du Quesney Espec, nous sommes tous sujets payer rentes à son Altesse royale Mademoiselle en la recepte du domaine de Roucheville.
IX.
L’an mil sept cents dix sept, le samedy avant midy, neufvieme jour de janvier, moy, Nicolas Gambremer, premier huissier audiencier au bailliage de Rouen et vicomte d’Auge…
certifle m’estre aujourd’huy exprès transporté au dit manoir seigneurial du Quesné, paroisse de Vauville, aux fins de dresser procès verbal des armoieries qui y sont tant aux vitres du dit manoir qu’à une cheminée d’yceluy et à la chapelle estant dans le jardin du dit manoir, où estant entré dans une chambre sittuée sur la-cuisine, j’ai remarqué dans icelle six panneaux de vitres estant du costé de la cour, qu’à l’un des dits panneaux, au haut d’iceluy, à la main gauche eu entrant, est au miUieu du dit panneau un écu d’alliance, dans le premier costé du quel j’ai remarqué qu’il y a une moitié de croix rouge ancrée, dans le miUieu de la quelle est une petite étoile avec trois bandes bleux (Qui est de Grente.), et de l’autre costé, pour achever l’alliance, est un champ d’argent avec unlyon de sable issant (D’argent au lion de table armé et lampassi de gueules, qui est de Vipart.). Plus jay remarqué dans une autre chambre estant sur celle cy devant désignée qu’à la cheminéeil y a du costé de la cour un escu d’armes dans lequelil y a une croix rouge avec deux bandes bleux. A la même cheminée du costé du jardin il y a un autre ecu d’armes dans lequel est une barre de couleur jaune qui va de haut en bas. Ce fait, et à l’instant, je me suis transporté à la chapelle qui est dans le jardin dépendant du dit manoir, où estant jay remarqué à la vitre qni est proche de la porte de la dite chapelle du costé gauche, qu’au milieu de la dite vitre il y a la même armoirie que celles qui sont contenues dans le premier costé des armes qui sont à la vitre de la chambre de dessus la cuisine. Ensuite et à l’instant de la même réquisition que dessus, je me suis transporté à l’église de Vauville, ou estant, après avoir par le dit sieur de Vauville stipulant, fait compliment au sieur curé du dit lieu de faire faire ouverture de son églize, aux Gns par moy de dresser procès verbal des armoiries qui peuvent estre aux vitres de a dite églize lequel volontairement en a fait ouverture et en sa présence nous avons entré dans icelle ou j’ai remarqué, dans la chapelle de la vierge du costé de l’Evangile a unevitre qu’il y a un écu d’alliance dans le premier costé duquel j’ai remarqué qu’il y a précisément les mêmes armes qui sont dans la chapelle du manoir du Quesné ainsi que celles qui sont dans le premier coslé des armes quisont à la vitre de la chambre de dessus la cuisine cy dessus spécifiées. Dans l’autre costé, pour achever l’alliance, sont trois barres rouges qui vont du haut en bas, de droite à gauche. Dans la corne du costé de l’Epitre jay remarqué,dans le millieu d’une autre vitre, qu’il y a un écu d’armes semblable à la seconde moitié de celles qui sont à la vitre de de la dite chapelle de la vierge du costé de l’Evangile. Apres quoy le dit sieur curé nous a fait représentation d’un chasuble noir qu’il nous a dit avoir esté donné par feue Madame du Fouyer (sic), au bas duquel est un écu d’alliance dans le premier costé duquel jay remarqué qu’il y a deux ancres et à l’autre costé pour achever la dite alliance est un lyon de sable issant (D’argent à deux ancres de sable, qui est de Billes.), dont du tout jay fait et dressé le présent procès verbal que j’atteste véritable en tout son contenu pour estre iceluy délivré au dit sieur de Prémagny pour luy valloir et servir, etc.
Signé : CAMBREMEH.
X.
Veu les pièces du procès pendant au parlement de Rouen entre le dit sieur de Prémagny et le dit sieur Daptot, oui le raport du sieur Baille, conseiller, es conseils de son Altesse royale, etc.
Son Altesse royale en son conseil aiant esgard à la requeste du dit de Prémagny, a déclaré quelle consent qu’il soit maintenu et gardé dans la possession et jouissance des droits honorifiques dans l’église de VauVille comme propriétaire du fief du Quesné Vauville conformément auxtitres et aux arrêts cy dessus datés (7 mai 1598 et 19 avril 1580), sans que le présent résultat puisse nuire ni préjudicier aux autres droits de son Altesse royale. Fait au conseil de son Altesse royale tenu pour ses finances, à Paris, le dixième may mil sept cens quinze.(D’après un extrait des registres du conseil de son Altesse royale le
duc d’Orléans.)
3 – Archives ShL:
Carnets de Charles VASSEUR –
DOYENNE DE BEAUMONT – 14
Election de Pont l’Evêque, sergenterie de Beaumont 3 feux privilégiés – 40 feux taillables Sous l’invocation de St Martin Patronage:
14e Dux Normannio 16e Dominus de Cléry 18e Chapitre de Cléry Curés:
Herier 1764/1774 Mallière 1782/1787