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SAINTE MARIE AUX ANGLAIS




NOTES sur SAINTE MARIE AUX ANGLAIS

1 – Notes de Michel Cottin
2 – Notes de Dominique FOURNIER.
3 – Bibliographie.
4 – Pièces Justificatives.
5 – Archives ShL.

1 – NOTES de MICHEL COTTIN:

Presque oubliée, loin des grands axes routiers, l’église de Sainte-Marie-aux-Anglais étale sa blondeur lumineuse au milieu des hautes frondaisons qui lui font un écrin. Toute visite est un enchantement de l’œil et de l’esprit, à chacune d’elle un nouveau visage se révèle livrant un peu plus de son âme.

Voici un peu plus d’un siècle et demi, des hommes, séduits par sa beauté noble et discrète, se sont battus pour sauver ce délicat édifice religieux, l’un des plus achevés et des plus purs de l’ancien diocèse de Lisieux.
Par leur vigilance éclairée, leur désintéressement et leur pugnacité, ils nous ont légué un joyau à nul autre pareil, un témoin sans lequel notre connaissance de l’architecture des premiers âges de l’art gothique resterait incomplète.

Et pourtant, les églises rurales du diocèse dont la construction remonte aux XIe et XIIe siècles ne sont pas rares, même si les dévastations des guerres entre Etienne de Blois et ses compétiteurs furent innombrables, radicales parfois, mais elles sont bien souvent parvenues jusqu’à nous amputées, mutilées de tant de d’ajouts ou de transformations que seuls une baie ou un élément d’appareillage subsistent de la construction originale, témoignant de leur origine.

A Sainte-Marie-aux-Anglais, il en est tout autrement. A part deux fenêtres repercées, l’une dans le chœur qui paraît remonter au XIVe siècle et l’autre dans la nef à la fin du XVe siècle, l’unité de cet archétype de l’architecture de transition reste entière.

HISTORIQUE

L’histoire de cette église se limite dans l’état actuel de nos connaissances aux rares mentions des pouillés et aux débats nés de son abandon au XIXe siècle.

Nous apprenons à la lecture des Pouillés, dont le plus ancien remonte à 1350 [1] que cette paroisse De Beate Sancta Maria ad Anglicos dépendait du doyenné de Mesnil-Mauger et devait à l’évêque une somme de 30 livres au titre des décimes, somme qui se situe dans une honnête moyenne comparée aux contributions des paroisses environnantes.

Dès cette époque, l’église appartenait au seigneur du lieu qui en avait le patronage [2]. C’était d’ailleurs une des particularités du diocèse de Lisieux où 50% des églises avaient des patrons laïques. [3] et cela malgré la très vive activité des évêques qui depuis le XIIe siècle s’étaient portés acquéreurs des patronages laïques [4] dont le premier connu est Gaufridus Sancte Marie. Réputé successeur du constructeur ou du donateur, le patron présentateur avait le privilège de nommer à la cure, de reposer lui et les siens dans le chœur et certains honneurs et prééminences: banc, encens, eau bénite, litre, etc. lui étaient dus à ce titre, tandis qu’une notable partie de la dîme pouvait lui revenir. Au XIVe siècle ce patronage était passé dans la famille Drosay, suivant en cela le sort et l’histoire du manoir proche.

On a beaucoup épilogué sur l’origine de ce qualificatif d’Anglais accolé à celui du nom de l’église. Les mentions de ce nom de peuple sont nombreuses dans la toponymie normande où nous le retrouvons entre autres dans les Angloischeville, les Englaicherie et les nombreux (5) Englesqueville, du Calvados [5], l’Anglesqueville-Lestre de la Manche  [6], les Anglesqueville-la-Braslon, Anglesqueville-L’Esneval ou Anglesqueville-sur-Saône, de la Seine-Maritime [7] . A quelques reprises, François de Beaurepaire a abordé la question [8] de ces villes anglaises qui, selon lui, évoquent la pénétration anglo-saxonne qui accompagna la colonisation des Vikings [9].

Dans le cas présent, l’adjectif suivant le nom de la paroisse, paraît être un patronyme, révélateur de la présence d’une famille de ce nom et de cette origine. Ce toponyme serait alors d’une création plus tardive [10] correspondant peut-être à la fixation des noms de famille à la fin du XIIe siècle   [11] .

L’ordonnance de 1836 prescrivant la fusion des trois communes de Sainte-Marie- aux-Anglais, Doux-Marais et Saint-Maclou en une seule, puis la décision de désaffecter l’église de la première, mirent très fortement en péril l’avenir de ce monument dont Arcisse de Caumont dans le Bulletin monumental de 1849 dit qu’il s’agissait là d’un des plus remarquables de la région. Devant l’urgence des travaux nécessaires à sa conservation, il rappelait que la Société Française d’Archéologie, Société qu’il avait fondée quelques années auparavant à Caen, avait déjà voté une somme de 200 F. [12] sur la demande du Dr BILLON pour aider à en consolider les murs . Il signale qu’à l’occasion d’une visite avec Victor Petit, Pelfresne et Renault, ils firent tomber l’épais badigeon  qui recouvrait les fresques qu’il avait précédemment signalées dans le chœur. Nous avons pu poursuit-il reconnaître sur le mur du côté de l’évangile, la représentation de la Cène, et sur le mur faisant face à l’autel, au dessus de l’arc triomphal, le Christ et deux autres personnage.

Mais il s’en fallait que son état soit satisfaisant et ajoute-t-il: « Quoique classé au nombre des monuments historiques, l’église de Sainte-Marie-aux- Anglais est très compromise, on n’y fait pas de réparations, les portes sont ouvertes, et sans les travaux pour lesquels vous avez contribué, et que l’on doit au dévouement de M. Billon et de quelques propriétaires ( notamment M. de la Porte, propriétaire du château voisin) un craquement considérable qui s’est manifesté dans les murs latéraux du sanctuaire aurait fait des progrès effrayants; nous espérons que le tirant qui a été établi arrêtera les progrès du mal, mais il restera bien d’autres réparations à faire et nous appelons sur cet édifice la sollicitude de l’administration départementale et de M. Danjoy, qui nous avait promis de la visiter et de s’intéresser à sa conservation ».

Quelques années plus tard, dans le Bulletin monumental de 1866  [13], il écrivait que cette église « était sans contredit, une des mieux conservées et des plus curieuses « .

La Société Historique de Lisieux, nouvellement fondée, s’intéressa beaucoup à cette église, certains de ses membres: le Dr BILLON, Arthème PANNIER, Charles VASSEUR ou Louis Rioult de NEUVILLE, étaient des collaborateurs fidèles d’Arcisse de Caumont, prenant une  part active aux travaux de la Société Française d’Archéologie. C’est ainsi qu’ils visitèrent cette église le 3 septembre 1878 et nous savons par le procès-verbal qui en fut dressé, qu’elle se trouvait alors dans l’état de dégradation le plus regrettable.

Depuis, à plusieurs reprises, cette église a fait l’objet de travaux conduits par les Monuments Historiques et le dernier en date concernait la reprise des peintures murales du chœur, mais sa cpnservation générale reste toujours précaire.

DESCRIPTION

I.- ARCHITECTURE

L’extérieur

L’ensemble de cette église surprend en Pays d’Auge où les monuments religieux de belle qualité sont rares, généralement fort transformés, dénaturés par de multiples reprises et des ajouts [14]. Ici, tout participe à une impression de plénitude: la puissance et l’équilibre des proportions, la qualité de l’appareillage, la délicatesse de la décoration.

Le plan et l’élévation

Cette église présente le plan habituel des églises augeronnes avec un chœur presque rectangulaire, légèrement plus étroit que la nef. Une sacristie qui avait été accolée au chevet a disparu dans les travaux de restauration du XIXe siècle, permettant de restituer le plan original.
En élévation, nous remarquons de hauts murs coupés aux deux tiers supérieurs par un cordon de pierre formant tablette pour les ouvertures en plein cintre. Des contreforts plats, larges et à ressauts, proches des contreforts romans, raidissent l’ensemble des maçonneries.
A leur partie supérieure les murs sont couronnés d’une élégante corniche à modillons dont une grande partie fut refaite au XIXe siècle.

L’appareillage

Alors que nombre d’églises de la région augeronne n’offrent que des appareillages de blocages enduits, l’on remarque, à l’entour de Saint-Pierre-sur-Dives, l’emploi fréquent de maçonneries de moyen appareil, aux joints très minces [15], exécutées avec soin et précision. C’est le cas près d’ici de l’église d’Ouville-la-Bien-Tournée, de la tour de Mesnil-Mauger, mais aussi de tout un groupe d’édifices édifiés un peu plus loin vers l’Ouest, au delà de Saint-Pierre-sur Dives.
Cette mise en œuvre de produits carriers bien dressés, correspond selon la remarque de J.-F. MARECHAL, à l’introduction en Normandie, à la fin du XIIe siècle, d’outils fabriqués avec des aciers scandinaves d’une très grande tenue de coupe.
Il serait intéressant à ce sujet de vérifier la dimension moyenne de ces blocs de pierre qui, produits peut-être, directement en carrière devaient répondre à une certaine standardisation [16].

Les ouvertures

L’accès principal se fait par le pignon occidental percé d’une porte romane dont l’archivolte est ornée de zigzags multiples. Au dessus, trois fenêtres cintrées sans colonnes ni moulures, occupent la façade. Dans le mur gouttereau Nord, on remarque une porte très élégante permettant au clergé et au seigneur d’accéder directement dans la nef en bas de celle-ci, ce qui est un emplacement inhabituel, commandé sans doute par la situation du manoir. Son archivolte porte des tores en zigzags entrecroisés dessinant des losanges [17]. Les mots PIERRES REVEL sont gravés sur la voussure, en caractère du XIIIe siècle.

Cette église présente le rare intérêt d’avoir conservé la presque totalité de ses ouvertures hautes anciennes, en lancettes, dans chacun des intervalles des contreforts. Sur les murs latéraux Nord et sur le pignon occidental, celles-ci reposent sur le cordon que nous avons signalé et sont percées au centre des panneaux délimités par les contreforts.

L’intérieur

Le chœur rectangulaire comprend deux travées séparées par un arc doubleau retombant sur une colonne ronde cantonnée de deux colonnes engagées recevant la croisée d’ogive. Les sommiers sont formés d’un tore prismatique dégagé d’un cavet. Ce type de voûtement de pierre est assez rare dans la région, mais se retrouve pratiquement dans la même disposition aux églises de La Houblonnière et de Lieury à quelques kilomètres d’ici. Ils ne sont pas toujours d’une très grande qualité et, à voir les raccordements des tailloirs avec les cordons toriques des murs gouttereaux, on peut douter que le voûtement ait été prévu dans le plan original. Tout ceci indique un certain archaisme qui se retrouve également dans les bases des colonnes avec leur tore aplati et leur griffe qui sont à rapprocher de celles de saint-Pierre-sur-Dives [18] et la sculpture des chapiteaux dans laquelle on décelle des réminiscences du chapiteau à godrons du siècle précédet

Dans tous les cas, les tailloirs se prolongent par une tablette qui ceinture le monument et reçoit les fenêtres hautes comme à l’extérieur. Ces tailloirs sont ornés dans le chœur d’une frette élégante.

L’arc triomphal possède lui aussi une décoration de chapiteaux et de tailloirs dont l’intrados est simplement décoré d’un chanfrein tandis qu’une moulure décore la face vers la nef. Les chapiteaux, sculptés de motifs floraux et de masques, relèvent de la décoration romane, marquant un retard caractéristique par rapport à la décoration de la Cathédrale Saint-Pierre de Lisieux, se rapprochant indéniablement de celle de Saint-Pierre-sur-Dives.

Les Charpentes

A Sainte-Marie-aux-Anglais on doit parler de charpentes au pluriel puisque nef et chœur ne procédant de la même technique de couvrement, chacune de ses parties possède un type de charpente approprié.

L’étude de celle du chœur à partir du dessin publié par de CAUMONT [19] – l’actuelle a été refaite dans les années 1960 sur un modèle très différent – montre, selon l’étude de François COTTIN [20], qu’il se serait agit d’une charpentes du milieu du XIIIe siècle, s’apparentant à celles des cathédrales de Bayeux et de Rouen ou à celle du château de Blois.

La charpente de la nef, charpente mixte à chevrons porteurs et fermes assemblés les uns et les autres sur trois sablières couronnant les murs goutterauxpour sa part, remonterait, quant à elle, à la première moitié du XIIIe siècle. Des jambettes et des liens cintrés – assemblés à queue d’aronde – donnent à l’ensemble une forme en plein cintre destinée à recevoir un lambrissage de merrain qui n’a jamais été ni remplacé ni réparé- tout au moins dans les parties subsistantes. La jonctions des ais de bois est masquée par un couvre-joint plat décoré de deux quarts-de-rond peints en rouge.
Ce merrain formant la voûte a été recouvert de peintures faites vraisemblablement à l’aide d’un canon [21].

Un petit clocher en bois couvert d’ardoises s’élève entre chœur et nef qui abritait une cloche dont nous parlerons plus avant.

Les fresques

Des fresques, nous l’avons vu en reproduisant la correspondance de de CAUMONT, décoraient les murs. Elles furent recouvertes, comme en beaucoup d’endroits, de ce badigeon blanc dispensé généreusement par les blanchisseurs du XVIIIe siècle, et par cela même en partie protégées. Cette décoration peinte recouvrait toute l’église [22], présentant en partie basse dans la nef des motifs de fausse pierre et au-dessus des scènes chevaleresques sans doute des XIVe et XVe siècles tandis que dans la partie haute du chœur se déroulent des sujets religieux: la Cène, la Passion du Christ, l’histoire de la Vierge, etc. Les couleurs dominantes sont d’abord le rouge d’ocre, puis le jaune, le bleu se voit aussi dans quelques parties. L’ensemble est traité avec beaucoup d’aisance, d’un simple trait, telle une esquisse.

MOBILIER

La désaffectation de l’église a entraîné la disparition quasi totale de son mobilier .

Cloche

A partir des publications du Dr BILLON  [23] et de Louis REGNIER de l’inscription de la cloche de cette église, le hasard nous a permis, voici près de trente ans, de la localiser dans le campanile de l’H“pital de Saint-Pierre-sur-Dives et [24]. Cette inscription rappelle le souvenir de Choron, le dernier seigneur de Sainte-Marie-aux-Anglais, dont nous aurons à reparler:

L’AN 1785 [25] J’AI ETE NOMMEE ROZALIE PAR LOUIS FELIX MARC D’AMBRY CONTROLEUR GENERAL DES FERME A CAEN et MARIE ROSAILE GEOFFROY EPOUSE DE MESSIRE ETIENNE LOUIS CHORON ECUYER CONSEILLER SECRETAIRE DU ROY DIRECTEUR GENERAL DES FERMES A CAEN – M.I.A. LAVILLETTE DE LISIEUX M’A FAITE – JEAN JAQUETE TRESORIER EN CHARGE.

Statuaire

Du côté de l’évangile, sous deux arcades paraissant avoir été pratiquées après coup dans l’épaisseur du mur [26] reposent deux gisants de pierre qui  ne semblent pas remonter au-delà du XIIIe siècle. Ce sont ceux sans doute de seigneurs locaux, les Sainte-Marie, sur lesquels nous possédons quelques renseignement remontant au XIIe siècle. L’une de ces statues représente un guerrier vêtu de sa cotte de mailles et de sa cotte d’armes, les jambes également maillées, les pieds éperonnés. Il porte, suspendu à gauche, son écu de forme aigu‰ par le bas, et son glaive à deux tranchants. Les mains sont croisées sur la poitrine, des anges supportent le coussin sur lequel repose la tête; un lion est sous les pieds.

L’autre statue est celle d’une femme, probablement l’épouse de ce guerrier; elle porte au-dessus de la cotte hardie, un surcot sans manches et fendu par devant. La main gauche tombe le long de la taille et paraît tenir un mouchoir ou un gant; l’autre bras est ployé et repose sur la poitrine. Cette statue est plus grossière que la précédente, elle dénote un ciseau moins exercé.

Tableaux

Au temps d’Arcisse de Caumont, l’un des deux autels secondaires possédait encore sa contretable décorée d’un tableau daté de 1574 et portant le nom  de Jacques LOUVET.

Essai de datation

Aucun document écrit ne subsiste concernant l’érection et l’édification de ces petites églises rurales élevées par les seigneurs laïques et leurs tenanciers et en cette absence, on ne peut proposer que des datations relatives, basées sur l’analyse des structures et des percements, l’examen stylistique, la nature et l’emploi des matériaux.

Près de deux siècles après les travaux de de CAUMONT, les études autorisant la datation de ces monuments de la transition à partir d’un large Corpus nous manquent encore à l’échelon régional, les ouvrages de RUPRICH-ROBERT ou d’ANFRAY, les articles généraux de L. SERBAT ou de E. LEFEVRE-PONTALIS [27] datent maintenant de près d’un siècle et n’atteignent nullement l’exhaustivité. Et, il faut le reconnaître, la recherche a peu avancé en ce domaine. Quoique relativement anciens, les excellents travaux de Louis REGNIER – auteur de la monographie de Sainte-Marie-aux-Anglais [28]  –  en particulier sur les églises du Vexin, travaux dans lesquels il tentait de faire la part des archaismes ou des conservatismes d’une part et des innovations d’autre part [29] restent toujours d’actualité, tout particulièrement en raison de leur précision descriptive. D’importants travaux récents sur l’architecture romane, tels ceux du Professeur MUSSET [30] et de ses élèves [31] ont été menés mais l’enquête de ces  étudiantes ne porte pas sur la totalité des monuments et les caractères spécifiques ne sont pas toujours mis en avant.

Pourtant, cette question nous concerne tout particulièrement car la Nor mandie, au centre de l’Empire des Plantagenêt, fut un terrain particulièrement fécond dans la création de l’art ogival et nous avons sous les yeux, une foule de petites églises, où suivant le cas, le modèle roman perdure [32] alors le style gothique perce au travers d’essais plus ou moins importants, ce qui rend d’autant plus délicate la proposition de datations fiables [33].

En ce qui concerne tout particulièrement Sainte-Marie-aux-Anglais, monument extérieurement très homogène, on s’accorde généralement pour fixer son édification aux dernières années du XIIe siècle, c’était l’opinion de Ch. VASSEUR et de Louis REGNIER, ce dernier s’appuyant sur la modénature des ogives et leur placement tandis que François COTTIN, au vu de la technique des charpentes y voyait pour sa part une construction ne remontant pas au-delà de la première moitié du XIIIe siècle pour la nef [34] et de la seconde moitié du même siècle pour le chœur.

Nous partageons l’analyse de Louis REGNIER reprise par Monsieur Lucien MUSSET et nous pensons que la date proposée par François COTTIN pour la nef est un peu basse et qu’il faudrait faire remonter la construction  des murs au troi sième quart du XIIe siècle. Par contre, en effet, le voûtement du chœur, les charpentes, une partie de la décoration murale et la statuaire peuvent être attribuée sans difficulté au XIIIe siècle.

L’histoire de l’architecture de nos églises n’a pas fini de susciter l’intérêt et l’on peut espérer que nombre d’entre elles, même les plus modestes, fassent l’objet d’une monographie. Les travaux d’Arcisse de Caumont et de ses amis restent souvent d’actualité, mais de multiples travaux nouveaux incitent à replacer nos études dans une optique plus large et un souci de la précision de la description dans l’esprit des analyses de L’Inventaire [35].

Michel COTTIN

ANNEXE

Les ateliers d’architecture entre Touques et Orne à la fin de l’époque romane.
En fait, si modeste soit-elle, l’église de Sainte-Marie-aux-Anglais pose problème car nous devons l’étudier en fonction des grands monuments et une de nombreuses petites églises rurales. Parmi les premiers, il nous faut classer la cathédrale de Lisieux [36], l’abbatiale de Saint-Pierre-sur- Dive [37] et les abbayes caennaises, tout en faisant l’impasse sur les grands monuments monastiques totalement disparus: Sainte-Barbe-en-Auge  [38], Saint-Désir-de-Lisieux [39], Troarn, Le Val-Richer, Fontenay, Barbery, etc. qui n’ont pu être sans influencer ces petites oeuvres rurales aussi.
Nous trouvons donc des oeuvres variées, parfois très curieuses, mais mal répertoriées à ce jour car se rattachant à de multiples types et sous-types. Contemporaines les unes des autres, pour la plupart, elles accusent de notables différences révélatrices d’ateliers distincts, les uns oeuvrant sous la direction de l’évêque ou des abbés, les autres, sans doute itinérants travaillant à la commande dans une zone comprise d’Ouest en Est, entre le Bessin et les avant-buttes d’Auge; et du Nord au Sud, de la Manche, au Sud de la Plaine de Caen.

Notre connaissance de la gestion de ces petits chantiers dus à des patrons, généralement laiques, [40], sont inexistantes, les seuls documents dont nous disposions concernant uniquement les grands chantiers ecclésiastiques [41]. .

A notre avis, l’influence lexovienne n’est nullement avérée et vraisemblablement les constructeurs – ici Arnoult, là Haimon – de ces grands monuments entourés sans doute d’une « loge » ne devaient pas participer à des petites oeuvres laïques. Tout au plus, la comparaison par Georges HUARD des bases de Lisieux au boudin applati avec celles de Saint-Pierre-sur-Dives au boudin épais, fort proches de celles de Sainte-Marie, laisse à supposer que l’influence est plus pétruvienne que lexovienne.

En l’absence d’une recherche d’ensemble [42], on peut proposer l’hypothèse de l’existence d’un certain nombre de courants qui parfois s’interpénètrent:

– Type à clochers à pyramides de pierre et hautes baies, simples ou géminées (Cuverville, Demouville,  Norrey-en-Bessin, Rouvres, Saint-Sylvain, Fierville, Condé-sur-Laison, Mézières)[43].

– Type à décoration d’arcatures [44] extérieures (Putot-en-Auge, Cintheaux, Moult, Ouézy, Ouville- la-Bien-Tournée, Saint-Laurent-de-Condel, etc.)

– Type à clocher-porche ou sans clocher de pierre: Cabourg, Lieury, Mittois, Sainte-Marie-aux-Anglais, Valsemé, Branville, Grainville-la-Campagne, etc.

L’église de Sainte-Marie-aux-Anglais se rattache à ce dernier type, dont la décoration fort discrètes, mais révélatrice de la transition de l’architecture romane à l’architecture gothique, est parfois d’ailleurs classée avec les premières. Parfois, mais ce n’est pas la règle, ces églises possèdent un chœur voûté
sur croisée d’ogives et n’offrent aucune décoration d’arcatures, conservant la tradition pré-romane des petites fenêtres en meurtrières.

CARTES POSTALES
Sainte-Marie-aux-Anglais – Eglise
Sainte-Marie-aux-Anglais – Manoir de sainte-Marie-aux-Anglais, XVIe siècle – » Le manoir, aujourd’hui richement restauré ». (Librairie-Papeterie Albert Grente, 10, rue Pont-Mortain – Lisieux)
Sainte-Marie-aux-Anglais – Domaine de Sainte-Marie-aux-Anglais (grande demeure de 8 travées avec porte dans la 4e traverse d’allège – bois droits – Six travées en profondeur – Toitures à 4 pans – Cheminées harpées, l’une parallèle au pignon, à la jonction des arêtiers et la seconde parallèle et en avant du faîtage. En arrière, grande cave à fromage. (J. Fillion, phot. édit. Lisieux)
Cesny-aux-Vignes – Ferme de l’Eglise (Fillion,édit., Lisieux)

[1] Auguste LONGNON, Pouillés de la province de Rouen, Paris, Imprimerie nationale, 1903.

[2] Les biens des églises avaient été saisis par Charles-Martel et une partie seulement restitués par Carloman et Pépin-le-Bref. Voir: Alain ERLANDE-BRANDENBURG, La Cathédrale, Paris, Fayard, s.d. (1989), pp. 79-80.

[3] Jean GAUDEMET, Les institutions ecclésiastiques en France du milieu du XIIe au début du XXIVe siècle, dans Ferdinand LOT et Robert FAWTIER, III.- Institutions ecclésiastiques, p. 205.

[4] Ainsi, dans une de ses lettres, Arnoul, évêque de Lisieux, peut écrire: « Ils m’accusent d’avoir dilapidé mon église moi qui lui ai acquis plus de 1.200 livres à perpétuité, qui en ai porté cinq cents dans le trésor… qui en ai augmenté de 600 livres de revenu la mense commune des chanoines… » Lettre d’Arnoult publiée dans le Spicilège, t. III, p. 511. Traduction de Brial.

[5] C. HIPPEAU, Dictionnaire topographique du Calvados, Paris, Imp. Nationale, 1883. Concernant Englesqueville-sur-Touques, voir la forme Anglica villa attestée en 1247: Querimonniae Normannorum anno 1247, Ed. Léopold Delisle in Recueil des historiens de la France, t. 24, 1ère partie, Paris, 1904, p. 4 et 7.

[6] François de BEAUREPAIRE, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, Picard, 1986.

[7] François de BEAUREPAIRE, Les noms des communes  et anciennes paroisses de la Seine-Maritime, Paris, Picard, 1979, pp. 29-30.

[8] François de BEAUREPAIRE, « Les noms d’Anglo-Saxons contenus dans la toponymie normande », Annales de Normandie, 1960, pp. 307-316; « Quelques finales anglo-saxonnes dans la toponymie normande », Annales de Normandie, 1963, pp. 219-236 ; Toponymie et évolution du peuplement sur le pourtour de la baie du Mont-Saint-Michel in Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, II, pp. 49-72; « Cherbourg, nom de lieu anglo-saxon », Revue de la Manche, 4, 1962, fasc. 14, pp. 191-193.

[9] François de BEAUREPAIRE, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, p. 68.

[10] Au vu de la seule table onomastique de LECHAUDE d’ANISY in MSAN, VII et VIII on remarque que ce patronyme est l’un des plus courants en Normandie aux XIIe et XIIIe siècle.

[11] Pour une bonne part des toponyme comportant le préfixe Anglais et le suffixe ville, nous avons des témoignages d’emploi parfois très ancien tandis que dans ce cas, la première mention, à notre connaissance ne remonte qu’au XIIIe siècle. Voir la charte de 1277 citée par C. HIPPEAU, Dict. topographique, 1883, p. 259.

[12] Cf. Bull. mon, XIV, 1848, p. 484.

[13] Bull. mon, 4e série, t. II, 32, 1866, p. 585 .

[14] Quelques constructions parasites ont été démolies au siècles dernier.

[15] Voir à ce sujet le travail de Georges BOUET, Analyse architecture de l’abbaye de Saint-Etienne de Caen, Caen, Le Blanc-Hardel, 1868, pp. 17, 46-47, 60-61, etc. Cet auteur est l’un des tous premiers à signaler l’importance de ce détail pour la datation des constructions.

[16] Les récentes recherches sur les carrières, l’extraction et la taille de pierre attendent une synthèse, mais dans l’espace lexovien, ce sujet est pratiquement vierge pour cette époque. Dans un travail en préparation sur Pont-l’Evêque, nous avons particulièrement étudié ce sujet.

[17] Sur cette décoration, voir: René FAGE, « La décoration géométrique dans l’école romane de Normandie », CAF, 1908, II, pp. 615-633.

[18] Voir à ce sujet Georges HUARD, La cathédrale de Lisieux aux XIIe et XIIIe siècles dans  Etudes Lexoviennes, II, p. 15.

[19] Bulletin mon. de 1866, p. 588.

[20] Cette étude, présentée à la Société Historique de Lisieux le 24 novembre 1959, fit l’objet d’un résumé publié dans le BSHL, 1959-196O, Nø 3O, pp. 42-43.

[21] Nom local relevé par François COTTIN, des pochoirs destinés à ce type de décoration peinte.

[22] DEUne partie de la décoration du chœur a été reproduite par les spécialistes du Musée des Monuments Français – Voir Paul DESCHAMPS et M. THIBOUT, La peinture murale en France au début de l’époque gothique, Paris, 1965, pp. 66-68.

[23] Bull. mon., 27, 1860, p. 569.

[24] Billon avait lu la date de 1785, date qu’il s’agirait de vérifier.

[25] M. Henri VAUTORTE, alors Maire de saint-Pierre-sur-Dives, nous en avait très aimablement vérifié l’inscription et avait pour sa part relevé la date de 1783.

[26] Il s’agissait là d’une pratique assez courante dans la région que l’on retrouve à Vieux-Pont, aux Authieux-Papion, à Launay-sur-Calonne, etc. mais généralement, les gisants ont disparu.

[27] L. SERBAT, Guide du Congrès de Caen, in CAF, 1908 et E. LEFEVRE-PONTALIS,  » Les clochers du Calvados « , Bull. mon., 75, 1908,2, pp. 652-684

[28] Louis REGNIER, « L’église de Sainte-Marie-aux-Anglais (Calvados) », Bull. mon., 1903, pp. 205-231, ill.; t. à p.: Caen, Delesques, 1903, 31 p., ill.

[29] Sur cette question, voir en dernier lieu : Willibald SAUERLANDER et Jacques HENRIET, Le monde gothique . Le siècle des cathédrales 1140-1260 Paris, Gallimard, 1989, 464 p. 427 ill. ( Coll. L’univers des formes) et la critique de Anne PRACHE, in  Bull. mon., 146-IV, 1990, pp. 447-448 .

[30] Lucien MUSSET, Normandie romane, La Pierre Qui Vire, Zodiaque, t. II.

[31] Martine TREUIL-DEMARS et Annie-France BELZIC, Les églises romanes du Nord du Pays d’Auge . Mémoi re maîtrise, Université de Caen, 1975 ; pp. 19-28 ; Isabelle BASTIDE, Les églises romanes du Sud  du Pays d’Auge, Mémoire de Maîtrise sous la dir. du Prof. Musset, septembre 1976.

[32] C’est d’ailleurs le cas à Sainte-Marie où l’arc ogival de la porte latérale présente un décor roman de bâtons brisés.

[33]  Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet dans une note sur « Les ateliers d’architecture entre Touques et Orne à la fin de l’époque romane ».

[34] Il étayait son jugement en faisant remarquer que les maçonneries n’avaient pu rester plusieurs décennies sans couvrement et qu’il ne paraissait pas possible de dater les oeuvres de charpenterie du XIIe siècle. Il y a là, en effet, un point resté sans réponse.

[35] C’est l’objet de la collection en cours de paruion dont le premier tome  contient quelques apreçus nouveaux sur la question: M. BIDEAULT et C. LAUTIER, Ile-de-France gothique. Les églises de la vallée de l’Oise et du Beauvaisis, Paris, Picard, 1987, 400 p., 280 ill.

[36] Voir entre autres l’étude Alain ERLANDE- BRANDEBURG, « La cathédrale de Lisieux, les campagnes de construction », CAF, 135, 1974.

[37] Outre la notice de Arcisse de CAUMONT dans sa Statistique monumentale, voir : Elisabeth GAUTIER-DESVAUX –  » Saint-Pierre-sur-Dives « , CAF, 132, 1974, pp. 188-214.

[38] Sur cette église dont la trace se lit très nettement sur les photographies aériennes, voir les travaux en cours de M. FOUQUES.

[39] Voir les travaux de Georges-Abel SIMON et de François COTTIN, « L’abbaye bénédictine de Notre-Dame-du-Pré-lès-Lisieux d’après les dernières fouilles » BSHLx., 1930-1940, pp. 16-26; et t. à p.: Caen, Ozanne, s.d., 11 p., 1 pl. h.t.

[40] L’ouvrage de Bernard BECK, Quand les Normands bâtissaient leurs églises, 15 siècles de vie des hommes, d’histoire et d’architecture religieuse dans la Manche, Coutances, OCEP, 1981, 185 x 230, 204 p. ill. couv. ill., comme son titre l’indique concerne surtout la Manche et les mentions de constructions par des patrons laïques ne remontent pas au delà du XVe siècle.

[41] Sur la cathédrale de Lisieux, voir les documents analysés par George HUARD, La cathédrale de Lisieux aux XIe ey XIIe siècles in Etudes lexoviennes, II, 1919, pp. 1-36.; sur l’abbatiale de Saint-Pierre-sur-Di ve, voir les différentes éditions de la lettre d’Haimon et la traduction de l’abbé J. DENIS, L’église de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives en 1148. Lettre de l’abbé Haimon sur les circonstances merveilleuses qui ont accompagné la construction de cet édifice, précédée d’une notice historique sur l’abbaye, Caen, Chénel, 1867, plan.

[42] Il serait intéressant de cartographier ces divers types de constructions et de rechercher leurs liens avec les grands établissements monastiques de la région: Saint-Pierre-sur-Dives, Troarn, Barbery, Saint-Martin-de-Fontenay et les abbayes caennaises.

[43] Les travaux de E. LEFEVRE-PONTALIS sur « Les clochers du Calvados », CAF, 1908, pp. 652-684, ill. – ont été repris par Denise JALABERT, Clochers de France, Paris, Picard, 1968, ix-101 p. mais certaines de ses analyses ne doivent être acceptées qu’avec la plus extrême réserve.

[44] Cf. Pierre HELIOT, « Les arcatures décoratives sur les murs des églises romanes en Normandie et leur influence », Annales de Normandie, XVII, 3-1967, pp. 187-222.

2 – Notes de Dominique FOURNIER:

Sainte-Marie-aux-Anglais, ancienne paroisse puis commune, réunie en 1973 au Mesnil-Mauger.

— ♗ Dioc. de Lisieux, archid. d’Auge, doy. du Mesnil-Mauger; par. de Sainte-Marie, patr. le seigneur, Gaufridus Sancte Marie vers 1350, puis le prieur de Sainte-Barbe-en-Auge aux 17e et 18e s.
— ♔ Gén. d’Alençon, él. de Falaise, serg. de Saint-Pierre-sur-Dives.
— Distr. de Lisieux (1790-1795), arr. de Lisieux (1800); cn de Mézidon (1790), Mézidon-Canon (1972).
— ❖ Commune accrue le 14 décembre 1836 de celles de Doux-Marais et de Saint-Maclou.

Attestations :

Hugo de Sancta Maria f-12e s PAG 32a § I, Paien de Sainte Marie 1261/1266 RDBR 119, Sancta Maria Anglica s.d. SMC III 492, Sancta Maria ad Anglicos 1277 CNo 214a § 900, parrochia […] Sancte Marie ad Anglicos 1302 PAG 35a § VII, Paien de Sainte Marie 1312 CGB 30 § 160, Gaufridus Sancte Marie; ecclesia Beate Marie ad Anglicos ~1350 PDL 257C, Saincte Marie es Angloiz 1450 ANDG 276 § XLVI, Sainte Marie es Anglois 1469 ANDG 289 § LIII, ecclesia B. M. ad Anglicos 16e s. PLXDF liv, Scte Marye aulx Angloys 1562 JSG II 769, Ste. Marie aux Anglois 1612/1636 EPEN, Sainte Marie1640 RFBC 41a, Nostre Dame ad Anglicos 1648 BEL 24, S.t Martin aux Anglois [sic] 1667 CGN, Ste Marie aux Anglois 1677 RGEP, Ste Marie 1709 DR II 92b, Ste Marie aux Anglois 1713 DG, S Martin [sic] 1716 CDN, Ste Marie aux Anglois 1718 DDS, S. Martin aux Anglois [sic] 1719 GGN, S. Marie aux Anglois1720 CTN-2, CPdA, Sainte Marie aux Anglois 1735 NDR 83a, Ste Marie aux Ang. 1730/1739 CTDLD, S. Martin aux Anglois [sic] 1751 GGNB, 1758 CGDN,Ste Marie aux Anglais [lire sans doute Anglois] 1760 ERB, Ste Marie aux Anglois 1753/1785 CC, Sainte Marie aux Anglais 1793 SC, Ste Marie aux Anglois1790/1795 DL, Sainte-Marie-aux-Anglais 1801 BLRF, 1802 DPAL III 167b, Ste.-Marie-aux-Anglais 1804 DUF IV 700c, Ste Marie Aux Anglais ~1812 CN,Ste.-Marie-Aux-Anglais 1828 IDN 503, Ste.-Marie-aux-Anglais 1830 DUGP II 106b, 1837 DGU II 152b, Ste Marie aux Anglais 1840 CTCM, Ste-Marie-aux-Anglais 1843 ADDC 323, Sainte-Marie-aux-Anglais 1844 PLXDF lv, 1845 HDL II 423, Ste Marie-aux Anglais 1835/1845 EM, Ste Marie 1854 ANI, Sainte-Marie-aux-Anglais 1876 ALPE 97, 1880 GDC 64b, 1883 DTC, Ste Marie-aux-Anglais 1884 CADL, Sainte-Marie-aux-Anglais 1903 PPR, Ste-Marie-aux-Anglais 1921 AL 276b, Sainte-Marie-aux-Anglais 1939 AL 422a, 1946 INSEE, Ste-Marie-aux-Anglais 1962 ADN, 1982 IGN, Sainte Marie aux Anglais 1982, 2012 PTT, Ste-Marie aux Anglais 2012 IGN.

Étymologie : toponyme médiéval formé d’après la dédicace de l’église paroissiale à sainte Marie, attestée à la fin du 12e siècle. Le déterminant -aux-Anglais semble faire allusion à un peuplement local originaire d’outre-Manche, mais aucun document historique ne vient confirmer ce fait. Arcisse de Caumont cite, hélas sans source ni date 1, une forme latinisée Sancta Maria Anglica, “Sainte-Marie-l’Anglaise”, qui va dans ce sens. L’ethnonyme semble plus probable ici qu’un nom de famille Langlois, qui ne peut cependant être exclu a priori.

3 – BIBLIOGRAPHIE:

AUMASSON Xavier, dans Bulletin de l’Association provinciale des architectes français, supplément au nø du 15 décembre 1902 – Lyon, Imp. Waltener et Cie,

BASTIDE Isabelle, Les églises romanes du Sud  du Pays d’Auge, Mémoire de Maîtrise sous la dir. du Prof. Musset, septembre 1976, pp. 60-80 et pl. 66-79
sources citées : AD. Calvados :
Série O
Série F. Don Masselin – Notes d’Eugène Simon, t. V,59-64 et 212-217

BILLON Dr, BM, t. XIII-1846 (1847) – p. 192: tombeaux

BOUCREL Marie-Thérèse,  » La ‘Danse Macabre’, étude littéraire et iconographique « , Ecole des Chartes,, Positions des thèses de la promotion 1937, p. 5-12

(Note d’Yves NEDELEC: « mention d’une Danse macabre disparue à Sainte-Marie aux-Anglais

CAUMONT Arcisse de, « Eglise romane de Sainte-Marie-aux-Anglais, BM, t. XIII-1846 (1847) – (p. 121: église romane, fresques, pierres tombales, autels, statues – Demande de conservation); p. 557 : promesse de subventions de la SFA et de la Soc. D’Emulation de Lisieux; p. 629 : Commune rattachée à celle du Doux-Marais;
CAUMONT Arcisse de, Bull. mon., t. XV-1848 (1849) – pp. 438-440: reproduction extérieure, intérieur du chœur – Eglise classée; pp. 488: Dégradations.
CAUMONT Arcisse de, Bull. mon., t. XVI-1849 (1850) : pp. 593-594: tombeaux, fig.
CAUMONT Arcisse de, Bull. mon., t. XXII-1855 (1856), p. 636 : Félicitations à M de la Porte de Lisieux, qui a payé 3.000 F. la réparation de l’église auxquels s’est ajoutée la somme de 200 F. par la SFA.
CAUMONT Arcisse de, Bull. mon., t. XXVII-1860 (1861), p. 569 : épigraphie campanaire, cloche de 1785
CAUMONT Arcisse de, Bull. mon., t. XXXII-1865 (1866), pp. 586-592 : description générale, reproduction des lambris, élévation des fermes des deux charpentes, inscriptions XIIIe siècle, contretable ornée d’un tableau XVIe siècle
CAUMONT Arcisse de, Statistique monumentale, t. V, pp. 492-500, ill.

CAF., 1870, pp. 110-113, fig.

COTTIN François, L’Eglise de Sainte-Marie-aux-Anglais, Communication à la SHL, 24 novembre 1959

COTTIN Michel, L’église de Sainte-Marie-aux-Anglais, présentation aux membres de l’Association Le Pays d’Auge (1992)

LE PREVOST Auguste, Pouillé de Lisieux, pp. 46-47

MUSSET Lucien, Normandie romane, I,  La Pierre Qui Vire, Zodiaque, 1967-1974 ; I, 3e édit. 1987 ;I, pp. 305-306, pl. 140 à 143

NEDELEC Yves,  » L’église de Sainte-Marie-Aux-Anglais « ,  Société d’archéologie et d’histoire de la Manche – Mélanges multigraphiés, 10e série, 1981, pp. 221-222

PELLERIN Henri, « L’église de Sainte-Marie-aux-Anglais », PAR, 20, Nø 8, Août 1970

REGNIER Louis, « L’église de Sainte-Marie-aux-Anglais (Calvados) », Bull. mon., 1903, pp. 205-231, ill.; t. à p.: Caen, Delesques, 1903, 31 p., ill., 6 pl. h.t.; BSAN, XXVII – 1902-1905 (1909), pp. 41-68, ill.

VASSEUR Charles, voir « Doyenné de Mesnil-Mauger »

Voir:
Congrès archéologique 1848 p.91
Bulletin Monumental 1866 p.585.
Musée de Caen p.102 n°534.
Viollet le Duc – Dictionnaire d’Architecture V P172.
Congrès archéologique de 1870 p.109.
A B C – I – p.95 vue du côté nord de l’église.
p.347 vue des deux pierres tumulaires.
p.226 vue intérieure avec des peintures murales
Bulletin monumental 1852 p.628
Bordeaux – Serrurerie p.75
d’Hozier 518.

4 – Pièces Justificatives:

1407 – 11 septembre
Information de Guillaume Le Diacre, vicomte de Falaise, sur l’âge de Guillaume Le Gras, né à Sainte-Marie-aux-Anglais vers 1378, pour la mise hors de garde noble de sa femme Perrote de Forges,née vers 1382-1383, fille de Roger de Forges, dit Becquet, chevalier mort au dernier voyage de Flandres, qui est en la garde du roi comme héritière de ses frères et possède les fiefs d’Olendon, de sassy, de Ranville, de Launay (commune de Blangy-le-Château), une fiefferme à Banneville (canton de Villers-Bocage), deux vavassories à Rouvres et une maison à Caen.
= Arch. nat. Dom Lenoir, 5, pp. 359-360.
+ IND. M. NORTIER, Cahiers L. Delisle – XVIII, fasc. 3-4, 1969, p. 21.

1604 – 3 février – Sainte-Marie-aux-Anglais
Jehan de Drosay – écuyer – sieur de Sainte-Marie-aux-Anglais – reconnaît être tenu faire à Jacques Dastin – sieur de Saint-Laurent-du-Bois-Normand – 167 livres 7 sols de rente
= Arch. M.C. Fonds et analyse Et. Deville – minute papier

1610   15 janvier
Archives SHL 1F621 : 15 janvier 1610 : Avis du Garde des sceaux de la vicomté ­ de Falaise : contrat entre Jehan de Drosey de Ste Marie aux­  Anglais et Jacques de Courcy patron de Magny pour une rente à­  Julien de Beaurepère, sieur de Jort et de Pierrefitte.

1610
Carnets de Charles Vasseur: « Analyses et transcriptions… » HH 2
Parchemins destinés à la destruction, provenant de chez CHATELET père,
paraissant provenir de chez Monsieur BOUDARD, receveur de l’Evêque (février 1860)

101- 15 janvier 1610
Quittance donnée par Noble Homme Jean de DROSEY, sieur et patron de SAINTE-MARIE-AUX-ENGLOIS à Noble Homme Jacques de COURCY, sieur et patron et MAGNY, pour la somme de 1400 livres, moyennant laquelle il reste chargé de 100 livres de rente envers Noble Homme Julien de BEAUREPERE, sieur de JORT et de PIERREFITTE.
Témoins : Noble Homme Charles DUROUIL, sieur de LAROULLIERE, Messire Isaac CHARLOT, escuyer, licencié en loys, avocat, sieur de BOISSET.
107 – 26 aôut 1638
Acte par lequel Esmes de BERNIERE escuyer, sieur de DOUMARESQ, Jean de
BERNIERE, escuyer – sieur de VAUX, et Messire Salomon MANCHON; sieur de la NOE, s’obligent envers Jean de PAULMIER, escuyer – sieur de VENDEUVRE, Jean de PAULMIER, escuyer – sieur de TILLY et Damoiselle Anne de PAULMIER, veuve de feu Roulland de COUREY, vivant escuyer, sieur et patron de MAGNY, de les décharger envers Renée de la HAYE, veuve de feu Messire Jacques LE BOUCHER vivant – sieur de MENILLE – de 50 livres de rente constituée par contrat de…….
HH 6    172 à 180
p.8/179 – 12 février 1622
Vente faite par Nobles Hommes Edmes de BERNIERES, sieur du Doul-Maresq, Jacques de COUREY sieur de MAGNY-la-CAMPAGNE, Jean de COUREY, sieur de VALLEE et Jacques POUTREL, à Noble Homme Pierre COSTANT, sieur de BISSIERES, de 100 livres de rente constituée sur eux par le capital de 1400 livres.
Témoins : Noble Homme Jean PICOT, sieur de PERCY, etc…..

1616
H 1 PARCHEMINS ET PAPIERS ACHETES PAR MONSIEUR PANNIER CHEZ LA FEMME GRANDVAL FRIPIERE  PROVENANT DE LA FEMME HARDOUIN DE PRESTREVILLE
1616 13 juin, page 117
Noble Homme Jehan Leprévost, sieur des Partz de la paroisse de Mesnil-Mauger et Noble Homme François Leprévost, sieur des Petitz Prais au Douls Marescq.

5 – ARCHIVES ShL:

SAINTE MARIE AUX ANGLAIS (9)
Sainte Marie aux Anglais – B.M ad Anglicos.

Sous l’invocation de Notre Dame

Patronage :
XIVe: Gaufridus S. Mario
XVIe: dominus loci,
XVIIIe: prieur de Ste Barbe.

Curés:
Auzouf 1764/1774,
Hubert 1785/1787.
Insinuations:
En 1751 lors de la déclaration des bénéfices, le curé qui avait droit à toutes les dîmes se nommait François Ouzouf et le patron se nommait Claude de Mathan.
Vase de la renaissance en terre cuite coloriée, trouvé en terre à Ste Marie aux Anglais, doit dater des premières années du XVIIIe siècle.
Description de l’église du 17 avril 1856 par Pannier
Description de l’église 1847 par de Caumont

Description de la cloche:
L’an 1785 nomme Marie Rosalie par Louis Félix Marc Dambry, contrôleur général des fermes au département de Caen et Marie Rosalie Geoffroy, épouse de Messire Etienne Louis Choron, écuyer conseiller secrétaire du Roy, directeur général des fermes à Caen.
M.J.A Lavillette de Lisieux m’a faite ;
Jean Jaquete trésorier en charge.
Description du château par Pannier.
Jean de Drosay, sieur de Ste Marie aux Anglais professeur de l’Université de Caen, mort vers le milieu du XVIe siècle.
Jean de Drosay, sieur de Ste Marie aux Anglais fut promeu au degré de Docteur es Droits et par lui fut escrit et composé un livre   … suite en latin
Jean Acard, curé de Ste Marie aux Anglais – d’argent au lion de gueules (d’Hozier n°266)
Messire Jean Drosay de Ste Marie aux A,nglais, reconnu noble par Montfaut en 1463.
L’un de ses descendants du même nom de Jean et aussi seigneur de Ste Marie aux Anglais, fut professeur de jurisprudence à l’Université de Caen ; il est l’auteur d’une Grammaire hébraïque, grecque, latine et française, publiée en 1544, et d’une Méthode pour apprendre le droit selon l’esprit de Justinien. Il mourut vers le milieu du XVIe siècle.
On trouve au XVIIIe siècle, la famille de Mathan en possession de Ste Marie, Anne Marie de Mathan, fille de Jean Joseph, seigneur et patron de Pierrefitte e de Ste Marie aux Anglais, épousa en 1728 Jean Jacques Charles le Alière ou (Libière ?), écuyer, baron de Petitville, d’une famille anoblie en 1697 ; elle mourut en 1742 dans laisser de postérité.
En 1751 Claude de Mathen était également patron de Ste Marie
Est-ce un membre de cette même famille qui repose sous la pierre tumulaire que l’on voit encore dans le chœur de l’église ? Les armes de la famille d Mathan qui sont de gueules à 2 jumelles (?) d’or et un lion passant en chef de même, paraissent identiques à celles que l’on distingue encore sur la pierre.
Avant la Révolution de 1793 cette terre aurait appartenu à un Monsieur Dambry, contrôleur général des fermes à Caen, dont le nom se trouve dans l’inscription de la cloche. Mais cette cloche est-elle bien celle de Ste Marie et en outre cette tradition est-elle fondée ?
Alexandre Etienne Choron né en 1771 à Caen, mort à Paris en 1834. musicien distingué.

STATISTIQUE MONUMENTALE DU CALVADOS PAR ARCISSE DE CAUMONT

Ste-Marie-aux-Anglais, Sancta Maria Anglica.

L’église de Ste-Marie est, sans contredit, une des mieux conservées et des plus curieuses de l’ancien diocèse de Lisieux. Le choeur et la nef appartenaient en entier au style roman et n’ont subi presque aucune altération depuis leur origine. Le plan, conforme à celui d’un grand nombre d’églises rurales, présente deux corps allongés : l’un (le choeur) plus étroit que l’autre et moins long, tous deux terminés par un mur droit. La sacristie, appuyée sur le chevet, est, en effet, une addition très-moderne et d’une construction fort différente du reste.
La façade occidentale de la nef présente une porte romane dont l’archivolte est ornée de zig-zag multiples. Au dessus, trois fenêtres cintrées, sans colonnes ni moulures, occupent le diamètre de la façade.
Des fenêtres de même forme et de petite dimension se voient dans les murs latéraux.
Le choeur est voûté en pierre.
Dans la nef, les planches en merrain qui forment le contour apparent de la voûte ont été couvertes de peintures, faites vraisemblablement à l’aide d’un canon, suivant le procédé que j’ai indiqué dans mon Abécédaire d’archéologie, p. 657 de la 4. édition.
La disposition des charpentes de la nef est indiquée dans l’esquisse. Celle du choeur, au-dessus des voûtes en pierre, par cette autre coupe.
Dans le petit clocher en bois couvert d’ardoise, élevé entre choeur et nef, existe une cloche qui a été nommée, au siècle dernier, par Choron, seigneur de la paroisse; c’était le père de l’illustre musicien Choron, qui est né à Caen en 1771.
Dans le mur latéral du nord qui fait face à l’ancien manoir et se trouve du côté du chemin, existe une porte très élégante, dont l’archivolte porte des tores conduits en zigzag et dessinant des losanges. Sur les pierres qui forment le tympan de celle entrée on lit, en caractères majuscules gothiques, les mots suivants : + Pierres : Revel : le.

Le même prénom, écrit en lettres absolument de même forme, Pierres: se trouve gravé sur le larmier qui surmonte le chapiteau d’une des colonnes de la porte occidentale; cette écriture paraît au moins du XIVe siècle.
Les modillons sont très-bien conservés et tout est intact du côté du nord ; du côté du sud, on a refait deux fenêtres vers la fin du XVe siècle : l’une dans la nef, l’autre dans le choeur.
Ce dernier offre, du même côté (sud), une porte cintrée sans moulures, sauf pourtant la pierre formant la clef de la voûte sur laquelle on voit une espèce de palmette perlée.
L’intérieur de l’église présente plusieurs genres d’intérêt.
D’abord, les chapiteaux des colonnes ont tous une forme élégante et une décoration végétale annonçant le XIIe siècle; le tailloir qui les surmonte est, dans le choeur orné d’une frette élégante en zig-zag. L’arcade entre choeur et nef est en arc brisé et dénote, comme les chapiteaux, l’époque de transition.
Les fresques qui décoraient les murs attirent à juste titre l’attention de l’observateur; elles ont été, comme partout, couvertes d’une épaisse couche de chaux étendue par un barbouilleur de village, dont le pinceau paraît avoir été un balai; mais quelques parties de cet enduit sont détachées ; d’autres ont été enlevées par les curieux, et l’on a pu reconnaître que toute l’église était peinte à la détrempe et présentait une suite de sujets. Les couleurs dominantes de ces figures sont, d’abord le rouge d’ocre, puis le jaune ; le bleu se voit aussi dans quelques parties. Ce qui m’a paru remarquable, c’est la simplicité du travail qui ne consiste guère, pour quelques personnages, que dans une esquisse, et qui pourtant produit un certain effet.
Nous sommes parvenus, M. Pelfresne, M. Victor Petit, M. Renault et moi, à faire tomber la plus grande partie de l’épais badigeon qui recouvrait les fresques que j’avais précédemment signalées dans le choeur. Nous avons pu reconnaître, sur le mur du côté de l’évangile, la représentation de la Cène, et sur le mur faisant face à l’autel, au-dessus de l’arc triomphal, le Christ et deux autres personnages.
Quoique classée au nombre des monuments historiques, l’église de Ste-Marie-aux-Anglais s’était très-compromise ; et sans les travaux qui y ont été faits et que l’on doit au dévouement de M. Billon et de M. de La Porte, propriétaire du château voisin, travaux auxquels a pris part aussi la Société française d’archéologie,un craquement considérable qui s’est manifesté dans les murs latéraux du sanctuaire aurait fait des progrès effrayants. La Société a contribué aux frais pour 200 fr. Mais M. de La Porte a fourni une somme beaucoup plus considérable pour l’accomplissement de ces travaux : la Société française d’archéologie lui a voté des remerciements. nous espérons que le tirant qui a été établi arrêtera le progrès du mal. Il reste encore des réparations à faire.
Deux statues tumulaires se voient du côté de l’évangile, sous deux arcades qui semblent avoir été pratiquées après coup dans l’épaisseur du mur ; ces statues me paraissent du XIIIe siècle, et je n’ai aucuns renseignements sur les seigneurs qu’elles représentent ; mais ce sont des seigneurs de la paroisse. L’une offre l’image d’un guerrier vêtu de sa cotte de mailles et de sa cotte d’armes, les jambes également maillées, les pieds éperonnés. Il porte suspendu, à gauche, son écu de forme aiguë par le bas, et son glaive à deux tranchants. Les mains sont croisées sur la poitrine ; des anges supportent le coussin sur lequel repose la tête; un lion est sous les pieds.
L’autre statue est celle d’une femme, probablement l’épouse de ce guerrier; elle porte, au-dessus de la cotte hardie, un surcot sans manches et fendu par devant. La main gauche tombe le long de la taille et paraît tenir un mouchoir ou un gant; l’autre bras est ployé et repose sur la poitrine. Cette statue est plus grossière que la précédente, elle dénote un ciseau moins exercé.
Deux autels existent à droite et à gauche de l’entrée du choeur, ils sont en pierre. L’un d’eux a son contre-retable orné d’un tableau, donné en 1574 par Jacques Louvet.

Manoir.
— Au nord de l’église est un manoir, dont le côté droit est très-élégant, offrant au centre une tourelle à pans servant d’escalier et des fenêtres à croisées de pierre. Ce manoir, auquel la rivière de Viette pouvait servir de défense d’un côté, a appartenu à plusieurs familles; il était, en dernier lieu, la propriété des héritiers de Mme de Séligny, desquels M. de La Porte, de Lisieux, membre de l’Association normande, doit l’avoir acheté.
On distingue sur la porte d’entrée de la tourelle un écusson mutilé. Les salles du rez-de-chaussée ont été peintes au commencement du XVIIIe siècle. M. Bouet a dessiné quelques écussons, plus ou moins effacés, à l’intérieur du château.
La pièce au sommet de la tour a été pavée en briques émaillées.
Sur l’appui d’une des lucarnes de la partie moderne du château 011 a replacé cette devise, en caractères gothiques :
UNG BON VOULOIR
L’esquisse (page 501) donne une idée de l’extérieur de ce manoir, du côté le plus ancien.

ROIVILLE



NOTES sur ROIVILLE – 61

Ancien fichier ROIVILLE.SPR

28 – Roiville, et. de Vimoutiers, Orne
-Roevilla, 1 141-1182 .(Adigard des Gautries, Nomina Germanica, Lund, 1954.)
En 1924 (J. Adigard des Gautries « Étude sur les noms de lieu d’origine Scandinave
de l’arrondissement d’Argentan
), Adigard voyait dans ce toponyme le nom d’homme
Scandinave (H)rôi mais il l’écartait trente ans plus tard (J. Adigard des Gautries, Nomina…,) au motif que
ce nom « aurait pris [en Normandie] la forme latine *Roo et n’aurait pu donner en composition toponymique que *RoviIla ». Or 197 pages plus loin il écrit que « en composition toponymique, / […] a pris de
bonne heure dans la grande majorité des cas, la forme e », ce qui
contredit exactement l’assertion précédente et conduit à donner raison
à l’ Adigard de 1924 contre celui de 1954 et à considérer que Hrôi est
en effet l’étymon probable de Royville.

1 – Histoire de  Roiville.
2 – Manoir de Roiville
3 – Pièces Justificatives
4 – Notes Bibliographiques
5 – Bibliographie
6 – Carnets de Charles VASSEUR.

1 – Histoire de  Roiville:

Michel COTTIN – 1995

Parmi tous les manoirs du Pays d’Auge, le Mesnil de Roiville mérite pour ses qualités architecturales d’être sérieusement étudié [1] car sa construction, un prodige d’équilibre et de proportion, réclame toute notre admiration si l’on songe qu’elle fut l’œuvre d’au moins trois générations. En cela il réunit tout ce qui constitue la puissance créatrice – innée ou raisonnée – des maîtres d’œuvres de la fin du Moyen Age qui profitant de structures étonnamment modulables transformaient à l’infini les volumes anciens: c’est là toute la force et la faiblesse de notre patrimoine.

Son histoire, comme celle de tous les domaines démembrés, est faite de bribes, d’éléments disparates difficiles à relier les uns aux autres. Et ce n’est pas l’un des moindres mérites du grand chercheur que fut Xavier ROUSSEAU que d’avoir tenté d’ordonner les rares données disponibles.

Enfin sa conservation tient du miracle. Parvenu à l’état de ruines par plus d’un quart de siècle d’abandon, précédé sans doute d’autant de négligence, il nous apparaît aujourd’hui comme une œuvre éternelle et achevée.

HISTORIQUE

Toponymie [2]

Outre cette paroisse de Saint-Saturnin-de-Roiville – appelée aussi Roiville-sur-Vie au XIXe siècle [3] on trouve aussi en Normandie la commune de Royville, Arr. de Dieppe, canton de Bacqueville,  dénommée au XIXe siècle Roiville-sur-Saane [4]

Les formes anciennes de ce toponyme sont nombreuses: tout d’abord, Roieville, qui apparaît dans le Cartulaire de 1237 de Saint-Wandrille; puis nous trouvons la forme Raucavilla dans la charte de 1261 en faveur du Chapitre de Lisieux [5] et enfin Roueville en 1579 [6]. Louis DUVAL reprend les deux premières mentions et y ajoute la forme Roilvilla relevée dans Orderic Vital, [7], mais pour cette dernière, les faits rapportés par le moine-chroniqueur montrent qu’il s’agit de Réville [8]. Enfin, au XVe siècle on trouve la forme Revilla [9] et en 1576, celle de Roueville [10].

Ferdinand LOT, [11] attribue la forme proche de Roevilla à Rouville, Arr. du Havre, canton de Bolbec, comme le fait d’ailleurs François de BEAUREPAIRE [12], mais aussi à Royville (canton de Bacqueville) – « Roeville 1142 (ferme isolée), Roinville, Roiville formes attestées du XIIIe au XVe siècle ».

Concernant le sens et l’évolution du toponyme Roiville, voici ce qu’en écrit Dominique FOURNIER « Marie-Thérèse MORLET [13] « Roiville, Orne (Roevilla 1141-1182 (forme citée par Adigard des GAUTRIES), Roreville (pour  Roievilla) début XIIe siècle (ss. réf.), Il s’agit… de l’emploi adjectival du nom de personne germanique Hrodo (dérivé de hrod-, gloire) préfixé à villa, »domaine rural ».

« Ernest NEGRE [14]: mêmes formes, mêmes sources, même interprétation (renvoi à Marie-Thérèse MORLET), à ceci près qu’il précise que le nom de personne donne lieu à une forme adjectivale en -a (Hroda, accordé avec villa). En effet, un étymon « Hrodovilla aboutirait à Roville.

« Le cheminement est donc le suivant: NP Hrodo + a > « Hroda + villa > (Hrodavilla), « le domaine rural de Hrodo », qui aboutit tout régulièrement, vers le Xe siècle, après la chute de d intervocalique, à Roeville (noté sous la forme latinisée de Roevilla); les voyelles o et e forment un hiatus bientôt résolu par une semi-voyelle de transition – y -, d’où Roieville puis après la chute de l’e muet, Roiville

La forme Raucavilla est étrange; si elle ne correspond pas à une mauvaise latinisation toujours possible, elle correspond probablement à un autre nom de lieu ».

Ce toponyme d’origine romane, formé à l’époque franque [15] est en relation avec ce que nous connaissons de la dédicace des églises à saint Saturnin [16] évêque de Toulouse [17] – ou carolingienne [18] « avant le Xe siècle, pour que le d intervocalique de Hroda puisse tomber, le phénomène est achevé à la fin du IXe siècle [19].

Il existe bien entendu quelques marques ténues d’un peuplement antérieur dans cette zone, marquée entre autres par le passage de voies antiques – celle de Lisieux à Sées par Exmes – passant au Fort-Fresnay – en serait une au dire de Xavier ROUSSEAU, mais surtout celle proche de Vimoutiers à Trun dont le parcours est marqué par un chapelet de toponymes significatifs: Le Perret, Les Perrets, le Perret Maçon, etc. comme l’est également la voie est-ouest servant de limite communale au sud de la paroisse.

Si notre « mesnil » recouvre un peuplement du Xe ou du  XIe siècle, les parties les plus excentrées, au vu du grand nombre de noms de lieux en ière [20]: La Vauvautière, la Cognardière, La Guillardière, La Franchonnière, etc. [21] que l’on trouve abondamment, non seulement dans cette commune, mais aussi dans toute la vallée de la Vie. ne furent conquises qu’à une époque tardive, à la fin des défrichements du Moyen Age opérés dans le grand massif forestier, frontière entre le pays lexovien et l’Hiémois, et qui, jusqu’à la donation des Giroie marquait la limite sud du diocèse de Lisieux.

Reste à déterminer sur quel finage était installée depuis l’époque de Guillaume le Conquérant, la famille Panthou, lignage de la paroisse voisine.

Comme en beaucoup d’autres endroits, l’histoire domaniale est assez confuse car l’on trouve ici, nous l’avons vu, plusieurs d’établissements religieux ou des seigneurs laïcs y possédant des biens, avant 1215 et 1261, le patronage et les dîmes de l’église étaient entre leurs mains, échappant ainsi au contrôle de l’Eglise [22]

Les biens ecclésiastiques

Six établissements ecclésiastiques normands, abbayes ou prieurés, l’évêque et le Chapitre de Lisieux sont possessionnées sur cette paroisse dont nous allons tenter de connaître, pour chacune de ces donations le nom du donataire et la date de la donation.

1.- Abbaye de Saint-Wandrille

Si l’identification du Roieville du Cartulaire de Saint-Wandrille de 1237, comme le suggèrent Auguste Le Prévost et après lui Louis Duval, concerne bien notre Roiville, ce que paraît contredire en partie Ferdinand LOT, [23] l’abbaye haut-normande aurait possédé ici un bien dont nous ne retrouvons pas mention par ailleurs [24]. Cependant, malgré l’opinion négative de LOT et en partie en raison de sa note sur l’origine des biens de Saint-Wandrille dans le diocèse de Lisieux, la proposition de Louis DUVAL mériterait d’être contrôlée car le patronage de la paroisse limitrophe de Ticheville, avait été précisément aumôné par Emma [25] pour la reconstruction du réfectoire [26] vers 1025/1026 et resta dans mense de cette abbaye [27] de même que ceux des paroisses de Saint-Martin-de-Pontchardon et d’Avernes [28] le furent par des seigneurs qui nous restent inconnus. Enfin, la dédicace de l’église à saint Saturnin pourrait renforcer cette opinion puisque l’abbaye possédait dans son enceinte une chapelle romane dédiée à ce saint évêque [29] par ailleurs peu invoqué en Normandie [30]

2.- Abbaye de Belle-Etoile.

L’abbaye de Belle-Etoile possédait ici une propriété dont le souvenir demeure dans le nom de son fief assis sur cette paroisse et bien identifié par Xavier Rousseau.[31]

3.- Abbaye de Saint-Evroul

Les Panthou, nous l’avons dit possédaient certains biens dans cette paroisse et ils en disposèrent d’ailleurs comme d’un bien patrimonial. Ainsi voyons-nous l’un d’eux, Guillaume, donner aux moines de Saint-Evroul la possession du Moulin [32]

4.- Prieuré de Royal-Pré.

Ce prieuré possédait dans la paroisse de biens dont on trouve mention dans le fonds d’archives conservé dans la série H supplément Hôpital d’Honfleur [33], la mense de ce prieuré ayant été réunie à cet établissement.

Son histoire reste à écrire et Fernand Rault [34] dans son article ne mentionne pas les biens en Sud Pays d’Auge.

5.- Prieuré de Vignats

Sainte-Marguerite-de-Vignats [35] y était également possessionnée comme en témoigne la charte publiée par René-Norbert Sauvage, mentionnée ci-dessus.

6.- Prieuré de Saint-Cyr-de-Friardel.

Ce prieuré possédait sans doute quelques droits ou propriétés dans cette paroisse puisque l’évêque de Lisieux, Foulques d’Astin, lors de sa donation de 1261 [36] fait une réserve à leur sujet.

7.- Evêque et Chapitre de Lisieux

Poursuivant la politique déjà ancienne de ses prédécesseurs visant à la réunion à la mense de son Chapitre cathédral des patronages et des dîmes des églises appartenant encore aux seigneurs laïcs,  Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux lui fit don en 1215 du patronage de l’église [37], sans que sachions si celle-ci était un bien personnel ou une acquisition [38] et dans ce cas, nous ignorons le nom du vendeur. Des contestations naissant souvent quant au droit de nomination aux cures, le 24 juillet 1444 [39], le Chapitre s’entendit une première fois avec l’évêque Pasquier de Vaux, puis une seconde le 10 décembre 1531 ou 1532 avec Jean Le Veneur sur ce point [40]

En 1261 [41], Foulques d’Astin ajouta à cette donation  la dîme de tous les revenus de l’église [42] qui restera d’ailleurs jusqu’à la Révolution sous la juridiction du Chapitre.

Il existe donc sur ce territoire un certain nombre de fiefs dont l’histoire, semble-t-il, s’entrecroise plusieurs fois, sortant et revenant aux mêmes familles. Faute d’avoir pu reconstituer la carte féodale des XIIe – XIIIe siècles, nous ne pouvons appréhender la situation, et encore approximativement, qu’à partir du XVIIIe siècle où nous trouvons les fiefs suivants:

Belle-Etoile,
Roiville – plein fief de haubert
Mesnil en Roiville – 1/4 [43] ou 1/8 de fief [44].

Histoire de la seigneurie de Roiville

Après leurs donations aux établissements ecclésiastiques, le domaine restant aux Panthou, nous l’avons vu en détaillant les propriétés ecclésiastiques, ne devait comprendre qu’une faible partie du territoire de la paroisse.

Il existe d’autre part une famille de Roilville citée par Orderic Vital, mais elle tient vraisemblablement une seigneurie proche de la paroisse de Ternant [45], puisque Herfroi de Roilville figure parmi les donateurs à l’abbaye d’Ouche en 1050 tandis que Galeran de Roiville, fils de Nicolas, vraisemblablement un de ses descendants,  confirme en 1223 [46] la donation faite par Raoul de Ternant de sa terre de Ternant. Si l’on se réfère au patronage de l’église – Saint-Léger, il s’agit bien entendu de celle de Réville. Par contre on ne sait à laquelle de ces deux paroisses rattacher ce Belot de Royeville figurant au ban de 1274 [47], mais on ne trouve plus trace de cette famille au-delà.

Nous avons ensuite un grand vide documentaire. Au commencement du XVe siècle, Guillaume Larçonneur est dit seigneur de Roiville, de Brével et d’Aubri-le-Panthou [48], comme Marie, sans doute sa fille, appelée dans les actes la Dame de Roiville, qui lui succède aux environs de 1430 [49]. Quelques années auparavant, vers 1415, elle avait épousé en premières noces, Alain de Vieuxville, chevalier, seigneur de la Mothe-Beaussey en Bretagne [50] et nous la retrouvons en 1452 et 1455 plaidant pour faire reconnaître la noblesse de son fief [51]

Puis, la terre de Roiville passe à la famille de Rouxel Médavy,  avant d’échoir à une branche de la famille Gouhier qui habite déjà cette paroisse.

Quant au Mesnil, nous ignorons son possesseur à cette époque. Xavier Rousseau supposait que les Gouhier en auraient été les constructeurs, mais dans le même temps signalait de Pierre Riou qui les aurait précédés en ce lieu. Mais, laissons lui détailler les différents possesseurs:

1°.- Pierre Riou, écuyer, sieur du Val, demeurant à Champosoult, que nous croyons être le procureur du roi en la vicomté d’Argentan, d’une famille anoblie en 1596 [52].
2°.- Pierre Gouhier, écuyer, sieur de Fresnay le Sauxon (le Samson) [53]
3°.- Olivier Le Sec, écuyer, sieur du Parc [54], demeurant à Réveillon, anobli en 1601, qui le 29 septembre 1654, pour le prix de 4727 livres, vendit le Mesnil à:
4°.- Jean et François Des Hayes, écuyers, issus de Jean, anobli 1596, qui avait épousé en 1626, Florence-Anne Bernart, et était seigneur et patron de Fresnay-le-Samson, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel en la viconté d’Exmes. Les deux frères, le 23 octobre 1668, cédèrent le fief du Mesnil à:
5°.- Maitre Philippe Des Hayes, sieur de Bayville (Biéville), conseiller du roi, assesseur au bailliage et vicomté d’Orbec, demeurant en la paroisse de Notre-Dame-de-Courson, qui, en échange leur abandonna le 1/4 de fief de Phisemont, sis à Saint-Martin-de-Mailloc.
« Le lendemain, 24 octobre, le nouveau maître du Mesnil de Roiville vend, crée et constitue à fin d’héritage perpétuel au bénéfice de son gendre, Thomas Le Cornier, sieur de la Toutinière, conseiller du roi, receveur général des Gabelles de la généralité d’Alençon et à demoiselle Marie Des Hayes, son épouse, « la somme de trois cents livres tournois de rente hypothèque, au denier dix-huit, que le sieur de Bayville consent sur luy estre prise, cueillie et levée, chacun an sur ses biens meubles et immeubles. Et fur le constitution ainsy faite par ledit sieur de Bayville au profit du sieur de la Toutinière ».
« Aux Archives de l’Orne, série A, la liasse 180 contient l’aveu que le 16 mars 1679, maistre Philippe Des Hayes rendait au roi pour le fief du Mesnil. On y trouve l’origine de la propriété, les noms des trois premiers seigneurs que nous citons et la désignation du fief « sis en la paroisse de Roiville et environs, auquel il y a domaine fieffé et non fieffé, maisons, édifices, droictures, colombier à pied, garenne et pescheries en la rivière de Vie, droits honoraires en la paroisse de Roiville, jardins, près, herbages, terres labourables et non labourables, d’une contenance de cinquante acres.
6°.- Jean-Baptiste Des Hayes, fils de Philippe [55], et son héritier en partie, recueillit au décès de ce dernier le fief du Mesnil et comme son père connut des embarras d’argent. Aussi, le 17 octobre 1719, vendit-il, moyennant 7.500 livres à Charles-Henry-Guy de Bonnechose, seigneur et patron du Mesnil-Germain, l’herbage du Mesnil, d’une contenance de 10 à 11 acres, borné par le manoir seigneurial du Mesnil, le chemin de Vimoutiers et la rivière de Vie. Cet herbage allait passer par de nombreuses mains; il vient de faire retour aux actuels possesseurs du Mesnil. Jean-Baptiste vivait encore en 1696.
7°.- Les Gouhier convoitaient ce fief qui avait appartenu à leur famille [56] et se trouvait si proche de Fresnay-le-Samson; ils l’acquirent à une date inconnue [57].
« Adrien qui en est pourvu dès 1758, était né en en 1665 et avait épousé Marie-Magdeleine d’Escorches, née en 1702. Celle-ci, veuve en 1736, fit en 1737 profession au monastère des Clairets où elle mourut en 1753.
8°.- Leur enfant unique, une fille, Marie-Magdeleine Gouhier, prit pour mari en 1725, Charles du Merle, né à Lavrigny en 1689, qui en 1710 servait comme cornette au régiment de Rohan Dragons et du fait de sa femme, devint seigneur du Mesnil et de Fresnay-le-Samson. De son propre chef, seigneur de Blancbuisson (Saint-Pierre-du-Mesnil, Eure), où il fixa sa résidence et en 1730 réalisa des travaux considérables; les noms des époux se lisent encore en façade du château. Quatre fils et cinq filles étaient nés de cette union.
9°.- Ce fut le dernier garçon, Charles-Gabriel du Merle [58], baptisé en 1732, qui hérita de Fresnay-le-Samson et sans doute aussi du Mesnil [59].

On le voit, les deux domaines de Roiville et du Mesnil de Roiville changent souvent de propriétaires mais il n’apparaît pas que les deux fiefs aient été entre les mains de la même famille après 1654 et ce sont les frères Des Hayes qui se partagèrent. Ainsi, en 1666 dans sa Recherche de Marle relève l’existence de Jacques Gouhier, sieur de Fresnei-le-Samson, à Fresnei-le-Samson et de Robert Gouhier, sieur de Roiville, à Roiville mais aussi de Jean des Hayes, sieur de Fissemont, à Roiville et de François des Hayes, sieur du Mesnil et après eux ils ne paraissent pas avoir été de nouveau réunis.

C’est Olivier Le Sec, semble-t-il, qui le premier, en 1654, porte le titre de sieur du Mesnil. On le voit, l’histoire est complexe, faite de retours dans la même famille, grâce sans doute au droit ancien de retrait lignager, mais l’absence d’une documentation homogène rend toute attribution très périlleuse et finalement, dans cette incertitude, de peu d’intérêt.

Manoir de Roiville

DESCRIPTION

L’examen du monument lui-même nous en apprendra beaucoup plus.
Dans son état actuel, il s’agit d’un plan assez élaboré avec son grand corps de logis, ses pavillons en retour,  sa tourelle arrière ainsi que son élévation avec son étage et sa haute toiture, présentent des caractères propres à une demeure seigneuriale d’une relative importance.
Mais une étude attentive montre qu’en fait sous une grande unité sa construction s’est étalée sur plus d’un demi-siècle.

A l’origine, nous trouvons un corps de logis sur plan rectangulaire de 6 travées avec deux pièces par niveau. C’est un schéma maintenant bien connu et facilement identifiable par la présence de portes géminées au centre et les nombreuses traces qu’ont laissé derrière elles les transformations ultérieures. Nous ignorons par contre la position du massif de cheminée original et l’emplacement de l’escalier d’accès à l’étage.

Deuxième campagne

Une deuxième campagne – menée aux alentour des années 1550/1570 – vit l’édification des pavillons, celle des cheminées, la mise en place des grandes lucarnes, le remodelage des espaces intérieurs, le décor de tuileaux.
La charpente d’origine paraît avoir partiellement subsisté sur cette partie et la charpente. porte de nombreuses marques d’établissement qu’il serait intéressant de relever pour bien comprendre les transformations et les ajouts.
Lors de cette campagne, il semblerait que l’on ait repris l’ensemble du pan de bois, peut-être en mauvais état, pour l’asseoir sur un haut soubassement de pierres de moyen appareil en oolithe.
Ce fut également l’époque de l’introduction de la décoration sculptée qui s’étendit non seulement aux parties nouvelles greffées mais aussi aux parties existantes.
Il s’agit d’une décoration luxuriante, très décorative, faite de godrons, d’entrelacs, de cuirs, dont l’exécution n’est pas sans intérêt. Les parties en pierre sont pour leur part de très belle qualité et la décoration – inachevée d’ailleurs – révèle un  sculpteur bien au fait de son art.

Troisième campagne :

Enfin, quelques décennies plus tard, entre 1600 et 1605, fut édifiée en arrière, une très belle tour contenant l’escalier. Construite sur plan rectangulaire, dans l’axe de la maison elle termine harmonieusement l’ensemble déjà élevé. Un fort engazonnement nous prive de ses parties basses et sans doute de l’élan que laisse entrevoir les pentes de son soubassement. Le percement de trous à feu, pour des petites pièces à feu est significatif de l’époque encore un peu troublée de la fin XVIe siècles et de ces vieilles rancœurs mal éteintes.
Là aussi, l’œuvre de pierre est remarquable et l’on ne peut qu’admirer la qualité de la modénature de la corniche et le parti élégant adopté pour amortir au niveau du toit la saillie du conduit des latrines.
Les parties hors sols de la tourelle sont en craie glauconnieuse de moyen appareil; la dimension des blocs varie de 0.41 à 1.00, la dimension la plus fréquente étant de 0.75 environ pour des hauteurs de 0.41 m. à 0.50 m.
Les assises inférieures sont en oolithe ferrugineuse de même dimension que les blocs de marne.
C’est à Henri Pellerin, alors Président de l’Association Le Pays d’Auge que l’on doit de pouvoir encore aujourd’hui admirer Roiville. Dans un article vibrant de peine contenue, il décrivit le triste état des lieux, les trous béants dans la toiture, les soubassements effondrés, les pans de bois rongés. En même temps il lançait un appel désespéré pour trouver un homme de goût, suffisamment courageux pour s’attaquer à une telle restauration. Le Docteur Vivien et son épouse, avec foi et passion s’attachèrent à cette tâche immense. Le résultat est à la mesure de leurs peines et ne  saurons jamais suffisamment les remercier de ce merveilleux cadeau qu’ils ont fait au patrimoine augeron.

3 – PIECES JUSTIFICATIVES:

1025 – 1026
Richard II et Richard III souscrivent ensemble la charte par laquelle une certaine IMMA [60] entrant en religion donne à Saint-Wandrilles deux domaines, l’un dit  de Ticheville et du Breuil-en-Auge, situés sur la Touques, avec les moulins et les prés et toutes les autres choses en dépendant, et l’autre la Croisille, sur le Lesme.
= Bibl. nat. ms. amt. 16738, planche 3.¸ FAUROUX Marie, Actes des Ducs de Normandie in MSAN., XXXVI, 1961, pp. 174-176
+ ADIGARD des GAUTRIES Jean, « Les possessions de l’abbaye de Saint-Wandrille dans la région d’Argentan aux XIe, XIIe  et XIIIe siècles », BSHAO, XXIV, 1956, pp. 22 sq.; Ferdinand LOT, Etudes critiques sur l’abbaye de Saint-Wandrille, p. 50; E.-G. LEONARD, « Les plus anciennes chartes originales d’histoire normande ou anglaise de la Bibliothèque Nationale », Normania, 8, 4-1935, pp. 427-493 (mauvaise attribution géographique)

1050
Quand Théodoric eut été par la grâce de Dieu, ordonné abbé du couvent d’Ouche, il acheta d’Ernault, fils de Guillaume Giroie, du consentement p. 29/35 de Robert son oncle et par l’ordre du comte Guillaume, la terre de Beauquencei, comme elle avait été tenue par Baudri, archer du même comte, et la partie de la terre d’Echauffour qui est située entre le Noireau et la Charentonne, et de plus les Essarts de Henri et la dôme du moulin d’Echauffour. Ernauld fit don en outre au couvent d’Ouche de la terre de Haute-Rive et de ses appartenances, avec tous ses moutiers et terres de prêtre et en outre la terre de Dorthmus [61]
Enfin, Guillaume, son frère, fils de Guillaume, dont nous venons de parler, d’accord avec son frère Giroie et ses cousins, Giroie et Foulques, donna tous les moutiers qu’il avait en son pouvoir, moyennant une forte somme d’argent, qu’il reçut de Théodoric. Un de ces moutiers est situé au Ménil-Bénard et érigé en l’honneur de Saint-Sulpice; à autre, à Roiville, en l’honneur de saint-Léger, un autre à Monnai, que tenait Robert, et de son consentement. Parmi les autres donations, on remarquait le moutier de Ternant, et dans les Essarts un moutier en l’honneur de saint-Pierre; un autre aux Augerons avec toute sa ferme, et un autre au Bois-Hébert.
« Tous ces biens furent donnés librement avec toutes leurs dîmes, et les biens des prêtres, pour le rachat des âmes des donateurs, tant par le même Guillaume que par les seigneurs de ces moutiers, savoir, Roger Goulafre de Ménil-Bernard, Herfroi de Roiville, Robert de Monnai, Herfred de Ternant, Guillaume, prêtre des essarts, Guillaume Prévôt des Augerons, Roger Faitel-de Bois-Hébert
Enfin, Guillaume, son frère, fils de Guillaume, dont nous venons de parler, d’accord avec son frère Giroie et ses cousins, Giroie et Foulques, donna tous les moutiers qu’il avait en son pouvoir, moyennant une forte somme d’argent, qu’il reçut de Théodoric. Un de ces moutiers est situé au Ménil-Bénard et érigé en l’honneur de Saint-Sulpice; à autre, à Roiville, en l’honneur de saint-Léger, un autre à Monnai, que tenait Robert, et de son consentement. Parmi les autres donations, on remarquait le moutier de Ternant, et dans les Essarts un moutier en l’honneur de saint-Pierre; un autre aux Augerons avec toute sa ferme, et un autre au Bois-Hébert.
« Tous ces biens furent donnés librement avec toutes leurs dîmes, et les biens des prêtres, pour le rachat des âmes des donateurs, tant par le même Guillaume que par les seigneurs de ces moutiers, savoir, Roger Goulafre de Ménil-Bernard, Herfroi de Roiville, Robert de Monnai, Herfred de Ternant, Guillaume, prêtre des essarts, Guillaume Prévôt des Augerons, Roger Faitel-de Bois-Héber t[62].
« Le même Guillaume donna au même monastère, pour la rédemption de l’âme d’Emma, sa mère, une terre d’une charrue située à Verneusses. Il donna en outre la moitié du revenu des moulins, d’accord avec son frère Ernauld; tout ce qu’il avait dans son domaine, la terre de Varri, et le bois de Landigou [63] ; la terre de Burvand à Verneuces, les deux pêcheries de Ternant et à Montreuil trois fours et un domaine. Ensuite Guillaume, fils de Vauquelin du Pont-Echanfrei donna l’église de Sainte-Marie et tout ce que le prêtre Osbern tenait en sa possession, avec la dîme du droit de péage; la dîme des moulins et des charrues qu’il avait là et ailleurs ou tout ce qu’il pourrait avoir; il y a jouta ce qu’il possédait à Roiville ».
=¸ IND.: VITAL Orderic, Histoire de Normandie par Orderic Vital, moine de Saint-­Evroul, publiée pour la première fois par M. GUIZOT (Traduction de Louis Du Bois), Caen, Mancel, 1826, II, pp. 35-37; VITAL Orderic, Historiae ecclesiasticae libi tredecim… Emandavit Au­gustus Le Prevost, Préface de Léopold Delisle, Parissis, 1840, II, pp. 35-37.

1082
FAUROUX 234  1082
Guillaume, « prince de Normandie », confirme les donations faites au monastère de Saint-Wandrille par ses prédécesseurs, son aïeul Richard II et son père Robert, du temps des abbés Gérard et Gradulphus :
Les églises de Brionne et les dîmes de ses terres données par Guillaume d’Arques… Les églises de Chambois, Courbépine, la dîme de Bosguérard, la moitié de Béthencourt…
Transcription sous forme de notices des libéralités suivantes :
… Ticheville, le Breuil-en-Auge sur la Touques et la Croisille-sur-le-Rou-loir par la moniale IMMA [64]
= A.- Pancarte rédigée probablement entre 1082 et 1087. Bibl. Nat. ms. lat 16738, pl. 6.
= B.- Copie collationnée du 14 janvier 1664 par Lemansel. AD 76. 16 h. non class. provisoirement carton I.
EDIT.: Ferdinand LOT, Etudes critiques sur l’abbaye de saint-Wandrille, p. 90, n° 40 (d’après A.); Marie FAUROUX, Actes des Ducs de Normandie in MSAN., XXXVI, 1961, pp. 450 sq.;
+ ADIGARD des GAUTRIES, « Les prénoms scandinaves en Normandie de 911 à 1066 », Ann. de Norm., p. 385, n° 1. –  E.-G. LEONARD, « Les plus anciennes chartes originales d’histoire normande ou anglaise de la Bibliothèque Nationale », Normannia, 8, 4-1935, pp. 430, n° 9.

1215, sept. – Courson, Bellou, Bellouet, Genneville, Familly, etc.
Jourdain du Hommet, évêque de Lisieux donne au chapitre toute la dîme des blés des deux prébendes de Nonant, deux gerbes dans la paroisse de Lasson, le patronage et les grosses dîmes des deux portions de Notre-Dame-de-Monnay, de Notre-Dame-de-Courson, de Saint-Léger-de-Réville, de Saint-Saturnin-de-Roiville, de Saint-Pierre-de-Bellouet, de saint Sulpice de la Goulafrière, de Saint Ouen de Genneville, de Sainte Marguerite des Loges, de Saint-Jean-de-Familly, de sainte Cecile de Beuvillers et de Notre Dame de Villerville, en se  réservant le droit d’instituer dans ces paroisses les vicaires perpétuels, et oblige le chapitre à donner, sur le revenu de ces bénéfices, 100 livres par an aux dits clercs ou chapelains de la cathédrale, nommés Douze-Livres, sous la condition qu’ils y assisteraient à tout l’office. Il donne au chantre, 10 livres par an en deux termes, sur le revenu de l’église de Saint-Aubin-de-Canapeville, au doyenné de Vimoutiers, avec ce qu’il avait retiré des moines de Jumièges, tant en vassaux qu’en terres, bois et pâturages; et accorde au trésorier le patronage de l’église de Notre-Dame-de-Bellou.
Sancte matris ecclesie filliis universis ad quos presens scriptum pervenerit, Jordannus, Dei gratia Lex. episcopus, salutem in Domino. Cum ecclesie prelatos decceat ad amliandum Dei ministerium et in ecclesiis, quibus presunt Deo ministrantibus cura propiere diligenti, ut habeant unde possent convenienter sustentari et sic possint cum propheta dicere: Domine, dilexi decorem domus tue, ad honorem Dei et ecclesie Lexoviensis, cui voluit quandiu sibi placuerit nos precesse, subscripta beneficia et suscripto modo ministranturis in ea cononicis et per gratiam ministraturis conceda duximous et donanda: videlicet bladum de duabus prebendis de Nonant, duas gerbas ecclesie de Lachon, patronatum mediatis ecclesie Bellarie de Monnay et patronatum alterius medietatis, quam Guillelmus Goulafre mihi elemosinavit et donavit, et patroatum ecclesie Beate Marie de Courson. Et Guillebert Villard, quem Guillermus de Tonnencourt mihi elemosinavit et donavit cim omni servitio et redditu quem eidem Willermo debedat. Et patronatum ecclesie Sancti Leodegarii de Revilla, et patronatum ecclese Sancti Saturnini de Boevilla (sic), et patronatum ecclesie de Bellouet, et patronatum ecclesie Sancti Sulpitii de Goulafriera, et patronatum ecclesie Sancti Audoeni de Quincquevilla, et quinque sextaria avene que Aelina de Maris percipiebat in dicta ecclesia per manum capellani ejusdem ecclesie, et patronatum ecclesie Sancte Margarete de Logiis, et patronatum ecclesie Sancti Johannis de Famileio, et patronatum Sancte Cecile de Beuvillier, et patrobatum ecclesia de Villervilla…Preterea concessimus in augmentum  cantorie decem libras in ecclesie de Canaoevilla in festo Sancti Michaelis et in Ascensione Domini percipiendas annuatim, et ca que recuperavimus ab abbate et monachis Gemeticensibus, tam in hominibus quam in terris, nemoribus et pasturis.- Pretera concessimus thesaurarie patronatum ecclesia Sancte Marie de Bellou, videlicet ad unum cereum perpetuo inveniendum. Que omnia suprascripta et perpetue robur obtincant firmitatis in scriptis redigenda et sigili nostri appositione duximus roboranda. Actum aprud Lexovias, anno verbi incrnati millesimo ducentesimo quinto decimo, mense septembrre ».
=¸ EDIT.: LE PREVOST Auguste, Mémoires et notes de M. Auguste Le Prévost pour servir à l’histoire du département de l’Eure, recueillis et publiés… par MM. Léopold Delisle et Louis Passy, Evreux, Hérissey, t. III, 1869, p. 23.
+ IND.: Cart Lexov. (?) cité par Noël DESHAYES, Mémoire pour servir dans FORMEVILLE, t.II, p.91

1223, Roiville
Charte par laquelle Galeran, fils de Nicolas de Roiville (Roevilla), du consentement de Barthélémy, son frère, confirme à l’abbaye de Silli, la donation que leur a faite Raoul de Ternant, de tout le tènement de Ternant, de celle de Mathilde sa mère et d’Emma, son aïeule, et reçoit en récompense, 30 s.t.
= AD. 61. Abbaye de Silli, H. 1711.

1242 – Royal-Pré
Voir le cartulaire de cette abbaye dont les pièces les plus anciennes semblent remonter à 1242.  Il se trouve dans le fonds des archives de l’Hôpital de Honfleur : Cricqueville, Mesures : perches, pâturages, Angoville, Bastebourg, Dozulé, Clos du Mont-Gargan à Cambremer, Nicolas Jean, sieur de Bellengreville et de Crèvecoeur, Roncheville, Putôt, La Cressonnière, Fief du Mesnil, à Brucourt; famille Bence, Cricqueville et le Breuil; Mardilly, Royville -Roiville; etc.
= Archives Hôpital de Honfleur Série H. Suppl. 1607.- B. 34

1261.
SAUVAGE VIII  1261, octobre
Fouques, évêques de Lisieux, donne au chapitre de Lisieux les dîmes de Roiville, réserve faite des droits de l’abbaye du Bec, du prieuré de Saint-Cyr-de-Friardel, de l’abbaye de Sainte-Marguerite-de-Vignats et de son droit propre à la nomination du vicaire.
Carta F(ulconis), episcopi, super appropriatione decimarum ecclesie Saincti Saturnin de Raucavilla.
Universis Christi fidelibus presente litteras inspecturis, Fulco, divina permissione Lexoviensis episcopus, salutem in Domine Jesu Christo. Noverit universitas vestra non concessisse et appropriasse capitulo Lexoviensi omnes decimas frugum ecclesie Beati Saturini de Raucavilla, un suos usus proprios convertendas, salvis tanem viris religiosis abbati et conventui de Becco Helluyni et canonicis Sancti Circi de Friardel ac monialibus Sancte Margarite portionibus, quas is eisdem decimis percipiunt et percipere consueverunt ab antiquo, toto altalagio cum manzeio et terris elemosine vicario, qui pro tempore fueri in dicta ecclesia, remanente. Nos vero collationem vicarie dicte ecclesie nobis et successoribus nostris in posterum retinemus. In cujus rei testimonium presens scriptum sigilli nostri munimine fecimus roborari. Actum anni Domini m° cc° lxj°, mense octobris.
= B.N. m.s. latin 5288.
EDIT.: SAUVAGE René-Norbert, Fragments d’un cartulaire de Saint-Pierre de Lisieux dans Etudes Lexovienne, III, 1928, p. 336.
+ IND.: Gallia Christiana, t. XI, p. 783 (cité par Louis DUVAL, Rapport sur l’orthographe.., pp. 80-81).

13..
Fragment d’un inventaire du chartrier de l’abbaye de saint-Evroul: Litterae Ricardi Pantoul, de Roevilla et fratris sui; – Guidonis de Gaceyo, de hiis que habet prior de Nione. Item confirmationis ejusdem pro hominibus de Collemer.- Littera domini Philippi de Cohardon, domini de Cohardon, de XX libris annui redditus pro R. de Cohardon, marito suo.- Litterae de Mauritania, de Domo Maugis, Marchenvilla, Montlicent, Loigné, Poilié, Charençai, Aquila, omnes in eodem locule, sive in eâdem thecâ.- Littera Stephani prepositi de Mauritania, super XXV s. de foagio de Mauritania. Littera Willelmi, de Doo-Mangis, Cathalaunensis episcopi, de LX solid in molendino de Domo-Maugis, prioris et fratrum de Kantarabia de quodam virgulto;- Philippi de Castro Gonterii, domini de Domo-Maugis de porta prioratus de Domo-Maugis.-….Aquile. Petri de Logis, de LX solidis in preposittura de de Aquilâ.- Garnevilla. lettre de gaigne de pors pris en la forêt de Breteuil.- Noier, Sap-Andrey, Saint-Martin-le-Heugon, le Doit-Ertu, saint-Nicolas, Hauterive, Bauquençay,Augeron, Goulafrière, Essarz, Auguese, Hamel, Aquilavilla, Altifagum, Novum mercatum, Noion, Arnulfus.- Transcripta privilegiorum et aliarum litterarum sub sigillo episcoporum Sag. Lex. et archiepiscoporum Roth. quere in cofro super almariolum.
= AD. 61. Abbaye de Saint-Evroul, H. 553.

1453
Accord entre Marie L’Arçonneur, dame de Médavy, Roiville et Aubry-le-Panthou, et les abbesse et religieuses d’Almenêches, en présence de Gilles de Vaubourg, écuyer au sujet d’une exécution faite par celle-ci, sur la terre et le moulin de médavy, paiement d’une rente de 24 sous.
= AD. 61. Abbaye d’Almenêches, H. 369.

1455, février (n. st.)
Sentence de Jean Mallet, lieutenant du bailli d’Alençon, qui ordonne que le procès soutenu par les religieux de l’abbaye de Silli contre noble dame Marie Larçonneur, dame de Roiville et d’Auberi, au sujet d’une exécution sur elle requise en vertu d’un titre de vente hérédital de 100 s. ts. sera jugé aux assises d’Argentan parce que « icelle cause touche et regarde noblesse de fieu ».
= AD. 61. Abbaye de Silli, H. 1403.

1654, 29 septembre
Fief du Mesnil en Roiville. Vente dudit fief relevant du Roy, aux charges des rentes de sa majesté, aux termes des aveux du fief de Roiville et du Mesnil de Royville par Olivier le Sec, écuyer, sieur du Parc, aux frères Des Hayes, écuyers, sieurs du Parc, moyennant 4.726 livres
= Arch. Orne. A 180. Transcr. X. Rousseau.

1666
GENERALITE d’ALENCON
Election d’Argentan
259
Jean des Hayes, sieur de Fissemont, à Roiville; François des Hayes, sieur du Mesnil; Jean des Hayes, sieur de Boisbrun, à Saint-Germain de Montgommery; issus de Jean des Hayes,anobli en 1596, portent de… au soleil d’or avec une fleur de souci au-dessous.
261
Jacques Gouhier, sieur de Fresneui-le-Samson, à Fresnei-le-Samson; Alain Gouhier, sieur de Fontenai et Bezion, à Fontenai; Robert Gouhier, sieur de Roiville, à Roiville; Pierre Gouhier, sieur des Champeaux, aux Champeaux; Philippe Gouhier, sieur de la Bonnerie, à Camembert; Louis Gouhier, sieur du Chesnay, à Saint-Léger-des-Arrassis; Jacques Gouhier, sieur de Huberdière, aux Champeaux; tous de la même famille, portent de gueules à trois roses d’argent, 2 et 1; le comte de Caraval-Gouhier, chevalier des Ordres du Roi, demeurant au bout de la Rue des Francs-Bourgeois, à Parois, proche de la place Royale, dont le fils a épousé la fille unique de M. le Provost-de-Château-Thierry, et la demoiselle sa soeur, le fils de M. de Châteauneuf, ministre et secrétaire d’Etat; M. le comte de Vauconcourt-Gouhier, lieutenant -général des armées du roi, demeurant proche Troye, en Champagne; ceci est par M. d’Hozier écrit au bas des armes de M. des Champeaux, en 1697 (maintenus)
= GRAVELLE-DESULIS.- « Recherche de la noblesse d’Alençon faite par de Marle », Annuaire de l’Orne, 1865, pp. 285-296; 1866, pp. 254-309; 1867

1668, 23 octobre
Vente par Jean et François Des Hayes, frères, écuyers, sieurs du Parc, à Pierre Noël, sieur de Grateaux, demeurant à Croustes (Crouttes), de 6 acres en herbage, à prendre dans le Parc des Ferrières, pour 7.100 livres.
= Arch. Orne. A 180. Transcr. X. Rousseau.

1668, 23 octobre
Echange et contre échange par lequel Jean et François Des Hayes, frères, écuyers, sieurs du Parc, donnent ledit fief du Mesnil en Royville, avec charges, s’il s’en trouve, à Philippe Des Hayes, écuyer, qui leur donne en contre-échange celui de Physemont (Phisemont), relevant du baron de Mailloc.
= Arch. Orne. A 180. Transcr. X. Rousseau.

1670
Quittance donnée par Georges Dumesnil, écuyer, sieur de saint-Denis, tuteur des enfats de feu Pierre du Rioult, sieur de Champosoult, aux religieuses de Saint-Antoine de Domfront, de la somme de 300 livres, sans préjudice de ce qui est dû par le sieur de Quincey.
= AD. 61. Prieuré des Bénédictines de Vimoutiers, H. 4765.

1671, 13 février
Reconnaissance par les religieuses de Saint-Antoine de Domfront, comparantes par sœur Renée Le Mercier, supérieure, sœur Catherine Le Blanc, sous-prieure, sœur Françoise de Saint-Germain, dépositaire, sœur Claude Philippe et sœur Marie de Cherencé, discrètes de la rente de 300 livres qu’elles doivent à Pierre de Riouly, écuyer, sieur de Champosoult, héritier de messire François de Sanson, chevalier, seigneur de Saint-Denis, dont elles s’étaient chargées, à l’acquit du comte et de la comtesse de Quincey, lesquels s’étaient obligés de faire cette rente audit seigneur de Saint-Denis, par contrat du 2 novembre 1658.
= AD. 61. Prieuré des Bénédictines de Vimoutiers, H. 4765.

1671
Assemblée de parents, devant Jacques Le Vayer, lieutenant en la sénéchaussée et siège présidial du Mans, pour la nomination de curateurs aux biens de Gilles et Marie de Rioult, enfants mineurs de feu Pierre du Rioult, sieur de Champosoult, et damoiselle Marie Dumesnil sa femme, à savoir, Jacques de Saint-Denis, écuyer, sieur de Verveines, Jean-Antoine de Saint-Denis, écuyer, sieur de la Touche, Charles de Saint-Denis, écuyer, sieur de Vaugoust, Louis du Plessis, écuyer, sieur des Landes, Pierre Dumesnil, curé de la Ferrière, Abel Dumesnil, écuyer, sieur de Coulombel et Georges de Saint-Denis, après avoir fait appeler François Le Maire, écuyer, sieur de Courdelain, oncle desdits mineurs, qui a été nommé curateur.
= AD. 61. Prieuré des Bénédictines de Vimoutiers, H. 4765.

1679, 16 mars
Aveu au Roy par Philippe Des Hayes, écuyer, sieur de Bayville (Biéville) et du Mesnil de Roiville, conseiller du Roi au bailliage et vicomté d’Orbec. du fief du Mesnil en Roiville, relevant par 1/8 de fief. Il le possède par acquêt d’Olivier Le Sec, écuyer, sieur du Parc, représentant le droit par acquêt de Jacques Gouhier, écuyer, sieur de Fresnay-le-Sauxon (Frenay-le-Samson), lequel le possédait au droit de Pierre Riou, écuyer, sieur du Mesnil, et s’étend ledit fief en la paroisse dudit Royville et environs auquel il y a domaine fieffé et non fieffé, maisons et édifices, droictures et coulombier à pied, garennes et pescheries en la rivière de Vie, droits honoraires en la paroisse de Royville.
= Arch. Orne. A 180. Transcr. X. Rousseau.

1681
Sentence de Jacques Paynel, lieutenant général au bailliage d’Alençon pour les vicomtés d’Exmes, Argentan et Trun, qui condamne Jacques Poirier, marchand, à payer à Pierre Cordier, sieur de la Goupillière, fermier du fief de Belle-Etoile, en la paroisse de Roiville, les droits de treizième.
= AD. 61. Abbaye de Belle-Etoile, H. 369.

1734 – Roiville
Copie des pleds et gages plèges du plein fief de haubert, terre et seigneurie de Roiville, appartenant à haut et puissant seigneur messire Jean-René, marquis d’Osmont, chevalier, seigneur et patron de Roiville, Aubri-le-Panthou, la Frénaie-Fayel, le Ménil-Froger, tenue en son manoir seigneurial dudit lieu par André Jouanne, avocat au Parlement de Normandie, sénéchal de ladite seigneurie. Noblement tenants. La terre et seigneurie d’Orval tient un quart de fief de chevalier, possédé par messire Gédéon Aubert, chevalier, seigneur de Beaumont, Beuville et Camembert, par acquêt.- L’aînesse de la Bourdonnière, contenant 18 acres, dont les rentes ont été amorties par contrat du 13 novembre 1658, en sorte qu’elle n’est plus sujette qu’en foi et hommage, reliefs, treizièmes, aides féaux, coutumiers, regards de mariage, service de prévôté, comparance aux plaids et gages-pleiges, cour et usage, ban du moulin, amenage du tournant, curage des bieux, réparation de la motte après la première perche faite par le seigneur, corvées de bêtes aux trois saisons accoutumées, quand il y en a, tirantes et gisantes et à tous autres droits et devoirs. Aîné, J.-B. Pérain, ayant épousé damoiselle Anne-Jacqueline Gravelle, fille de feu Pierre Gravelle, sieur du Chauvin.- L’aînesse Pilet contenant 19 acres, dont sont aînés les héritiers  de jean Cordier, prêtre, sujette payer rente par chacun an à saint-Michel 19 s., à Noël, 4 chapons, 2 gélines à pâques, 40 oeufs, aider à épandre le fumier, émelonner, botteler, emmener et tasser les foins, aider à cueillir les pommes et les poires du domaine non fieffé, avec tous les autres droits ou devoirs.- L’aînesse du Verger, contenant 17 acres; aînés, Claude Duval ayant épousé Françoise le castel;- le tènement guillemette Berthelot ou de Giffard, 14 acres; le tènement des Fermes, 5 acres; le tènement des Gravelles, 22 acres, sujet au droit de rentes envers Antoine Gouhier, sieur du Chauvin; le tènement de la Mare, 7 acres; – le tènement du val-Vauthier; le tènenemnt des Becquis, 5 acres.
= AD. 61. Abbaye de Belle-Etoile, H. 370

1740 Roiville.
Mémoire pour les religieux de Belle-Etoile où il est dit qu’ils sont possesseurs du fief de Roiville en vertu d’une charte de donation de 60 sous de rente, 2 chapons, 4 gélines et 60 oeufs, faite en 1280: « Ils ne voyent point de possession ancienne de ce fief; mais par l’advis qu’un particulier leur donna en 1680, qu’ils auroient ledit fief en ladite paroisse, dont il avoit bonne congnoissance par la copie de ladite donation qu’il avoit et que plusieurs contracts s’estoient passés de sa congnoissance des terres relevant de la dite sieurie de Belle-Etoile, si on luy en vouloit faire un bail pour plusieurs années, il feroit tenir les pleds et restabliroit ledit fief qui s’estoit anéanty; ce qui ayant esté fait, il fit termer et tenir les gages plèges en 1681 et 1685 sans aucun contredit ni opposition d’aucun seigneur, et singulièrement du seigneur de Royville, qui a la grande main en ladite paroisse, lequel estant adjudicataire, par décret, depuis 20 ans du fief et terre de Royville, n’est point fait mention dans son adjudication des fiefs de Fresné-le-Samson, de Ménil-Gonfré ny de celui de Belle-Etoile tous fiefs de ladite paroisse de Royville ».
= AD. 61. Abbaye de Belle-Etoile, H. 369.

1760 – Roiville
Procès: Anne Legrand, femme Saget, contre la dame Andrieu, et Pierre Lambert, sieur de Saint-Mars, pour lui et Thomas de Bardouil, sieur de Soyeuse, l’un et l’autre ayant épousé les filles de Marc Gouhier, sieur de Royville.
= Arch. SHL. BC 603. 15 pièces.

4 – NOTES BIBLIOGRAPHIQUES:

PANTHOU Robert, « Panthou dans la toponymie normande », Cahiers Léopold Delisle, XXVIII, 1979, fasc. 1-2, pp.17-23

Aubry-le-Panthou: Guillaume Pantol (Orderic Vital, liv. V.)
« Au XIIIe siècle le fief d’Aubry-le-Panthou appartient à la famille de Bailleul. Ensuite, au début du XVe siècle (1409), il passe des Larçonneur aux Médavy. En 1588, Françoise Roussel (de Médavy) épouse (le 7 janvier) Antoine Osmont « auquel elle apporta pour toujours Aubry » (DES DIGUERES Victor, Familles illustres de Normandie. Etude historique et généalogique sur les Rouxel de Médavy-Grancey, Paris, 1870, p. 34

ROUSSEAU Xavier, Notes dactyl., s.d.
« A la veille de la révolution, la paroisse de Roiville était partagée en trois fiefs: °.- Roiville, proprement dit. – Belle-Etoile (déjà constitué en 1280). 3°.- Le Mesnil de Roiville, qui était un 1/4 de fief relevant du roi sous Argentan. Voici le nom des possesseurs connus:

1°.- Pierre Riou, écuyer, sieur du Val, demeurant à Champosoult, que nous croyons être le procureur du roi en la vicomté d’Argentan, d’une famille anoblie en 1596.
Armoiries : d’argent à l’aigle à deux têtes éployée de sable.

2°.- Pierre Gouhier, écuyer, sieur de Fresnay le Sauxon (le Samson)
Armoiries : de gueules à 3 roses d’argent, posées 2 et 1.

3°.- Olivier Le Sec, écuyer, sieur du Parc, demeurant à Réveillon, anobli en 1601, qui le 29 septembre 1654, pour le prix de 4727 livres, vendit le Mesnil à:
Armoiries : D’azur à un chevron d’or accompagné de 3 besants d’or, 2 et 1.

4°.- Jean et François Des Hayes, écuyers, issus de Jean, anobli 1596, qui avait épousé en 1626, Florence-Anne Bernart, et était seigneur et patron de Fresnay-le-Samson, conseiller du roi, lieutenant général civil et criminel en la vicomté d’Exmes. Les deux frères, le 23 octobre 1668, cédèrent le fief du Mesnil à:

5°.- Maitre Philippe Des Hayes, sieur de Bayville (Biéville), conseiller du roi, assesseur au bailliage et vicomté d’Orbec, demeurant en la paroisse de Notre-Dame-de-Courson, qui, en échange leur abandonna le 1/4 de fief de Phisemont, sis à Saint-Martin-de-Mailloc.
Le lendemain, 24 octobre, le nouveau maître du Mesnil de Roiville vend, crée et constitue à fin d’héritage perpétuel au bénéfice de son gendre, Thomas Le Cornier, sieur de la Toutinière, conseiller du roi, receveur général des Gabelles de la généralité d’Alençon et à demoiselle Marie Des Hayes, son épouse, la somme de trois cents livres tournois de rente hypothèque, au denier dix-huit, que le sieur de Bayville consent sur luy estre prise, cueillie et levée, chacun an sur ses biens meubles et immeubles. Et fur le constitution ainsy faite par ledit sieur de Bayville au profit du sieur de la Toutinière

Aux Archives de l’Orne, série A, la liasse 180 contient l’aveu que le 16 mars 1679, maistre Philippe Des Hayes rendait au roi pour le fief du Mesnil. On y trouve l’origine de la propriété, les noms des trois premiers seigneurs que nous citons et la désignation du fief « sis en la paroisse de roiville et environs, auquel il y a domaine fieffé et non fieffé, maisons, édifices, droictures, coulombier à pied, garenne et pescheries en la rivière de Vie, droits honoraires en la paroisse de Roiville, jardins, près, herbages, terres labourables et non labourables, d’une contenance de cinquante acres.

6°.- Jean-Baptiste Des Hayes, fils de Philippe, et son héritier en partie, recueillit au décès de ce dernier le fief du Mesnil et comme son père connut des embarras d’argent. Aussi, le 17 octobre 1719, vendit-il, moyennant 7.500 livres à Charles-Henry-Guy de Bonnechose, seigneur et patron du Mesnil-Germain, l’herbage du Mesnil, d’une contenance de 10 à 11 acres, borné par le manoir seigneurial du Mesnil, le chemin de Vimoutiers et la rivière de Vie. Cet herbage allait passer par de nombreuses mains; il vient de faire retour au possesseur du Mesnil.
Jean-Baptiste vivait encore en 1696.
Armoiries : D’azur à un soleil d’or en chef et un souci aussi d’or tigé et feuillé de mesme en pointe.

7°.- Les Gouhier convoitaient ce fief qui avait appartenu à leur famille [65] et se trouvait si proche de Fresnay-le-Samson; ils l’acquirent à une date inconnue [66]
Adrien qui en est pourvu dès 1758, était né en en 1665 et avait épousé Marie-Magdeleine d’Escorches, née en 1702. Celle-ci, veuve en 1736, fit en 1737 profession au monastère des Clairets () où elle mourut en 1753.

8°.- Leur enfant unique, une fille, Marie-Magdeleine Gouhier, prit pour mari en 1725, Charles du Merle, né à Lavrigny en 1689, qui en 1710 servait comme cornette au régiment de Rohan Dragons et du fait de sa femme, devint seigneur du Mesnil et de Fresnay-le-Samson. De son propre chef, seigneur de Blancbuisson (Saint-Pierre-du-Mesnil, Eure), où il fixa sa résidence et en 1730 réalisé des travaux considérables; les noms des époux se lisent encore en façade du château. Quatre fils et cinq filles étaient nés de cette union.

9°.- Ce fut le dernier garçon, Charles-Gabriel du Merle, baptisé en 1732, qui hérita de Fresnay-le-Samson et sans doute aussi du Mesnil.
Armoiries : De gueules à 3 quintes feuilles d’argent posées 2 et 1.

Le manoir, dans son état actuel, présente deux époques de construction.

La tour arrière, bâtie en pierre et ayant vue sur la rivière, paraît antérieure à la guerre de Cent Ans; elle s’accompagnait d’une habitation. Cette tour était un élément défensif, commandant en rive droite de la Vie, le chemin antique de Sées à Lisieux par Exmes; alors qu’en rive gauche, la garde était assurée par le Fort-Fresnay (sur Fresnay-le-Samson) dont il reste des vestiges importants.

Les documents que nous citons n’indiquent jamais lesquels des seigneurs résidèrent ici. On se l’explique. La forteresse, à la libération du territoire (1449), avait perdu son intérêt stratégique; le domaine, modeste (50 acres) était d’un revenu insuffisant, ordinairement son possesseur était nanti de quelque autre fief plus glorieux qu’il habitait; et même il obtenait souvent un office de judicature qui le retenait à la ville. Alors, le Mesnil était déchu en ferme et mis en location.

Cependant, il a été habité noblement, au moins par ses bâtisseurs que nous soupçonnons être les prédécesseurs d’Olivier Riou et peut-être Guillaume et Bonaventure Gouhier, frères et écuyers, dits expressément habitant Roiville, lesquels, en 1522, se permirent de « s’emparer du bénéfice de la seigneurie et paroisse dudit Roiville, d’en chasser maistre Jehan Le Petit, paisible curé. Is furent appelés pour ce fait le 12 novembre de cette dite année aux assises d’Argentan et Exmes, devant noble homme Michel Avesgo, écuyer, licencié en lois, lieutenant particulier de Monsieur le bailli d’Alençon, ès vicomté d’Argentan et Exmes. Le dit Le Petit déclara qu’il avait été nommé à la cure par feu noble et vénérable maître Robert Rouxel et par deffunct messire Rouxel, chevalier, seigneur de Médavy, tous deux frères audit Allain, enfants et héritiers de feu messire Pierre Rouxel, chevalier, possesseur indiscutable de ladite seigneurie de Roiville. En conséquence, le prêtre demandait à être maintenu dans sa cure. Et il obtint satisfaction ».

Autres notes:

« De MAGNY cite Christophe Gouhier qui en 14.2(?), épouse Isabelle de Rouxel de Médavy; il acquit la terre de Roiville de Pierre Rouxel, seigneur de Bretel et de Royville. Il fut inhumé le 4 septembre 1504 dans l’église Saint-Saturnin de Roiville.

L’un de ses fils, Guillaume, est l’auteur de la branche de Roiville.

Le 15 avril 1626, François Gouhier, écuyer, seigneur et patron de Fresnay-le-Samson, conseiller du roi, lieutenant civil e  criminel au bailliage d’Alençon pour les vicomtés d’Exmes et d’Argentan, fils de Charles Gouhier, écuyer, sieur de la Bretonnière, épousait demoiselle Françoise Florence Bernard, fille du seigneur de Courménil.
Ils n’eurent pas d’enfants.

Le fief passa à son neveu, mais resta dans la même maison.

Jacques Gouhier était seigneur du Mesnil en 1696 [67]
Les faibles dimensions du manoir laissent à penser que le seigneur ne l’habitait pas d’une manière constante. Il est cependant certain que ce fut un Gouhier qui le construisit.

La seule mention expresse que je trouve du fief du Mesnil en Roiville concerne François Gouhier, écuyer, seigneur et patron de Fresnay-le-Samson, Conseiller du Roi, lieutenant ancien civil et criminel au bailliage d’Alençon pour les vicomtés d’Exmes et d’Argentan, fils de Charles Gouhier, écuyer, sieur de la Bretonnière, qui le 15 avril 1636 épousait Florence Bernard, fille du seigneur de Courménil. Ils n’eurent pas d’enfants.
Comment le Mesnil était-il venu aux Gouhier ? Il y a deux manières possibles – je ne sais trancher, ne possédant de nobiliaire complet.

Je constate:
1°.-  qu’en 1482 (?), Christophe Gouhier épousait Isabelle de Rouxel de Médavy (voir ci-dessus)…..
2°.- Guillaume Larconneur, écuyer, sgr. de Roiville et de Médavy, capitaine des villes et château d’Argentan, fut tué à la bataille de Verneuil. Sa fille et héritière, Marie, épousa en premières noces, Alain de Vieuville et en deuxièmes noces Jean Rouxel.
Je suis donc incertain sur la manière dont les Gouhier acquirent le Mesnil. Peut-être au moment où le fief fut partagé.

5 – BIBLIOGRAPHIE:

ADIGARD 1956.
ADIGARD des GAUTRIES Jean, « Les possessions de l’abbaye de Saint-Wandrille dans la région d’Argentan aux XIe, XIIe  et XIIIe siècles », BULL. SOC. HISTORIQUE ET ARCH. DE L’ORNE, XXIV, 1956, pp. 22 sq.

BEAUREPAIRE 1979.
BEAUREPAIRE François de, Les noms des communes et des anciennes paroisses de la Seine-Maritime, Paris, Picard, 1979.

Catalogue 1870.

Catalogue d’un Bibliophile Bourguignon (Claudin, 1870), p. 106, art. 950.
+ IND.: Arch. SHL. NE. 23.2. Vimoutiers, 4. Roiville. (note ms. au crayon de la main de Ch. Vasseur: 64h1)

Château
« Château en bois – Motte entourée de fossés au Sud-ouest de l’église – Xe – XIe siècle », Bull. mon., II, p. 251.

COTTIN Michel, « Le Mesnil de Roiville », PAR, 43, N° 12, Décembre 1993, pp. 21- 26, ill.
COTTIN Michel, « Roiville et le Manoir du Mesnil de Roiville »,  BULL. SOC. HISTORIQUE de VIMOUTIERS n° 23, 1993 (Février 1994), pp. 26-39, ill.

DETERVILLE 1982.

DETERVILLE Philippe, Le Manoir du Mesnil de Roiville dans Grands et Petits Manoirs du Pays d’Auge, Condé-sur-­Poireau,

Corlet, 1982, 25 x 33, 312 p., ill. couv. ill.pp. 156-158
logis modifié,  décor de godrons,  portes jumelées au centre, cheminé aux extrémités du logis, tourelle d’escalier dans l’axe des portes, pavillons en saillie, toits en hache,

DETERVILLE 1993.
DETERVILLE Philippe, « Après vingt ans d’oubli, il a retrouvé son faste d’antan: Le Mesnil de Roiville », Maisons Normandes, N° 16, Avril/Mai 1993, pp. 22-28, ill.

DOUARD 1993.
DOUARD Christel, DUCOURET Jean-Pierre, MENANT Marie-Dominique, RIOULT Jean-Jacques et al., Le Manoir en Bretagne, Paris, Imp. Nationale – Cahiers de l’Inventaire, 1993, 21 x 27, 348 p., 362 ill.

DU BOIS 1828
DU BOIS Louis, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements composant la Normandie, Caen, Mancel, 1828. In-8°, 636 p.,

DUVAL 1903
Louis DUVAL, Préfecture de l’Orne. Rapport sur l’orthographe des noms de communes du département de l’Orne, Alençon, A. Herpin, 1903, p. 10-11:

ETIENNE-STEINER 1990.
ETIENNE-STEINER Claire, « Le manoir d’après les aveux à la Chambre des Comptes de Normandie (XVIe – XVIIe siècles) », Histoire de l’Art, n° 9/10, 1990, pp. 55-61

FAUROUX 1961.
FAUROUX Marie, Actes des Ducs de Normandie in MSAN., XXXVI, 1961
acte de 1025-1026 concernant le domaine d’Imma à Ticheville.

FORMEVILLE 1873.
FORMEVILLE Henry de, Histoire de l’ancien évêché-comté de Lisieux – comprend: Introduction à l’Histoire de l’Evêché-Comté de Lisieux. Les Mémoires de Noël Deshays. Les Huguenots et la Saint-Barthélemy à Lisieux. Quatre appendices comprenant la Table du Cartulaire de l’Evêché, les Rôles des Fiefs de la Vicomté d’Auge, de Pont-Authou et Pont-Audemer, d’Orbec, etc., Lisieux, E. Piel, 1873, 2 vol., In-4°, 11-dcliii et 419 p.

FOURNEE 1973.
FOURNEE Dr Jean, Le culte populaire et l’iconographie des Saints en Normandie. Etude générale, Paris, SPHAN, 1973, 287 p.

LE BOEUF 1990.
LE BOEUF François, « Les manoirs du canton de Sablé (XVe-XVIe siècles », Histoire de l’Art, n° 9/10, 1990, pp. 43-55, ill.

LE HARDY 1869.
LE HARDY Gaston, Un gentilhomme normand au XIe siècle (Guillaume Pantol ou Pantou) dans MSAN, XXVI², Novembre 1869, pp. 735-746
« dîme des moulins de Roiville donnée à l’abbaye de Saint-Evroult pour la fondation du prieuré de Noron. »

LEPELLEY 1993.
LEPELLEY René, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Condé-sur-Noireau/Caen, Corlet/Presses Universitaires de Caen, 1993, 140×220, 278 p.

LE PREVOST 1844.
LE PREVOST Auguste, Pouillés du diocèse de Lisieux, recueillis et annotés, Caen, A. Hardel, 1844, In-4°, 100 p.
LE PREVOST 1869.
LE PREVOST Auguste, Mémoires et notes de M. Auguste Le Prévost pour servir à l’histoire du département de l’Eure, recueillis et publiés par MM. Léopold Delisle et Louis Passy – Table des abbayes et des prieurés, des léproseries et des chapelles, des fiefs, des manoirs, des cours d’eau et des noms de lieux anciens, dressée par M. A. Chassant, 3 vol. Evreux Hérissey, 1862-1869-1869, in-8°, XXXV-576, 632, 582
LE PREVOST 1740.

LE PREVOST Jean, Les Vies des Saints Patrons du Diocèse de Lisieux, Lisieux, J. A. Du Ronceray  s.d. (c. 1740), In-16, 275 p.

LOT 1913
LOT Ferdinand, Etudes critiques sur l’abbaye de Saint-Wandrille avec 9 phototypies hors texte, Paris, 1913, p. LXXVIII et 105.

MANNEVY 1989.
MANNEVY Yvonne, « Sortie (des Amis de L’Aigle) du 26 juin 1988 », Les Amis de L’Aigle, bull., n° 15, juin 1989, pp. 17-24, ill.

MORLET 1985.
MORLET Marie-Thérèse, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule, v. III, « Les noms de personnes contenus dans les noms de lieux », Paris, CNRS, p. 369b s.v.

MUSSET 1945.1.
MUSSET Lucien, « Notes pour servir d’introduction à l’histoire foncière de la Normandie. Les domaines de l’époque franque et les destinées du régime domanial du IXe au XIe siècle », BSAN, XLIX, 1942-1945, pp. 7-97
MUSSET 1955.30
MUSSET Lucien, « Contribution à l’étude toponymique de l’habitat dispersé en Normandie », BSAN, LII, 1952-1954 (1955), pp. 297-302
MUSSET 1961.83.
MUSSET Lucien, « Sépultures franques rue Saint-Saturnin, à Avranches », Revue de l’Avranchin, t. XXXIX, n° 228, septembre 1961, pp. 105-108; BSAN, LVI, 1961-1962 (1963, pp. 683
MUSSET 1982.246.
MUSSET Lucien, Signification et destinées des domaines excentriques pour les abbayes de la moitié septentrionale de la Gaule jusqu’au XIe siècle dans Sous le règne de Saint-Benoît, Genêve, Droz, 1982, pp. 167-182.
MUSSET 1982.251.
MUSSET Lucien, Signification et destinées des domaines excentriques pour les abbayes de la moitié septentrionale de la Gaule jusqu’au XIe siècle dans Sous le règne de Saint-Benoît, Genêve, Droz, 1982, pp. 167-182

NEDELEC 1985.
NEDELEC Yves, « Le Mesnil de Roiville », Société d’archéologie et d’histoire de la Manche – Mélanges multigraphiés, 14e série, 1985, pp., 41-42
d’Ecorches; Rioult; Le Sec des Hayes; Gouhier

NEGRE 1991.
NEGRE Ernest, Toponymie Générale de la France, Genève, Droz, 1991.

PANTHOU 1979.
PANTHOU Robert, « Panthou dans la toponymie normande », Cahiers Léopold Delisle, XXVIII, 1979, fasc. 1-2, pp.17-23

PELLERIN 1951
PELLERIN Henri, « Le Mesnil de Roiville », PAR, 1, N° 2, Juillet 1951, p. 8 (art. non signé)
+ IND.: note sur son état d’abandon et rêverie « sur ce que pourrait devenir ce chef-d’œuvre si quelque riche amateur d’art en devenait amoureux. Un miroir d’eau en gradins, animerait un jardin à la française… ».
PELLERIN 1956
PELLERIN Henri, « Le Mesnil de Roiville », PAR, 6, N° 11, Novembre 1956, pp. 1-6, ill. dessins J. Bureau.
PELLERIN 1956
PELLERIN Henri, « Le Manoir de Roiville est sauvé », PAR, 6, N° 12, Décembre 1956, p. 7.

PENAULT 1992.
PENAULT Pierre-Jean, « Le Mesnil de Roiville », PA, 42, N° 12, Décembre 1992, p. 27, ill.

ROUSSEAU s.d.
ROUSSEAU Xavier, Notes dactyl., s.d.

SAUVAGE 1876.
SAUVAGE abbé Eugène-Paul-Marie, Abrégé de la vie et des miracles de Saint Wulfran archevêque de Sens et moine de Fontenelle par Dom Guillaume LA VIEILLE religieux de Saint-Wandrille extrait avec d’autres pièces normandes du registre des chartres, pièces et Escriptures du Prieuré de Marcoussis et publié pour la première fois avec des notes historiques et bibliographiques par…, Rouen, Ch. Métérie, 1876, In-4°, LXI-35 p., ill., (chapelle Saint-Saturnin), 2 pl. h.t.
SAUVAGE 1928.

SAUVAGE René-Norbert, Fragments d’un cartulaire de Saint-Pierre de Lisieux dans Etudes Lexovienne, III, 1928, pp.327-357

6- Carnets de Charles VASSEUR:

Doyenné de VIMOUTIERS.
4 – ROIVILLE – Roevilla, Raucavilla, Roeville, Roueville
Ban de 1272 – Belot de Royeville –  d’Hozier 402
Voir St Evroult Ordéric Vital tome II
Formeville I 472 – II p.103 – 213
Extraits   de la Ste Historique de Lisieux 19
Catalogue d’un bibliophile bourguignon (Claudin 1870) p.106 art.950
Election d’Argentan, sergenterie d’Hiesme – 105 feux.

Sous l’invocation de St Saturnin

Patronage:
XIVe    Episcopus lexoviensis
XVIe    Capitulum lexoviense
XVIIIe ….

Curés:
Fournet 1764-1774
Desplanches 1781-1787

Insinuations:
Recherche de 1666
Jean Deshays, seigneur de Vilemont, issu de Jean, anobli en 1596
François Deshays, seigneur du Mesnil, est de la même famille
Robert Gouhyer, seigneur de Royville, ancien noble.
Roiville – château en bois, motte entourée de fossés au sud-ouest de l’église 10e ou 11e siècle.

[1] A notre connaissance, il existe peu de travaux sur ce domaine et l’essentiel de notre documentation est constitué par les recherches de Charles Vasseur: Arch. SHLisieux. Fonds NE. 23.2 Doyenné de Vimoutiers. 4-Roiville; et les notes remises au Dr VIVIEN et à Madame par Xavier ROUSSEAU. Il existe par contre aux Archives départementale de l’Orne de nombreux documents originaux que nous utiliserons en partie.

[2] Je tiens à remercier tout particulièrement notre ami Dominique FOURNIER qui a repris complètement ce chapitre et y a apporté les corrections et les compléments indispensables.

[3] DU BOIS 1828, p. 550.

[4] DU BOIS 1828, p. 530.

[5] Gallia Christiana , t. XI, p. 783; FORMEVILLE 1873, I, pp. lxxij-lxxiij: DUVAL 1903, pp. 80-81;  SAUVAGE 1928, p. 336.

[6] FORMEVILLE 1873, I, p. lxxiij.

[7] Tome II, p. 35 (dit p. 415, par erreur.)

[8] LE PREVOST 1844, p. 36, avait bien identifié ce lieu, aujourd’hui la Trinité-de-Réville, Arr. de Bernay, canton de Broglie, dit aussi Réville-sur-Charentonne (DU BOIS 1828, p. 530). Sur les autres formes anciennes voir LE PREVOST 1844, pp. 36-37.

[9] Etat des revenus dont les chanoines de Lisieux jouissaient en commun au XV siècle publié par LE PREVOST 1844, p. 64. Cette forme pourrait prêter à confusion avec la première mention attestée de la paroisse de Réville-sur-Mer , Arr. de Valognes, canton de Quettehou. BEAUREPAIRE 1986, p. 182..

[10] FORMEVILLE 1873, i, p. lxxiij.

[11] LOT 1913, p. LXXVIII et 105,

[12] BEAUREPAIRE 1979, p. 131.

[13] MORLET 1985, p 369b. s.v. HRODO .

[14] NEGRE 1961, v. II, p. 955, n° 17157.

[15] Charles ROSTAING, Les noms de lieux , Paris, 1948, p. 73 sq; Dominique FOURNIER.

[16] Voir MUSSET 1963 et FOURNEE 1973, p. 37.

[17] Voir LE PREVOST 1740, p. 91.

[18] François de BEAUREPAIRE, op. cit. , p. 7 sq.

[19] Dominique FOURNIER.

[20] Dominique Fournier préconise une certaine prudence dans les datations d’occupation à partir de cette seule terminaison, l’emploi en ayant été encore courant parfois jusqu’au début du XIXe siècle.

[21] Toponymes relevés sur la Carte IGN au 25.000e – 1714 Vimoutiers Est, 1979.

[22] Selon MUSSET 1946.1., p. 60: « le grand mouvement de restitution des églises, consécutif à la Réforme Grégorienne, n’ayant atteint le Normandie que très tard, vers la fin du XIIe siècle ».

[23] LOT Ferdinand, Etudes critiques sur l’abbaye de Saint-Wandrille avec 9 phototypies hors texte , Paris, 1913, p. LXXVIII et 105 en y reconnaissant Rouville, Arr. du Havre, canton de Bolbec. Pour sa part, François de BEAUREPAIRE, Les noms des communes de la Seine-Maritime , Paris, Picard, 1979, p. 131, attribue également ce Roevilla à Rouville, mais aussi à Royville, canton de Bacqueville.

[24] Sur les propriétés excentrées des abbayes voir MUSSET 1982.246.

[25] Sur ces donations, voir LOT, op. cit. p. LXXVIII . – FAUROUX 1961, p.174 sq; 247-248; 453.

[26] Sur Emma, voir:  SAUVAGE 1876, p. 24.

[27] Voir LONGNON 1903, op. cit. , p. 263.

[28] Mention en 1214 relevée par DUVAL 1903, p. 78-79 dans le Cartulaire de Saint-Wandrille .

[29] Voir SAUVAGE 1876, pp. XX-XXi et le cul-de-lampe, page LXII.

[30] Sur son culte, voir FOURNEE, op. cit .

[31] Voir notes bibliographiques ci-dessous.

[32] LE HARDY.

[33] 1607 B. 34.

[34] RAULT Fernand , « Le Prieuré de  Royal-Pré », PA, 30, N° 4, Avril 1980, pp. 7-14

[35] LONGNON, op. cit. , p. 261,B.

[36] SAUVAGE 1928, VIII, p. 336.

[37] FORMEVILLE, II, p. 103.

[38] Les patronages des deux église de Saint-Léger-de-Réville et de Saint-Saturnin de Roiville furent données à l’église de Lisieux par la même charte de 1215 éditée par LE PREVOST et DELISLE, Notes , III, p. 23. Elle y apparaît sous la forme de Boevilla mais c’est la seule des trois paroisses du diocèse dédiées à saint Saturnin susceptible d’être concernée. Selon CHARPILLON et CARESME, Dictionnaire , II, p. 937-938, celle de Réville aurait été cédée à l’évêque par l’abbé de Saint-Evroult

[39] FORMEVILLE, op. cit. , t I, p. cccclxxij, note 2, et t. II, p. 182.

[40] FORMEVILLE, id° , p. 213.

[41] LE PREVOST 1844, p. 58, repris FORMEVILLE, op. cit. , I, p. lxxij et II, p. 103 donne la date de 1259.

[42] SAUVAGE 1928, VIII – p. 336.

[43] Note de Xavier Rouseau. Cf. ci-dessous

[44] Aveu de 1679. Cf. pièces justificatives..

[45] Orderic VITAL, II, pp. 36-37.

[46] AD 61. H. 1711.

[47] D’HOZIER, cité par Charles VASSEUR, Arch. SHL. NE 2. Vimoutiers 4.

[48] DALLET, dans BSHV , n° 20 .

[49] Victor Des Diguères, Familles illustres de Normandie.

[50] Victor Des Diguères, op. cit. .

[51] AD 61. H. 369.

[52] Armoiries : d’argent à l’aigle à deux têtes éployée de sable.

[53] Armoiries : de gueules à 3 roses d’argent, posées 2 et 1.

[54] Armoiries : D’azur à un chevron d’or accompagné de 3 besants d’or, 2 et 1.

[55] Armoiries : D’azur à un soleil d’or en chef et un souci aussi d’or tigé et feuillé de mesme en pointe.

[56] Note de Xavier ROUSSEAU: « Dans la Généalogie d’Escorches par Godet de Romanet: Marie d’Escorches, épousa par contrat passé à Sainte-Croix-du-Mesnil–Gonfray, le 16 décembre 1576, Tanneguy Gouhier, écuyer, sieur de Launay et de Royville, fils d’Ambroise, écuyer, sieur de Royville, et de Jeanne Le Verrier. Tanneguy Gouhier ayant été fait prisonnier de guerre par les Ligueurs et conduit par eux à Rouen, sa femme, pour payer partie de sa rançon, vendit pour 333 écus d’héritages à Royville, par acte du 19 mai 1591. Elle était veuve et tutrice de deux de ses enfants encore mineurs le 19 avril 1610.

[57] Dans une autre note de X. ROUSSEAU: « Pommereu, Intendant d’Alençon dit qu’en 1696, le fief du Mesnil appartient à Jacques Gouhier.)

[58] Armoiries : De gueules à 3 quintes feuilles d’argent posées 2 et 1.

[59] Notes manuscrites de Xavier ROUSSEAU, coll. Dr Marc VIVIEN et Madame. « .

[60] C’est la même Imma qui contribua à la construction du réfectoire  de sant-Wandrille (Inventio et Miracula S. Vulfrani , par. 26.)

[61] Ce nom n’est pas connu. Peut-être s’agit-il d’Ommoi.

[62] Note de LE PREVOST, Orderic Vital , t. II, p. 36 : « Les églises citées dans ce paragraphe comme ayant été données par Guillaume, fils de Guillaume Giroie, sont celles de la Goulafrière (Saint-Sulpice), Réville (Saint-Léger), Monnai (Notre-Dame), Ternant (Notre-Dame), Les essarts en Ouche (Saint-Pierre); les Augerons (Saint-Aquilin), et le Bosc-hébert, hameau de Verneusses. Cette dernière n’est désignée que comme chapemme dans la charte de Henri Ier « .

[63] Note de LE PREVOST, p.37 : « Probablement les Landelles, hameau de Verneuces » (Verneusse) ».

[64] Voir l’acte de 1025-1025 FAUROUX 55.

[65] Note de Xavier ROUSSEAU: « Dans la Généalogie d’Escorches par Godet de Romanet: Marie d’Escorches, épousa par contrat passé à Sainte-Croix-du-Mesnil–Gonfray, le 16 décembre 1576, Tanneguy Gouhier, écuyer, sieur de Launay et de Royville, fils d’Ambroise, écuyer, sieur de Royville, et de Jeanne Le Verrier. Tanneguy Gouhier ayant été fait prisonnier de guerre par les Ligueurs et conduit par eux à Rouen, sa femme, pour payer partie de sa rançon, vendit pour 333 écus d’héritages à Royville, par acte du 19 mai 1591. Elle était veuve et tutrice de deux de ses enfants encore mineurs le 19 avril 1610.

[66] Dans une autre note de X. ROUSSEAU: « Pommereu, Intendant d’Alençon dit qu’en 1696, le fief du Mesnil appartient à Jacques Gouhier.) .

[67] Ceci ne s’accorde pas bien avec le rapport de Raousset et il faut considérer, une fois de plus, combien il est difficile de rattacher ces seigneurs les uns aux autres. .

PREAUX-Saint-Sébastien


NOTES sur SAINT SEBASTIEN DE PREAUX

1 – Bibliographie.
2 – Pièces Justificatives.
3 – Archives ShL.

1 – Bibliographie:

BEZIERE,
ALIX abbé Frédéric, Saint-Sébastien, sa vie, son culte, son pèlerinage. Pèlerinage de Préaux, orné de quatre planches hors texte. Deuxième édition, Caen, Chesnel, 1912, In-16, 21 p.
BILLY Jacques, Haras et élevages de Normandie, Condé-sur-Noireau, Corlet, 1984, 319 p., ill.
GODESCART, Description des pèlerinages de Préaux, suivie de la vie de Saint-Sébastien et des hymnes de Saint-Sébastien et de la prose, dédiée aux pèlerins qui font ce voyage, A Lisieux, Chez Hersant, Marchand d’images, faubourg Saint-Désir, 1850, In-32, 35 p.
GUIBLAIS Raymond, Promenades dans le canton d’Orbec-en-Auge (Calvados), Rennes, Imprimerie Bretonne, 1959, In-8ø, pp. 38-42
JOUAN Isabelle dir., Pays d’Auge – Un terroir, un patrimoine – Guide des cantons de: Lisieux II, Saint-Pierre-sur-Dives, Livarot, Orbec,s.l.s.d. Pays d’Accueil Sud-Pays-d’Auge (1989), 110 x 210, 81 p. 6 cartes h.t.
LE CLERC Léon, « Chaumières normandes – Préaux », L’Illustration
rec. factice « Pages de Tourisme de l’Illustration « )
LESAGE Georges, « Retour d’un pèlerinage de Préaux … l’époque révolutionnaire », PAR, 25, N° 2, Février 1975
LETOREY Dominique : des bois de Meulles … la Fontaine du val Ratier
PAR 47e année – n°9 décembre 1997.8
LEVEQUE Jean, Saint-Sébastien-de-Préaux, pèlerinage du Pays d’Auge, Illustrations du Commandant Richard Mouton, Bernay, Claudin, 1958,In-8ø, 38 p.
PANNIER Arthème, dans CAUMONT Arcisse de, Statistique monumentale, t.V, pp. 747 sq.; et la suite d’articles de Henri PELLERIN parus dans cette revue d’Août 1960 … Septembre 1962. Voir également: MAYER Annie, Ministère de la Culture et de la Communication Direction du Patrimoine. Catalogue des Plans et Dessins des Archives de la Commission des Monuments Historiques – Tome I, Basse-Normandie: Calvados, Manche et Orne. Introduction de Françoise Berce, Caen, Lafond, 1980, 167 x 250, VII, 367 p., ill. couv. ill.;
PELLERIN Henri, « Saint-Sébastien-de-Préaux. Eglise de Saint-Sébastien-de-Préaux – PAR, 10, N° 8, Août 1960, pp. 11-15; N°9, Septembre 1960, pp. 4-10: « Intérieur de l’église de Saint-Sébastien »; N° 10, Octobre 1960, pp. 10-16: « Découvertes effectuées dans le chœur de l’église »; N° 114, Novembre 1960, pp.14-19: « Le Patronage de l’église de Préaux »; N° 12, Décembre 1960, pp.14-20: « Histoire de l’église de Préaux »; 11, N° 1, Janvier 1961, pp.13-18: idø; N° 2, Février 1961, pp. 10-16: idø; N° 3, Mars 1961, pp.9-14: idø; N° 4, Avril 1961, pp. 9-16: idø; N° 5, Mai 1961, pp. 7-12: »Vie de Saint-Sébastien »; N° 6, Juin 1961, pp. 12-16: « Le pèlerinage de Saint-Sébastien »; N° 7, Juillet 1961, pp. 9-14, idø; N° 8, Août 1961, pp. 5-12, idø; N° 9, Septembre 1961, pp. 7-14: « Le château de Préaux », ill.; N° 10, Octobre 1961, pp. 9-15,: idø; N° 11 Novembre 1961, pp. 7-14,: « Histoire du château de Préaux », dessins de pavés, cheminée; N° 12, Décembre 1961, pp. 19, idø; 12, N° 1, Janvier 1962,pp. 14-20, « Une attaque de la ferme de Gassart sous la Révolution »; 12, N° 2, Février 1962, pp. 12-17: « Le fief de Hayes-Gassart »; N° 3,Mars 1962, pp. 13-17,: idø; 12, N° 4, Avril 1962, pp. 6-11: « Lachapelle Saint-Gabriel »; PAR, 12, N° 5, Mai 1962, pp. 9-15: »Fatouville-L’Epinay »; 12, N° 6, Juin 1962, pp. 13-20: « Le petit manoir de la Vatterie. Le Manoir de la Besnardière »- cheminée XVIIe ;12, N° 7, Juillet 1962, pp. 17-19: « Noms de lieux de Saint-Sébastien-de-Préaux »; 12, N° 7, Juillet 1962, pp. 17-19: idø; 12, N° 8, Août 1962, pp. 16-20: idø; 12, N° 9, Septembre 1962, pp. 12-15: « Voies anciennes. Maires. Bibliographie. Statistique ».
PERROTTE Vital, Notice historique et statistique sur la commune de Saint-Sébastien-de-Préaux, Vimoutiers, 1892, In-8ø, 24 p.= Arch. Départ. Calv., Br. 3324

2 – Pièces Justificatives:

STATISTIQUE MONUMENTALE DU CALVADOS PAR ARCISSE DE CAUMONT.
Notes par M. Pannier, de la Société française d’archéologie.
Préaux, Ecclesia de Pratellis.
La commune de Préaux est réunie, pour le culte, à celle de Meulles. L’église s’élève dans une plaine, à 2 kilomètres du bourg de Meulles et à 1 kilomètre seulement de la route d’Orbec à Livarot. Cette église, placée sous l’invocation de saint Sébastien, appartient à la dernière époque de l’ogive.
Le mur méridional de la nef est percé de trois fenêtres dont deux, divisées par un seul meneau, présentent dans leur partie supérieure des compartiments flamboyants. La fenêtre du milieu a été refaite. Au nord, il n’y a que deux ouvertures: l’une trilobée, l’autre partagée par un meneau prismatique. Les fenêtres du choeur sont modernes et construites sans goût. Celle du chevet a conservé sa forme primitive et offre une grande ogive qui a été bouchée lorsqu’on a placé le retable du maître-autel. La sacristie, placée au nord, date de la fin du XVIIe siècle, ainsi que l’indique le chiffre 1680 gravé au-dessus de la porte.
Le portail s’élève à l’occident. La fenêtre qui surmonte la porte est cintrée et à moulures prismatiques. La tour, située au nord-ouest, est terminée par une pyramide à quatre pans et à double épi: cette pyramide est couverte en essente et offre sur chacune de ses faces une petite lucarne. La base de la tour était construite en damier; la pierre alternait avec le caillou et la brique vernie (verte). Cette base, qui a été réparée sans aucun goût, doit remonter à la fin du XVIe siècle. Elle supporte une poutre sur laquelle est marqué le chiffre 1599, qui indique l’époque de la construction de tout le clocher. Sur une pièce de bois plus élevée on lit l’inscription suivante qui, sans doute, fait connaître le nom du charpentier :

MAS – IOVIS . CAIONNVI CAISI DE CE LIEV .
La cloche porte l’inscription suivante :
SOVS LA PROTEXTION DE SAINT SÉBASTIEN IAY ÉTÉ BÉNIE DV VEV GÉNÉRAL
ET EN PRÉSENCE DE LA MVNICIPALITÉ ET DE TOVS LES PAROISSIENS DE
PRÉAVX.
LA VILLETTE DE LISIEVX DE PRÉSENT A SAINT MARTIN DE LA LIEVE MA
FAITE AN 1792.

Diamètre : 96 centimètres.
L’intérieur de l’église est bien décoré. Le maître-autel, d’ordre corinthien, a un beau retable orné de quatre colonnes rudentées. Les deux petits autels placés à l’entrée du choeur sont du même style.
Au-dessus de l’arc triomphal est une toile peinte appliquée contre le mur. La partie inférieure de cette toile, qui représente le Jugement dernier, a été déchirée; on nous en a montré les débris qui ont été relégués dans la tour. La partie supérieure, qui seule a été conservée, montre les élus dans le Paradis.
Dans la nef, on remarque une jolie chaire dans le style Louis XIV. Sur cette chaire est gravée, en caractères romains,
l’inscription suivante :

JEAN LEERON TRÉZORIER A FAICT
FERRE LA CHERRE EN L’AN 1669.

Sur un vitrail de la nef se voit un écusson d’azur au soleil d’or sortant d’une fleur … aussi d’or, feuillée de
4 feuilles de sinopie.
On voit, dans le cimetière, un très-bel if qui a 4 mètres 20 centimètres de circonférence.

Château.
— Le château de Préaux, situé en face du portail de l’église, est appelé par les habitants de la commune la Moinerie, ce qui fait supposer que c’était un ancien prieuré.
Ce château appartient à deux époques différentes. Le corps de-logis principal construit en pierre et surmonté d’un fronton, a dû être élevé sous Louis XV. Ce bâtiment est flanqué, au nord, de deux jolies tourelles en pierre percées chacune d’une fenêtre carrée avec nervures prismatiques.
L’une des fenêtres est garnie d’une belle grille en fer dont les barreaux offrent des annelures, alternativement horizontales et verticales, artistement entrelacées même disposition que la grille d’une maison située à Lisieux, à l’angle de la rue du Paradis et de la Grand’Rue). Ces tourelles sont plus anciennes que le corps-de-logis qui doivent remonter au XVIe siècle. Le tout est surmonté de belles cheminées en briques présentant, dans la partie inférieure, une série d’arcatures.
Dans la cour s’élève un beau colombier décoré de pilastres. On remarque dans sa construction des assises alternatives de brique et de pierre.

Promenade dans le canton d’Orbec-en-Auge – R.GUIBLAIS.
Préaux appartenait autrefois au canton de N.D de Courson, rattaché au canton d’Orbec par arrêté du 6 brumaire de l’an X (29-10-1801).
L’église, dont quelques vestiges remontent au XII° siècle, fut en majeur partie construite au XVI° siècle. Retable, redevable à un peintre local nommé Lampérière, en bois sculpté du XVI° siècle.
Ancien château, demeure datant des XVI° et XVII° siècle où habita les Le Bas de Préaux. Colombier du XVI° siècle.

L’ABBAYE ROYALE DE St LEGER DE PRÉAUX. Ordre de St Benoit.
Abbesses. — M.-A. de Gimel de Lentilhac. — G.-M.-A. de Bouille de Créances.
Chapelle N.-D. et St-Léger.— CHAPELAINS.— P. Delauney.— J.-B.Hermier.
Chapelle St-Trinité. — CHAPELAINS. — J.-F. Pottier de Prétreville. — L -A. Lorette. — V. Pupin,
XXXVI. 317. — R. J. Pupin, XXXVI. 317 ; XXXVII. 117 ; XL. 118.
Chapelle St-Laurent.— CHAPELAINS. — J. Moulin – Guersent.
Chapelle de Requiem.— CHAPELAINS.— C Roussel.—J.-B Hermier. — L.-A. Lorette. — C.-N. Maurice. — J.-A. Léger. L.Caulais. — C.-N. Maurice.
Toutes ces chapelles étaient à la nomination de labbesse de St-Léger.

Insinuations

Transaction du lundi après la St Barthelemi (1340) entre Guillaume de Charmont, évêque de Lisieux et Raoul Faron, seigneur de Préaux, au sujet du droit de patronage de l’église de St Sébastien dudit lieu, duquel l’évêque se désiste comme appartenant au seigneur de Préaux.

Description de l’église 1853

Description de la cloche : Sous la protection de St Sébastien J’ai été bénie du … général en présence de la municipalité et de tous les paroissiens de Préaux.
Lavillette de Lisieux, présent à St Martin de la Lieue, m’a faite en 1792.

Description du château et croquis de la grille annelée du château

Autres nobles noblement tenant de ladite Vicomté d’Orbec :
Pierre de Saint Aubin pour le fief de Préaux (monstres générales)

Recherche des nobles de Lisieux par d’Hozier
Charles Le Bas, seigneur de St Sébastien de Préaux

De Noges, seigneur de Rondefougères, d’ Ardene, de Buron et Préaux
Armoiries ; de gueule à trois aigles à deux têtes d’argent

François de Noges, escuyer, sieur de Préaux 8 novembre 1655.

La ferme de Gassart près de St Sébastien mériterait d’être visitée.

Recherches de 1666
Marguerite d’Irlande, veuve de Jean Deshays sieur de Ticheville, tutrice de ses enfants, issus de Jean ennobli en 1596.
Jean le Vellani : R. au conseil

Recherche faite en 1540, parles élus de Lisieux des nobles de leur élection…L’abbé de la Roque.
PREAUX ST-SEBASTIEN.
1. Geffroi de la Roche a baillé une généalogie en papier , et pour toute écriture s’est aidé d’un extrait recueilli, suivant la requête présentée à la Chambre des comptes par Pierre et Guillaume, dits de la Roche, pour avoir ledit extrait, qu’il a dit être mentionné aux registres de la dite Chambre , lequel extrait contient que Macé de la Roche avait été anobli par le Roi en l’an 1454 , moyennant 60 écus d’or par lui solus et payés ; duquel extrait signé le blanc, la copie est demeurée au greffe ; et pource qu’il n’a fourni de sa descente ni fait aucune justification de sa noblesse, le procureur du Roi a requis qu’il soit imposé au profit dudit sieur.

3 – Archives ShL:

Carnets de Charles VASSEUR –
DOYENNE DE ORBEC.
Sous l’invocation de Saint Sébastien

Curés:
Debris 1764
Charlemaine 1772/1787

– L’EGLISE
– LE CHATEAU
Michel COTTIN – Juin 1992

La paroisse de Saint-Sébastien-de-Préaux en raison sans doute de la célébrité de son pèlerinage, a fait l’objet d’un grand nombre de travaux auxquels on ne peut mieux faire que de renvoyer le lecteur [1]. Il faut y ajouter les travaux précis et documentés du marquis Henri de FRONDEVILLE tant sur l’administration en Pays d’Auge aux XIVe et XVe siècle qu’à ses recherches sur les Présidents au Parlement de Normandie.

Nous résumerons pour vous la partie historique de la  monographie d’Henri PELLERIN, dont il vous est loisible de prendre connaissance, nous attachant surtout aux éléments archéologiques qu’il n’avait pas développés.

1 – L’EGLISE

L’église est depuis fort longtemps un lieu de pèlerinage [2] bien connu pour la période moderne grâce aux registres des agrégés qui ont été conservés qui ont permis de retracer son aire d’attraction et l’importance de ce pèlerinage est vraisemblablement à mettre en relation avec les dimensions inaccoutumées de ce sanctuaire rural, sans aucun rapport avec sa population.

Elle présente le plan classique de nos églises rurales avec un chœur en retrait sur la nef. Seul, le clocher construit à l’angle nord-ouest est-il assez inhabituel mais trouve son équivalent dans celui de l’église de Notre-Dame-de-la-Couture, à Bernay, autre grand lieu de pèlerinage. Une vaste sacristie construite à l’angle nord-est complète ce plan [3].

L’examen des maçonneries révèle les multiples avatars du monument. De l’édifice roman, ne subsistent semble-t-il que quelques blocs de roussier, ce poudingue caractéristique des monuments romans de cette époque tels Fervaques et Broglie utilisés en réemploi pour l’édification du chœur. Par contre la présence de massifs contreforts d’angle à ressauts, la pose en lits alternés avec des silex ne peuvent correspondre à une époque aussi reculée. Tout au plus peut-on penser à une campagne remontant à l’extrême fin du XIIe siècle mais plus vraisemblablement au XIIIe siècle, époque à laquelle se rattachent quelques éléments découverts en 1961 à l’occasion de travaux intérieurs: armoire, piscine, etc. et le triplet à large chanfrein. Pour le reste, l’emploi de rognons de silex noyés dans un mortier de chaux, ne présente par de caractère facilement datable.

Les murs gouttereaux nord et sud sont percés de baies qui ont été implantées dans des maçonneries plus anciennes et il paraît hasardeux de les dater.

La nef, en légère saillie sur le chœur, comme nous l’avons dit, est élevée en blocs de craie cénomanienne de moyen appareil, bien taillés, sans contreforts médians, seul, le pignon ouest, étant contreforté. Une porte percée dans l’axe du pignon ouest est lui encadré de deux autres contreforts à ressauts. Quoique les sols soient sains, dans cette partie, comme on le voit au château, ces murs reposent sur deux assises de granit de moyen appareil. Si, comme le chœur, les baies du mur sud présentent aussi peu d’éléments permettant leur datation, le mur nord, en revanche est percé d’une belle baie à la tracerie flamboyante et d’une autre en plein cintre légèrement plus tardive.

La tour, massive, mais cependant gracieuse avec son haut toit en hache, présente une maçonnerie de faux damiers de pierre et brique. Si la partie inférieure utilise surtout des briques plates vernissées vertes, la partie ne comporte que des briques légèrement plus épaisse mais non vernissée. L’étude des comptes de la construction de Saint-Michel de Pont-L’Evêque nous a révélé que ces briques étaient déjà utilisée à la fin du XVe siècles, ce qui se trouve corroboré par l’ensemble des maçonnerie aux profils prismatiques caractéristiques de cette période. L’emploi d’une brique différente et la présence du chronogramme 1599 sur la sole du beffroi correspondant à une restauration peut-être dû à une destruction consécutive aux guerres de Religion où les monuments recelant des reliques furent souvent l’objet de coups de main destructeurs [4] .

L’intérieur comporte un intéressant mobilier cultuel: chaire[5], des statues[6], une cloche[7]  ou des tableaux[8], un ensemble varié, bien décrit par Arthème PANNIER et Henri PELLERIN, facilement datable grâce aux innombrables chronogrammes gravés ou peints, sur lequel il ne paraît pas utile de s’étendre.

2 – LE CHATEAU

HISTORIQUE

Le château de Préaux avec son colombier, ses deux tourelles et ses façades classiques, est assez exceptionnel dans notre région où les grands monuments de pierre sont rares. Ces caractéristiques présentes, il les doit à ces familles dont l’histoire est maintenant bien connue et qui, en raison de leurs attaches rouennaises, entre autres, ont introduit dans notre architecture traditionnelle des éléments étrangers. Il est rare de pouvoir disposer d’une telle documentation, mais nous le verrons la conjonction de l’histoire et de l’analyse archéologique donne de riches moissons.

Les débuts de l’histoire de ce domaine sont intimement liés à la seigneurie de la Lande, sise à Cerqueux. La première mention de la paroisse remonte à 1226 lorsque Robert de la Lande, seigneur de Cerqueux, donna aux religieux de Friardel tous les biens qu’il possédait à Saint-Sébastien-de-Préaux; quelques années plus tard, cette donation fut ratifiée par Guillaume de la Lande, son frère auquel sa succession était échue » [9].

A la fin du XIIIe siècle, la seigneurie de Préaux était entre les mains de Pierre de Montfort qui, selon le moine-historien de l’abbaye de Friardel écrivant au XVIIe siècle, aurait donné le mercredi après la Saint-Martin d’été de l’an 1282 [10] le patronage de cette paroisse à l’abbaye de Friardel. Henri Pellerin met en doute ce don tout en relevant cependant l’autorisation que Pierre de Montfort donna en 1289 aux religieux  » de Friardel d’acquérir librement dans son fief de haubert et dans tout son fief de Préaux [11]. Mais la donation du patronage ayant été faite sans le consentement de son seigneur direct, en l’occurrence le seigneur de Cerqueux, celle-ci était entachée de nullité.

Le patronage, si donation il y eut, ne dut pas rester longtemps entre les mains des moines de Friardel puisque vers 1308, un prêtre nommé Osbert Halbout,, seigneur de Préaux, le remettait entre les mains de l’évêque de Lisieux. Mais pour la même raison, celui-ci ne put le conserver très longtemps bien qu’aux environs de 1350, lorsque le Pouillé du diocèse fut dressé celui-ci en était encore patron.

Il faut ouvrir ici une petite parenthèse sur ces droits de patronages dont l’église de Préaux a conservé des traces avec ces lambeaux de litre que l’on peut remarquer sur le chevet et le mur sud. A l’origine de la fondation des premières église, il fut admis que les constructeurs et leur famille conserveraient quelques prééminences sur ces églises, les dîmes restant la propriété du clergé. Aux VIIIe siècle, dans le but a-t-on dit de créer une cavalerie pour lutter contre l’invasion musulmane, on étendit ces droits à la perception des dîmes. Le danger passé, la pratique perdura en bien des endroits jusqu’à la Révolution de 1789 et tout particulièrement dans le diocèse de Lisieux où plus de 50% des patronages étaient laïques. Dès le XIIe siècle, les évêques tenteront par tous les moyens de faire rentrer ces patronages dans les biens de l’église cathédrale ou de la mense canoniales. Ce mouvement de reconquête est particulièrement visible au XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Le cas de Préaux s’inscrit donc dans cette logique et les intérêts pécuniaires expliquent l’acharnement avec lequel ces droits de patronage pouvaient être revendiqués.

En 1320, le prêtre Halbout tenait encore ce fief mais lorsqu’en 1412, Pierre de La Lande rendit aveu au roi pour son fief de Cerqueux, il porta dans sa déclaration que  Jean de Saint-Aubin[12] détenait le demi-fief de Préaux.

Quelques années plus tard il était possédé par Louis d’Orbec qui devait disparaître à la bataille d’Azincourt. Sa sœur Marie d’Orbec, mariée à Robert Le Sec, entra en possession de son héritage vers 1415, mais, quelques décennies plus tard, vers 1462-1463, il était revenu entre les mains de Geoffroy de Saint-Aubin. Son fils Pierre de Saint-Aubin est cité comme seigneur de Préaux en 1469, 1472 et le 6 janvier 1484.

Sans doute par vente, il entra dans la famille Beaudouin. Cette famille, localement importante, détint pendant près d’un siècle la charge de vicomtes d’Orbec. Au premier possesseur de Préaux, Jean Beaudouin , fils de Jean, vicomte d’Orbec, succéda Jacques Beaudouin , fils de Jean, cité dans la Recherche des Elus de Lisieux , en 1540, puis son fils Jean Beaudouin , qui paraît dans de nombreux actes de l’époque. Le fils de ce dernier, Gaston Beaudouin, lieutenant général du Bailli d’Evreux, conseiller au grand Conseil, seigneur de Préaux, de la Chapelle-Gautier et du Fay mourut avant 1577. Il avait épousé Anne Bigot, d’une famille rouennaise, dont il eut deux filles. La seconde, Marie  Beaudouin , épousa en premières noces le 12 octobre 1595, Scipion de Moges. C’était un personnage important, Conseiller au Parlement de Rouen et seigneur de Buron, du Breuil, de la Haye qui, de surplus avait acheté, la terre de Saint-Georges-d’Aunai qui devait constituer l’héritage de son fils aîné.
C’est à lui, selon toute vraisemblance que nous devons les premiers grands travaux de transformation du manoir d’origine.

Son second fils, François de Moges , né le 24 mai 1603, devint seigneur et patron de Préaux. Conseiller du Roi, maître ordinaire en sa Chambre des Comptes, à Rouen, il épousa le 25 septembre 1646, Marie de Verdelay, dame de Coulonges, en Vendômois et de ce moment, pour un certain temps, vivant sur les terres de sa femme, le domaine fut quelque peu abandonné. Leur fils René de Moges , nommé dans les actes: chevalier, seigneur de Préaux, Le Besneray, Coulonges et Raray, conseiller du Roi au grand Conseil , et avait épousé, en 1677, Elisabeth-Agnès de Marsollier, ne paraît pas non plus avoir résidé beaucoup à Préaux mais plutôt sur sa terre de Raray, canton de Saint-Calais (Sarthe), où naquirent quelques uns de ses enfants. Le 25 octobre 1701, Il était cependant revenu à Préaux, puisqu’il y fit baptiser le second de ses fils qui né quelques années auparavant dans des circonstances difficiles, avait été simplement ondoyé par le chirurgien accoucheur.

L’aîné, Alexandre-René de Moges, né le 5 mai 1679, fut reçu page du Roi dans sa petite écurie, le 20 janvier 1694 et épousa le 25 septembre 1724, damoiselle Marie-Angélique de Coupigny. Il fit carrière dans l’armée, où nous le trouvons avec le grade de capitaine de cavalerie au Régiment de Clermont-Prince [13]. Il habita d’une façon assez constante à Préaux, où naquirent trois de ses enfants. C’est à lui sans doute que nous sommes redevables des façades classiques.

En 1730, il vendait sa terre de Préaux à Charles Le Bas , sieur des Rivalles, conseiller du Roi. Celui-ci était né le 15 octobre 1663, à Saint-Germain-de-Lisieux. Il avait passé la plus grande partie de sa jeunesse à Paris où il se maria, paroisse Saint-Louis, avec Marie-Louise Bégault de la Girardière, fille de Charles Bégault, écuyer, sieur de la Girardière, conseiller du Roi, premier lieutenant de la Prévôté générale de France et de damoiselle Louise Goyet. Il avait alors 43 ans. Il était alors revenu à Lisieux où il exerçait la charge de receveur ancien et alternatif des tailles, en l’élection de Lisieux qui était un emploi très lucratif. Cinq ans après son mariage, en 1712, il se fit construire à Lisieux, un bel hôtel particulier qui devait devenir l’Hôtel-de-Ville, et qu’Arcisse de CAUMONT, dans sa Statistique , qualifie de remarquable. De son union il eut trois enfants: Léonor Le Bas, baptisé à Saint-Jacques-de-Lisieux, le 22 septembre 1710 et qui eut pour parrain l’Evêque de Lisieux et pour marraine, la marquise de Bullion , dame de Fervaques; Marie-Madeleine-Barbe-Charlotte Le Bas, qui devait épouser en 1731, Michel Deslandes de Blanville, demeurant à Pont-L’Evêque; et Charles-Louis Le Bas, qui suit. Charles Le Bas avait acquis la terre de Préaux le 28 juillet 1730 devant les notaires d’Auquainville [14]. Le fief de Préaux est ainsi désigné: « Demi-fief de haubert, comprenant l’intégralité de la paroisse de Saint-Sébastien-de-Préaux et s’étendant sur quelques paroisses voisines auquel est réuni un sixième de fief, ci-devant en relevant, et nommé le fief de Friardel, ou le fief aux Moines[15] « . Il avait de lointaines attaches avec Préaux et y possédait la terre des Rivalles et du Rassay qui lui venait de son arrière-grand-mère Perrine des Hayes, qui avait épousé Jean Le Bas. Il s’intéressa aux affaires maritimes et arma ainsi un navire, La Société à destination de la Martinique [16]. Il mourut à Lisieux, le 11 août 1735, à l’âge de 71 ans. Sa femme mourut plus de vingt ans plus tard , âgée de 79 ans, à Pont-L’Evêque, chez sa fille.

DESCRIPTION

-Environnement – Accès

Construit sur un plateau légèrement mouvementé, le château de Préaux se trouve à quelque distance de l’église. L’examen des photographies aérienne est difficile d’appréciation et l’environnement trop bouleversé au cours des siècles pour permettre de lire avec certitude ses liens avec les voies ou les propriétés environnantes. Tout au plus, mais seule une fouille pourrait le confirmer, il semble que nous nous trouvions en face d’un site fossoyé dont on devine encore les traces çà et là, tout particulièrement au pied du colombier. Cependant, connaissant la propension des architectes de la Renaissance pour les jardins étagés, on peut tout aussi bien y rattacher cette disposition à cette époque.

Plan

Nous avions donc d’une part un long logis rectangulaire cantonné à une extrémité de deux tourelles, et d’autre part, un important colombier accompagné de bâtiments agricoles dont quelques uns sont aujourd’hui disparus.

L’analyse des structures internes du logis révèle qu’à l’origine existait un manoir de bois d’un plan traditionnel avec cheminée centrale, correspondant approximativement aux deux tiers environ de l’édifice actuel, sans doute à la façade classique arrière.

Cette construction de bois est bâtie sur une cave mais l’absence de fouilles interdit de connaître les niveaux anciens et de savoir si une portion n’aurait pas été légèrement surélevée. Tous les murs reposent comme à l’église sur deux assises de maçonnerie de granit de moyen appareil à l’exception d’une petite portion de la façade Nord-Est.

Sur cette demeure, disons primitive, vinrent se greffer des tourelles montant de fond et coiffées de toits en poivrière. La maçonnerie de pierre de taille en calcaire cénomanien. La taille de la pierre et les moulurations, tant de la corniche que des piédroits des fenêtre avec ses larges encadrements caractéristique par leur modénature du troisième quart XVIe siècle, sont fort soignées. A la même campagne de construction doit se rattacher l’emparement du manoir de bois primitif, à l’origine en retrait de la façade actuelle ainsi qu’en témoigne l’arrêt de la mouluration de la corniche de la tourelle Nord reste visible seulement sur le pignon nord sur lequel nous retrouvons une fenêtre décorée du même encadrement que celles des tourelles.

L’articulation de ces tourelles avec le corps de logis s’explique mal, particulièrement dans ses communications. mais peut-être existait-il sur la façade arrière une galerie qui s’étendait au delà du mur actuel.

Quelques années plus tard, on dut entreprendre l’édification du colombier. Celui-ci est construit sur une légère butte. Le corps s’élève sur un haut soubassement et l’ensemble présente une maçonnerie d’arases de pierre et de brique alternées selon une formule assez rare dans la région pour cette époque. Le corps, au-dessus du soubassement, le corps est flanqué de pilastres aux tailloirs moulurés, tandis qu’une frise lisse couvre ces chapiteaux et qu’une corniche moulurée, à la modénature différente de celle des tourelles, couronne le tout. Une lucarne très sobre, à fronton triangulaire surhaussé, est assise sur le toit de tuile qui, ayant perdu son lanterneau d’origine paraît un peu écrasée [17]. Malgré cela, il se dégage de l’ensemble une impression de grand raffinement et d’équilibre. L’intérieur comporte plus d’un millier de cases en forme de logette, à la pierre profondément striée par les pattes des pigeons [18]

A la même campagne il faut sans doute relier la mise en place des massifs de cheminée du logis et des tourelles. Il s’agit, pour les tourelles, celle du logis ne paraissant pas complète, d’élégantes architectures de briques à deux niveaux d’arcatures géminées en plein cintre, cantonnées de pilastres à chapiteau mouluré séparés par une frise à métopes et triglyphes, dans l’esprit de la décoration du colombier.

La famille de Moges qui posséda cette terre et à laquelle nous sommes redevable pour la plus grande part de la physionomie générale du château actuel, avait nous l’avons vu, des attaches avec la région rouennaise et c’est sans doute dans cette direction qu’il nous faut rechercher les sources d’inspiration de ces cheminées fréquemment rencontrées en Pays d’Auge sur d’autres demeures ayant appartenu à des magistrats ou à des officiers de cette ville.

L’extrémité Sud-Est et le pignon Est du logis ont conservé une maçonnerie de silex harpée de pierre qui doit remonter à une campagne se situant vraisemblablement au milieu du XVIIe siècle. Enfin, à la dernière grande campagne de transformations extérieures, se rattachent les deux façades classiques Nord et Sud.

Très dépouillées, elle présentent un avant-corps en très légère saillie et un appareillage de moyen appareil aux joints soulignés par un anglet. Ces façades, plaquées sur les constructions antérieurs sont d’une qualité très médiocre, insuffisamment assises, sans liaison en particulier avec le pignon Est et mal raccordée avec la tourelle.

Elles ont généralement été attribuées à Charles-Louis Le Bas , qui dit-on, sur la fin de sa vie, c’est-à-dire dans les années 1780-1785, aurait entrepris la reconstruction de son château de Préaux. Outre qu’il ne s’agit pas d’une reconstruction puisque l’on conservait le vieux noyau du la fin du XVe siècle, mais simplement d’un « rafistolage », la qualité des travaux et la stylistique de ces façades,  s’accordent mal pour une telle attribution. Les fenêtres aux linteaux droits, l’absence d’encadrements sur les fenêtres sont autant d’éléments qui nous rendent sceptique. Nous y verrions plutôt l’œuvre, un peu bâclée, d’un de Moges, occupant épisodique mais désireux cependant de mettre un peu au goût du jour le château familial.

Reste que toutes ces campagnes malgré leur disparité s’accordent bien et la patine du temps jointe à la magnificence de l’environnement font de Préaux l’une des belles demeures du Pays d’Auge.

[1] Voir entre autres GODESCART, Description des pèlerinages de Préaux, suivie de la vie de Saint-Sébastien et des hymnes de Saint-Sébastien et de la prose, dédiée aux pélerins qui font ce voyage , A Lisieux, Chez Hersan, Marchand d’images, faubourg Saint-Désir, 1850, in-32, 35 p.; Isabelle JOUAN , dir., Pays d’Auge – Un terroir, un patrimoine  – Guide des cantons de: Lisieux II, Saint-Pierre-sur-Dives, Livarot, Orbec , s.l.s.d. Pays d’Accueil Sud-Pays-­d’Auge ( 1989 ) , 110 x 210 , 81 p. 6 cartes h.t.; Jean LEVEQUE, Saint-Sé­bastien-de-Préaux, pèlerinage du Pays d’Auge , Illustrations du Commandant Richard Mouton, Bernay, Claudin, 1958, in-8°, 38 p.; Raymond GUIBLAIS, Pro­menades dans le canton d’Orbec-en-Auge (Calvados) , Rennes, Imprimerie Breton­ne, 1959, in-8°, pp. 38-42 ; la notice d’Arthème PANNIER dans la Statistique monumentale d’Arcisse de CAUMONT, t. V, pp. 747 sq.; les plaquettes de Vital PERROTTE, Notice historique et statistique sur la commune de Saint-Sébastien-­de-Préaux (Calvados) , s.l.s.d. ( fin XIXe siècle), in-8°, 24 p. et de de Jean LEVEQUE, Saint-Sébastien-de-Préaux, pèlerinage du Pays d’Auge , Illustra­tions du Commandant Richard Mouton, Bernay, Claudin, 1958; et la suite d’arti­cles d’Henri PELLERIN parus dans cette revue d’Août 1960 à Septembre 1962. Voir également : Jannie MAYER, Ministère de la Culture et de la Communica­tion Direction du Patrimoine. Catalogue des Plans et Dessins des Archives de la Commission des Monuments Historiques – Tome I, Basse-Normandie: Calvados, Manche et Orne. Introduction de Françoise Berce , Caen, Lafond, 1980, 167×250, VII, 367 p., ill. couv. ill.; qui signale un relevé de l’église.

[2] abbé Frédéric ALIX, Saint-Sébastien, sa vie, son culte, son pèlerinage. Pèlerinage de Préaux , orné de quatre planches hors texte. Deuxième édition , Caen, Chesnel, 1912, in-16, 21 p.; Georges LESAGE, « Retour d’un pèlerinage de Préaux à l’époque révolutionnaire », PA , 25, N° 2, Février 1975.
[3] On voit sur le claveau de la porte extérieure de la sacristie la date de 1680 tracée d’une manière malhabile. Quoique la corniche, lourde et molle, soit assez typique de cette époque, on peut se demander si les murs ne seraient pas plus anciens. La différence d’épaisseur des assises laisse cependant présumer, quoique la pierre paraisse identique, que ces murs ne sont pas contemporains des murs de la nef.
[4] Selon Henri PELLERIN, qui conteste la lecture de PANNIER, se trouve, un peu plus haut, une autre pièce de bois, sur laquelle  PERROTTE aurait lu: MAS . LOUIS GALOPIN . VICAIRE . DE CE LIEU .
[5] Entre autres une chaire avec inscription: IEAN LEFRONT TREZORIER A FAICT FERRE LA CHERRE EN L’AN 1669 .
[6] Vierge XVIIe siècle. et de saint Sébastien, XVIe siècle.
[7] Cloche de 1951 remplaçant une cloche fondue pendant la Révolution, par La Villette de Lisieux, demeurant alors à Saint-Martin-de-la-Lieue.
[8] Dont une Crucifixion de Gaspar de Crayer ( 1584-1669), offert par la famille Brègi, en 1917.
[9] D’après l’Histoire manuscrite de l’abbaye de Friardel , f° 15 r°. AD 14, fonds de l’abbaye de Friardel; cité par Henri PELLERIN, op. cit. , Novembre 1960, p. 14.
[10] id° , Histoire manuscrite de l’abbaye de Friardel, loc. cit. f° 28, r°.
[11] F° 32 v° et f° 39 r°.
[12] = AN P. 308, LXXIX
[13] LA CHESNAYE-DESBOIS, Dictionnaire de la noblesse , tome X, pp. 160-161, contient une généalogie assez complète de la famille de Moges.
[14] Histoire manuscrite de la famille Le Bas , par Pierre Le Verdier.
[15] Ibid.
[16] « Comptes tenus par Charles Le Bas , de Lisieux, pour l’expédition du navire La Société , capitaine Odièvre, parti d’Honfleur pour la Martinique. 1732-1733. Arch. SHL. Ms. Fonds anc. FK 350 .
[17] Sur le type de couronnement habituel des colombiers de cette époque, voir celui du château d’O reproduit dans Philippe DETERVILLE, « Elégant et racé: le château d’O », Maisons normandes , N° 19, Octobre-Novembre 1993, p. 29, qui présente la même ordonnance de pilastres et de frise.
[18] Sur l’édification des ces colombiers nous renvoyons à notre travail Michel COTTIN, Colombiers de Normandie dans Histoire et tradition populaires – Foyer rural du Billot. Catalogue de l’exposition : L’élevage en Pays d’Auge , N° 25, Mars 1989, pp. 73-76.

Voir le site: j.y.merienne.pagesperso Villes et villages du Calvados

OUVILLE la BIEN TOURNEE



NOTES sur OUVILLE-la-BIEN-TOURNEE – 14489

Ouville la Bien Tournée – Vicaria de Ouvilla – Ulwilla – Olvilla.

  • Le fief d’Ouville, Adrien de Brucourt, escuyer.
  • Le fief d’Ouville, François d’Ouville, escuyer.
  • Le fief d’Ouville, les héritiers (sic) de Jacques d’Ouville.
  • Le fief led. sieur des Ostieux (Le Prévost).
  • Le fief les abbés et relligieux de Sainte-Barbe.

1 – Bibliographie.
2 – Pièces Justificatives.
3 – Archives ShL.

1 – Bibliographie:

Voir :
Annuaire Normand 1853 p.44 et 1866 p.518.
Histoire de St Pierre sur Dive par l’Abbé Denis p.173 – 181 – 183.
L’EXPLOITATION ANCIENNE DES ROCHES DANS LE CALVADOS : HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE. Serv. dep. d’Archéologie 1999. page 166.

MANEUVRIER Christophe : La ferme de la Croix … OUVILLE LA BIENTOURNEE, une exceptionnelle construction rurale du XIIIe siècle. Bull.du Foyer rural du Billot, décembre 1996, n°56

VASSEUR Charles : l’église d’OUVILLE LA BIEN TOURNEE.Bull. du Foyer rural du Billot, Décembre 1996, n° 56.

FOURNIER Dominique : Toponymie d’Ouville la bien Tournée
Bulletin du Foyer rural du Billot n°57 Mars 1997

BULLETIN du FOYER RURAL du BILLOT n°59 Sept. 1997 – Petite chronique judiciaire année 1897.

DORANLO Dr R., « Note sur des sarcophages découverts en novembre 1921,… Percy-en-Auge », BSAN, XXXV, 1925; et t. … p.

Voir le site: j.y.merienne.pagesperso Villes et villages du Calvados

2 – Pièces Justificatives:

Insinuations

Un cahier comprenant le relevé au crayon de l’inscription de la cloche.

Description de l’église datée du 5 novembre 1857

Ouville est une localité ancienne possédée à l’origine par des familles riches et puissantes. Aux XIIe et XIIIe siècle, on voit figurer parmi les donataires du Prieuré de Ste Barbe :
Etienne d’Ouville,
Guillaume d’Ouville,
Foulques d’Ouville,
Hélie d’Ouville.
Ouville passa plus tard dans la Maison de Hottot florissante au XIIe et qui portait à la fasce d’argent accompagnée de quatre aiglettes de sable.
En 1463, Montfaut trouva noble à Ouville : Jean de Bailleul.
Au XVIIIe siècle, la terre d’Ouville fut portée à Antoine Louis Camille d’Orglandes, comte de Briouze par Marie Hélène Gautier de Montreuil, qualifiée Dame de Montreuil, Ouville, Doux marais, Beaumais, Bernières etc … fille de Jacques François seigneur de Montreuil et de feue Françoise Gabrielle Geneviève le Verrier, dame de Trezesants, le Désert, Ouville, Doux Marais, Hauteville etc…
d’Orglandes porte d’hermines à six losanges de gueules, une tête de levrette en cimier – supports deux griffons au deux anges. Devise : Candore et Ardore
La Dame d’Orglandes mourut en 1766.

L’église d’Ouville et toutes ses dépendances, donnée à Ste Barbe par Guillaume d’Ouville au commencement du XIIe siècle.
Etienne d’Ouville confirme la donation faite à Ste Barbe par Guillaume, son père, du patronage de Notre Dame d’Ouville.
Foulques d’Ouville, fils de Hélie d’Ouville donne à Ste Barbe diverses terres à Ouville.

Robert d’Ouville, sieur d’Ouville régent au conseil,
Jacques le Maignen régent au conseil,
Gabrielle Lemoulinet, veuve d’Augustin Lemouton et Joseph le Mouton, sieur de Morcent, son fils, régent au conseil,
Thomas le Maignen, sieur de St Clément, régent au conseil.

Relevé d’une inscription

Ouville la Bien Tournée
Robert de Douville, seigneur d’Ouville
Jacques le Maignen
Gabrielle Lemoulinnet veuve de Augustin Lemouton
Joseph le Mouton, sieur de Morcent son fils
Thomas le Maignen, sieur de St Clément

Origines et Familles d’Ouville
Etienne d’Ouville
Guillaume d’Ouville
Foulque d’Ouville
Hélis d’Ouville

Maison de Hottot et ses armoiries

STATISTIQUE MONUMENTALE DU CALVADOS PAR ARCISSE DE CAUMONT

Ouville-la-bien-Tournée, Ouvilla, Olvilla, Ulvilla.
En suivant,à partir de Vieux-Pont, la rive droite de la rivière d’Oudon jusqu’au confluent de cette rivière avec la Dive, on arrive sur le territoire d’Ouville-la-bien-Tounée ainsi appelée, dit-on, parce qu’elle n’est pas parfaitement
orientée. Effectivement, le coteau qui borde, à l’est, la rive droite de la Dive, là où se trouve l’église, présente une pente rapide qui a fait dévier de l’orientation normale.
De là la dénomination de la bien tournée. D’autres pensent que la dénomination la bien tournée fait allusion à l’élégance et à la beauté de l’oeuvre.
Quoi qu’il en soit, celle église, assez vaste, dans laquelle le style le ogival primitif porte encore les moulures caractéristiques de l’architecture romane qui l’avait précédé, est une des plus belles et des plus intéressantes du canton. Une vue générale, dessinée du côté du sud-est par M. Pépin. On voit qu’elle est déforme rectangulaire et qu’au centre, entre choeur et nef, s’élève une tour massive rappelant celle d’Airan (canton de Bourguébus), et quelques autres.
Le chevet est ajouré par deux fenêtres-lancettes très élégantes surmontées d’un oculus; les fenêtres latérales du choeur sont de même forme, accolées deux à deux dans chaque travée et ont la tête ornée de zig-zag légers.
Une porte ogivale aujourd’hui bouchée s’ouvrait, du côté du sud, dans la première travée du choeur. Le bandeau de cette porte est couvert d’étoiles et porte à son centre un écusson sans armoiries. Les archivoltes sont finement sculptées et ornées de cannelures, sur lesquelles se détachent des fleurons -et des zig-zag. J’ai figuré cette jolie porte dans le t.X du Bulletin monumental.
En 1842, j’avais déterminé M. Target, préfet du Calvados, à accorder à l’église d’Ouville 500 francs sur les 2,000 francs votés annuellement par le Conseil général, pour aider à l’entretien des églises monumentales du département
(V. mon Rapport à ce préfet, dans le 1. VIII du Bulletin monumental, p. 464).
Alors on voyait des dislocations considérables provenant de la poussée des voûtes ou de la charpente ; elles s’étaient manifestées il y avait, disait-on, plus de quatre-vingts ans, et on y avait porté remède au moyen d’un tirant en fer qui s’attachait à une poutre traversière et reliait l’un à l’autre les deux murs latéraux. Ce moyen , tout en modérant les progrès du mal, n’avait pu y remédier entièrement, et l’écartement avait fait des progrès considérables.
Mais ce n’est pas là que je priais Mr.Target de faire employer les 500 fr. accordés : « Cette somme, disais-je dans mon Rapport, suffira à peine au rempiétement des murs et des contreforts. Un maçon intelligent peut faire convenablement ces rempiétements; il suffira de surveiller l’emploi de la somme, de peur qu’elle ne soit employée à décorer l’intérieur de l’église; car c’est là que toutes les ressources de la paroisse paraissent avoir reçu jusqu’ici leur application.
Je ne suis pas retourné à Ouville, je sais seulement que les 500 fr. accordés sur ma demande ont été employés en travaux utiles. Le pourtour de l’édifice a été dégagé des terres qui s’y étaient amoncelées; niais il reste toujours des réparations urgentes à exécuter.
Les rempiétements n’ont pas encore été faits, et les dislocations du choeur sont toujours affligeantes. La restauration ne devrait être entreprise que par un architecte habile ; elle entraînerait des dépenses assez considérables : aucune église, du reste, n’est plus digne d’intérêt et ne mérite mieux les sacrifices d’argent qui pourraient être faits par l’Administration.
Une charmante garniture de feuilles entablées supporte la corniche et décore l’entablement du choeur : on voit sortir de ces feuillages des têtes d’hommes et d’animaux sculptées avec beaucoup de délicatesse; j’en ai fait mouler quelques
parties.
La nef est moins ornée que le choeur (Voir la planche). Pourtant elle montre aussi de belles fenêtres, disposées deux à deux dans chaque travée. La porte occidentale a été refaite.
Trois fenêtres en lancettes : celle du milieu, plus élevée que les deux autres, occupe la façade au-dessus de cette porte.
La disposition binaire des belles fenêtres en lancettes de la nef et du choeur mérite une mention spéciale : on ne la rencontre pas ordinairement. Or, en voyant l’élégance et l’élévation de cette remarquable église, on se demande quels motifs ont pu déterminer à élever une pareille construction dans une paroisse qui n’est pas plus peuplée que bien d’autres.
Je ne connais pas d’église du XIIIe siècle aussi élégante que belle d’Ouville, dans la contrée et même assez loin à la ronde.
La cloche d’Ouville porte une inscription en lettres gothiques qui commence ainsi :
L’an mil Ve VIII (1508) je fus faicte pour Nostre-Dame d’Ouville.
Le reste de l’inscription n’a pu être complètement déchiffré.
L’église d’Ouville est sous l’invocation de Notre-Dame. Le prieur de Ste-Barbe nommait à la cure.

Fermes de la Croix et de Brucourt.
-Sur la rive opposée de la Dive (rive gauche), la ferme de la Croix montre un bâtiment bien construit avec deux ouvertures en ogive, qui paraît avoir été une grange dîmière.
J’ai pensé que cette ferme qui, aujourd’hui, appartient M. le marquis d’Eyragues, avait pu appartenir à l’abbaye de Ste-Barbe, patronne d’Ouville, ou à une autre maison religieuse: c’est ce que je me propose d’éclaircir. La porte principale de la ferme de la Croix paraît du temps de Louis XIII.
M. d’Eyragues possède aussi, sur la rive droite de la Dive, la ferme de Brucourt qui doit être un ancien fief.

3 – Archives ShL:

Carnets de Charles VASSEUR –
DOYENNE DE MONTREUIL.

Election de Falaise, sergenterie de St Pierre dus Dive
78 feux.

Sous l’invocation de Notre Dame

Patronage:
XIVe, XVIe et XVIIIe : Prior de S. Barbara
Curés:
Massuë 1764
Hubert 1771/1787.

1 – EGLISE

Michel COTTIN.
 
Arcisse de Caumont, très impressionné par la qualité architecture de l’église d’Ouville la Bien-Tournée, nous a en a laissé une fort bonne description à laquelle il est toujours utile de se reporter et que je me contenterai de vous conseiller de lire…..
&nbhsp;
HISTORIQUE
 
On peut cependant y ajouter quelques remarques complémentaires et en premier lieu, comme lui, s’étonner de la richesse d’un tel monument dans une paroisse au demeurant de peu d’importance si l’on s’en rapporte au montant des décimes versés à l’évêque au milieu du XIVe siècle [1] 16 sous, ce qui la place parmi les quatre paroisses les moins imposées du doyenné de Mesnil-Mauger. Mais s’agit-il d’un bon critère ? Certes elle se trouve au même rang que la petite paroisse du Tilleul, mais aussi en compagnie de Saint-Julien-le-Faucon, chef-lieu de baronnie, Mesnil-Mauger, siège théorique du doyen.
 
Au XIIe  siècle, il s’agit d’un patronage laïque qui appartient à une famille portant le nom de la paroisse. A une date indéterminée, sans doute vers la fin du siècle, nous apprenons que Guillaume d’Ouville à fait don au prieuré de Sainte-Barbe du droit de présentation. Quelques années plus tard, un membre de la même famille, Foulques d’Ouville, fils de Hélie d’Ouville, accroit le patrimoine du prieuré dans cette paroisse.
 
L’édification s’inscrit donc dans un contexte de prospérité économique pour le prieuré où les dons affluent et à l’époque du rattachement du duché au royaume de France et qui est une période de calme [2].

Dans son inventaire des Archives communales, Georges BESNIER [3] signalait la découverte dans un des murs de l’église à l’occasion de travaux, d’une cédule d’indulgence pour la réédification de l’église abbatiale de l’abbaye de Cordillon à Lingèvres, datée des années 1261-1264.
 
DESCRIPTION
 
Au delà des remarques toujours pertinentes de de CAUMONT, il nous faut apporter une grande attention à son appareillage. Nous avons eu l’occasion de souligner la présence dans cette région de quelques petites églises, telle celle toute proche de Sainte-Marie-aux-Anglais, offrant des similitudes quant à l’emploi de blocs de pierre à grain fin, de moyen appareil,  aux arêtes franches et à la taille très soignée. La construction de ce monument dut s’étaler sur quelques décennies ainsi qu’en témoignent à la fois des différences dans le format de ses pierres que la modification du parti architectural.
 
Le mur du chœur, comme à Sainte-Marie, comporte au deux tiers de sa hauteur un cordon mouluré sur lequel reposent les baies en lancettes. Le mur sud-Ouest est raidi d’un contrefort plat sur lequel s’appuie un autre contrefort à ressaut terminé en bâtière.
 
La porte d’accès au chœur, percée dans ce mur, bouchée à l’époque de de CAUMONT, présente une décoration mêlant à la fois des motifs empruntés au vocabulaire roman: étoiles et bâtons brisés et au gothique naissant: marguerites, tores dégagés de cavets, sourcil terminé par des têtes dans l’esprit de celle sculptées sur les piles du narthex de la cathédrale saint-Pierre.. La conjonction de ces éléments permet donc bien de situer ce monument dans le dernier quart de XIIe siècle mais plus vraisemblablement aux premières années du XIIIe . Certes il cet emploi de bâtons brisés peut paraître archaïque, mais on le retrouve sur la porte Nord de l’abbatiale de saint-Pierre, associée avec des chapiteaux typiques de la seconde moitié du XIIIe siècle.
 
Quant à la corniche, qui couronne le mur gouttereau de ce côté, elle nous paraît se rattacher à un mode décoratif courant à l’extrême fin du XIIe dans la décoration intérieure de monuments où nous retrouvons, comme à Saint-Pierre-de-Lisieux ces petites têtes sortant des feuillages.
 
La construction du chœur et du clocher sont plus tardives et ne doivent pas remonter au delà du milieu du XIIIe siècle. On peut s’interroger également sur la présence dans le murs sud d’une grande baie bouchée. S’agit-il d’un projet de collatéral comme on en trouve également la trace à Saint-Hymer ? Seule une fouille pourrait nous renseigner avec certitude sur ce point.
 
De telles constructions doivent être étudiées par comparaison avec les grands monuments qui leur sont contemporains et, parmi les premiers, il nous faut classer la cathédrale de Lisieux [4], l’abbatiale de Saint-Pierre-sur-­Dives [5] et les abbayes caennaises, tout en faisant l’impasse sur les grands monuments monastiques totalement disparus: Sainte-Barbe-en-Auge [6] , Saint-Désir-de-Lisieux [7], Troarn, Le Val-Richer, Fontenay, Barbery, etc. qui n’ont pu être sans influencer ces petites oeuvres rurales aussi.
 
Nous trouvons donc des oeuvres variées, parfois très curieuses, mais mal répertoriées à ce jour car se rattachant à de multiples types et sous-types. Contemporaines les unes des autres, pour la plupart, elles accusent de notables différences révélatrices d’ateliers distincts, les uns oeuvrant sous la direction de l’évêque ou des abbés, les autres, sans doute itinérants travaillant à la commande dans une zone comprise d’Ouest en Est, entre le Bessin et les avant-buttes d’Auge; et du Nord au Sud, de la Manche, au Sud de la Plaine de Caen.
 
Notre connaissance de la gestion de ces petits chantiers dus à des patrons, généralement laïques [8], est inexistante. Les seuls documents dont nous disposions concernant les grands chantiers ecclésiastiques [9]. La lettre d’Haimon nous montre dans le détail la gestion d’un chantier de construction depuis l’extraction de la pierre jusqu’à sa mise en place. Et s’il n’était pas fréquent de pouvoir mobiliser de grandes foules de bénévoles pour la construction d’une basilique lieu de pèlerinage, rien n’interdit de penser que, l’émulation aidant, des groupes de paroissiens ne se soient mobilisés pour amener les matériaux à pied d’oeuvre.
 
A notre avis, si l’influence lexovienne n’est nullement avérée et peu vraisemblable au delà de la Dives, les liens entre ces deux églises rurales et l’œuvre de Saint-Pierre-de-Lisieux sont peut-être plus évidents.
 
Les constructeurs – ici Arnoult, là Haimon – des grands monuments étaient entourés sans doute d’une « loge » et rien ne s’oppose à ce que celles-ci aient participé à des petites oeuvres. Tout au plus, la comparaison par Georges HUARD des bases de Lisieux au boudin aplati avec celles de Saint-Pierre-sur-Dives au boudin épais, fort proches de celles de Sainte-Marie, laisse à supposer sur ce point à Sainte-Marie aux-)Anglais, une influence plus pétruvienne que lexovienne.
 
En l’absence d’une recherche d’ensemble [10], on peut proposer l’hypothèse de l’existence d’un certain nombre de courants qui parfois s’interpénètrent :
 
– Type à clochers à pyramides de pierre et hautes baies, simples ou géminées (Cuverville, Demouville,  Norrey-en-Bessin, Rouvres, Saint-Sylvain, Fierville, Condé-sur-Laison, Mézières)[11].
 
– Type à décoration d’arcatures [12] extérieures (Putot-en-Auge, Cintheaux, Moult, Ouézy, Ouville-­la-Bien-Tournée, Saint-Laurent-de-Condel, etc.)
 
– Type à clocher-porche ou sans clocher de pierre: Cabourg, Lieury, Mittois, Sainte-Marie-aux-Anglais, Valsemé, Branville, Grainville-la-Campagne, etc.
 
L’église de Sainte-Marie-aux-Anglais se rattache à ce dernier type, dont la décoration fort discrète, mais révélatrice de la transition de l’architecture romane à l’architecture gothique, est parfois d’ailleurs classée avec les premières. Parfois, mais ce n’est pas la règle, ces églises possèdent un chœur voûté sur croisée d’ogives et n’offrent aucune décoration d’arcatures, conservant la tradition pré-romane des petites fenêtres en meurtrières.

[1] Auguste LONGNON , Pouiillés de la province de Rouen , Paris, 1903, p. 257 c . FIN NOTEB,

[2] Sur les liens entre le prieuré et l’église d’Ouville, voir René-Norbert SAUVAGE .- Archives départementales du Calvados. Répertoire numé­rique de la série D (Université de Caen (fin), Prieuré de Sainte-Barbe-en-­Auge , Collège des Jésuites de Caen, de Beaumont-en-Auge, etc. Académie des belles–lettres de Caen ) , Caen, Bigot, 1942, In-4°, 52 p.; 2D 138, 139, 140..

[3] Georges BESNIER .- Répertoire sommaire des documents antérieurs à 1800 con­servés dans les archives communales, département du Calvados , Caen, Delesques, 1912, In-8°, XCIX-657 p.; p. 460.

[4] Voir entre autres l’étude Alain ERLANDE-­BRANDEBOURG .- « La cathédrale de Lisieux, les campagnes de construction », CAF , 135, 1974.

[5] Outre la notice de Arcisse de CAUMONT dans sa Statistique monumentale , voir : Elisabeth GAUTIER-DESVAUX –  » Saint-Pierre-sur-Dives « , CAF , 132, 1974, pp. 188-214.

[6] Sur cette église dont la trace se lit très nettement sur les photographies aériennes, voir les travaux en cours de M. FOUQUES.

[7] Voir les travaux de Georges-Abel SIMON et de François COTTIN .- « L’abbaye bénédictine de Notre-Dame-du-Pré-lès-Lisieux d’après les dernières fouilles » BSHLx., 1930-1940, pp. 16-26; et t. à p.: Caen, Ozanne, s.d., 11 p., 1 pl. h.t.

[8] L’ouvrage de Bernard BECK Bernard .- Quand les Normands bâtissaient leurs églises , 15 siècles de vie des hommes, d’histoire et d’architecture religieuse dans la Manche , Coutances, OCEP , 1981 , 185 x 230 , 204 p. ill. couv. ill. , comme son titre l’indique concerne surtout la Manche et les mentions de constructions par des patrons laïques ne remontent pas au delà du XVe siècle.

[9] Sur la cathédrale de Lisieux, voir les documents analysés par George HUARD .- La cathédrale de Lisieux aux XIe ey XIIe siècles in Etudes lexoviennes , II, 1919, pp. 1-36.; sur l’abbatiale de Saint-Pierre-sur-Di­ve, voir les différentes éditions de la lettre d’Haimon et la traduction de l’abbé J. DENIS .- L’église de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives en 1148. Lettre de l’abbé Haimon sur les circonstances merveilleuses qui ont accompagné la construction de cet édifice, précédée d’une notice historique sur l’abbaye , Caen, Chénel, 1867, plan.

[10] Il serait intéressant de cartographier ces divers types de constructions et de rechercher leurs liens avec les grands établissements monastiques de la région: Saint-Pierre-sur-Di­ves, Sainte-Barbe-en-Auge, Troarn, Barbery, Saint-Martin-de-Fontenay et les abbayes caennaises.F

[11] Les travaux de E. LEFEVRE-PONTALIS sur « Les clochers du Calvados » , CAF, 1908, pp. 652-684, ill. – ont été repris par Denise JALABERT .- Clochers de France , Paris, Picard, 1968, ix-101 p. mais certaines de ses analyses ne doivent être acceptées qu’avec la plus extrême réserve..

[12] Cf. Pierre HELIOT .- « Les arcatures décoratives sur les murs des églises romanes en Normandie et leur influence », Annales de Normandie , XVII , 3-1967, pp. 187-222.