BROUAINS (Orne).
Michel COTTIN – 1992.
A.- HISTORIQUE
Il semblerait que le Manoir du Logis ait été le siège du huitième de fief de Brouains-Juvigny, assis en la paroisse de Brouains. La première mention relevée figure dans la déclaration des Parties de fiefs nobles et autres tènements nobles tenus du Roy nostre sire en lad. vicomté de Mortaing baillés en assiette… » à Pierre de Navarre, troisième fils de Charles-le-Mauvais, par Charles VI, en 1401-1402. Ce fief situé dans la sergenterie Roussel donnait à son possesseur le titre de patron et de présentateur à l’église[1] de Brouains. Il était alors tenu par Guillaume du Mesniladelée[2]
En 1463, lors de sa « Recherche », Montfaut fait figurer « Guillaume du Mesnil-Adelée et Richard du Mesnil son fils ».[3] Pierre parmi les nobles.
Guy Chamillart mentionne dans sa recherche Guy CHAMILLART ( Généralité de Caen. Recherche de la noblesse. Faite par ordre du Roi (Louis XIV ) en 1666 et années suivantes par Guy CHAMILLART, publiée intégralement et pour la première fois d’après plusieurs copies manuscrites anciennes par un Membre de la Société des Antiquaires de Normandie[4] y trouva nobles Jean et Richard du Mesnil-Adelée, Ecuyers, frères, sieurs de Brouains et de saint Maur, ledit Richard demeurant paroisse de Brouains, sergenterie Rouxel, élection de Mortain, et ledit Jean, paroisse de Saint-Maur-des-Bois, sergenterie de Saint-Sever, élection de Vire »
Richard Ier
Richard II
Gilles
Richard III
Jean
Richard Ier épousa Delle Catherine Le Prévost, en 1509.
Gilles , Delle Suzanne de Vauborel, en 1598,
Richard III, Delle Avice de Balleroy, en 1623,
Jean, Delle Gabrielle de La Magnennerie , en 1651.
Ce Richard Ier cité par Chamillard paraît bien être le même que celui de Montfaut et nous aurions ainsi une succession de possession qui s’étendrait sur près de deux siècles et pourrait englober les travaux du manoir d’origine tel qu’ils peuvent être isolés par leurs caractères stylistiques.
Au XVIIIe siècle, Brouains était l’une des petites paroisses de l’élection de Mortain et selon MASSEVILLE comptait 54 feux ou 59 selon EXPILLY.[5] (
B.- DESCRIPTION
Le Manoir se présente en contrebas de l’église à proximité d’un ruisseau.
Ce long bâtiment à un étage et comble offre un plan rectangulaire très simple. cantonné en arrière d’une tourelle contenant l’escalier. La façade Sud a été presque entièrement remaniée à la fin du XVIIIe siècle – le chronogramme sculpté sur le linteau de la porte centrale porte la date de 1776 ou 1796 (?) – une fenêtre à chanfreins et culots d’inspiration gothique a conservé ses piédroit, mais, transformée en passage, elle a perdu son allège tandis que les autres baies après avoir été surbaissées ont été réduites vraisemblablement au milieu du XIXe siècle. La façade Nord a conservé sur les deux tiers du premier niveau un appareillage régulier constitué d’arases alternées de moellons de granite – trois ou quatre lits – et de schiste ardoisier en plaquette mince. Au delà, les assises sont moins régulières et l’on peut compter entre cinq et sept lits de moellons entre les arases de schiste.
A l’extérieur subsistent çà et là de nombreux témoins de la construction d’origine et ses remaniements sont relativement faciles à discerner. A l’intérieur qui a été très bouleversé, l’on trouve quelques cheminées , dont deux – des XVe ou XVIe siècle – sont particulièrement intéressantes.
Des grandes transformations du XVIIIe siècle doit subsister un ensemble de terrasses.
Michel COTTIN
Président de la Société historique de Lisieux.
Membre de la Commission Régionale des Monuments et Sites de Basse-Normandie.
Membre de la Commission Départementale des Antiquités et Objets d’Art du Calvados.
Juin 1992
[1] Auguste LONGNON .- Pouillés de la province de Rouen , Paris, Imprimerie nationale, 1903, p. 157 relève qu’en 1412, cette paroisse du doyenné de Mortain n’était pas taxée et que le seigneur du lieu en était le patron.)
[2] H SAUVAGE .- Recherches sur l’arrondissement de Mortain , 1851 ; réédit. Gérard Montfort, s.l.s.d. (Ligugé, 1983), p. 206 et 218.
[3] -Elie-Marie LABBEY de LA ROQUE .- Recherche de Montfaut , Caen, Poisson, 1818, p. 68. Sur cette enquête, voir la note de Jacques de LA BROUSSE .- Une charte des francs-fiefs au XVe siècle. La charte du 22 octobre 1471 octroyée par Louis XI, roi de France, en maintenue de noblesse à Thomas Tesson, écuyer, seigneur de la Guérinière en Saint-Médard-de-Celland, vicomte de Mortain, bailliage de Cotentin in Mélanges – Documents (publiés par la Société de l’Histoire de Normandie), 16e série, 1958, pp. 9-33
[4] . A. du BUISSON de COURSON) , Caen, Delesques, 3 vol., 1887-1889, In-8°, XIII-877, p. 197.)
[5] H. SAUVAGE .- op. cit. p. 254..